Bouleversant de sincérité, le livre choc de l’auteure américaine Chanel Miller n’a pas fini de faire parler de lui, et c’est tant mieux. Victime d’un viol, la jeune femme se raconte et se soigne dans ce témoignage essentiel.
J’ai un nom. Un titre comme une déclaration, comme l’assertion d’une identité bien réelle, presque plus réelle que les autres tant elle a lutté pour exister. Ce nom, Chanel Miller, est celui d’une jeune femme qui, le 17 janvier 2015, participe à une fête sur le campus de Stanford en compagnie de sa petite sœur. Quelques heures plus tard, elle se réveille dans une chambre d’hôpital où on lui explique qu’elle a sans doute été violée, ce que de pénibles examens confirment. Son agresseur présumé, Brock Turner, est un athlète prometteur soutenu par ses parents et dont la ligne de défense ne variera pas : la victime était consentante. Devant les preuves accablantes, il est pourtant reconnu coupable mais, au nom de « conséquences collatérales négatives », uniquement condamné à six mois de prison. Lors du verdict, Chanel, jusque-là sidérée et mutique, lit une déclaration qui restera dans les mémoires et contribuera à faire changer la loi californienne.
Ce parcours – aussi personnel que politique – se reconstruit au fil des pages bouleversantes du récit qui paraît enfin dans sa traduction française au cherche midi. Anne Le Bot se saisit du texte américain pour le livrer, fidèle, à un lectorat qui sera sans aucun doute sensible à ce témoignage brutal et nécessaire. Il y a, dans les mots de Chanel Miller, un courage infini, une liberté admirable à se livrer sans honte, enfin, après tous ses moments d’extrême solitude, de terrible repli sur elle-même. Et puis, dans toute la force de l’intime s’exprime aussi une mise en accusation d’un système pénal complètement dysfonctionnel. Les rouages judiciaires apparaissent dans leur absurde cruauté et disent la puissance du système patriarcal. Dans son honnêteté nue, dans les détails qui disent le traumatisme, Chanel Miller signe un ouvrage qui ouvre les yeux et fait avancer la parole dans cette ère post-#metoo où tant de voix ont encore besoin de s’élever.
J’ai un nom. Un titre comme une déclaration, comme l’assertion d’une identité bien réelle, presque plus réelle que les autres tant elle a lutté pour exister. Bouleversant de sincérité, le livre événement de l’auteure américaine Chanel Miller raconte l’éreintante -mais libératrice – période qui a suivi le viol dont celle-ci a été victime sur un campus en 2015. Entretien avec une voix qui ne s’en tiendra plus jamais au silence.