Julie Bernier : "La permaculture s'applique au jardin et dans la vie de tous les jours"

Après l’aventure Zéro déchet, Julie Bernier décide en 2019 de quitter Paris pour les Landes. Adieu bitume, bonjour permaculture ! Mais la permaculture, c’est quoi exactement ? Cette culture maraîchère respectueuse de l’environnement est décrite ainsi sur le blog de jardinage du site Le Monde : "La permaculture est une véritable éthique ou philosophie basée sur la prise en compte de la nature, de l'Être humain et du partage équitable au sein de la société. (…) Le 'design' joue un rôle important car si chaque élément est à la bonne place, on limite les gaspillages et les pertes d'énergie". Une véritable philosophie du vivant que la jeune autrice partage aujourd’hui dans son livre.  Comprendre et maîtriser l’art de la permaculture n’a jamais été aussi simple. 

Vous avez commencé votre aventure avec le zéro déchet lorsque vous viviez à Paris, et puis vous avez décidé de complètement changer de vie. Est-ce que la transition fut naturelle ? Difficile ? 

Un peu des deux, à la fois naturelle et difficile. Je pensais être arrivée au bout de ce que je devais vivre à Paris, mais arriver dans un lieu où on a peu d'amis et pas de famille n'est jamais évident. Cela m'a pris quelques semaines, mais dès que j'ai commencé à m'intéresser sincèrement aux acteurs et associations locales, tout s'est accéléré. En termes d'écologie, passer de la ville à la campagne change du tout au tout. Plus de transports en commun pour m'emmener facilement partout, je suis passée à la voiture, un coup dur dans mon esprit jusqu'au-bout-iste. Plus de magasins bio et en vrac au coin de la rue, j'ai découvert la joie des marchés. J'ai aussi dû changer ma manière de militer. Adieu les marches pour le climat et actions collectives, bonjour soutien aux luttes locales et créations d'espaces de résilience ! J'ai aussi pu avoir un jardin, et cultiver une partie de ma nourriture, ce que je n'aurais pas pu faire en ville. Les deux nous permettent d'être acteurs du monde dont on rêve, il faut simplement s'adapter à la situation.    

Vous êtes déjà très active dans le domaine du « zéro déchet », qu’est-ce qui vous a donné envie de vous mettre à la permaculture ? 

Le Zéro Déchet nous invite à protéger une Terre avec laquelle on a pour la plupart perdu connexion. En ville, en vivant entre tous ces géants de béton, j'avais l'impression de manquer d'air et de ne plus savoir pourquoi je m'engageais. Commencer à planter quelques jardinières, voir la vitesse avec laquelle insectes et oiseaux apprivoisent ces nouveaux coins de verdure, m'émerveiller sur ces petites graines grandissaient tous les jours, tout cela m'a permis de retrouver le sens de mon engagement, et la valeur du vivant.  

Pourriez-vous expliquer en quelque mots ce qu’est la permaculture ? 

La permaculture est une philosophie. Une manière de vivre qui nous invite à prendre soin de la terre (zéro déchet, minimalisme, cultures saines et régénération des sols) et de l'humain (communication non violente, sociocratie...), en nous régulant nous-même sur la manière dont nous utilisons les ressources (surconsommation, surpopulation, surexploitation des ressources menant à leur épuisement). Elle s'applique au jardin, mais aussi dans la vie de tous les jours. Au jardin, notre meilleur professeur, ce sont les forêts, les milieux le plus productifs, abondants et durables au monde. Elles nous inspirent entre autres à associer les plantes, diversifier les espèces, accueillir une grande biodiversité, couvrir les sols, ne pas utiliser de pesticides ou autres intrants chimiques, car la nature nous offre déjà tout ce dont nous avons besoin... 

Si vous deviez retenir 3 résultats positifs de votre expérience avec la permaculture, lesquels seraient-ils ? 

D'abord, une plus grande sérénité. Dès que je sens la tempête arriver dans mon esprit, c'est toujours au jardin que je trouve mon accalmie. Le bruit des oiseaux, le silence des plantes qui grandissent doucement mais sûrement, l'émerveillement des premiers fruits...c'est une véritable thérapie de l'âme.  

La deuxième chose, c'est qu'une fois que je me suis mise à cultiver, j'ai vu de très nombreux projets se créer dans mon entourage. Parfois, il suffit que quelqu'un ouvre la voie pour que d'autres y trouvent l'énergie nécessaire pour se lancer ! Cela permet aussi de créer de précieux réseaux d'entraide.  

Un dernier résultat positif, c'est définitivement les connaissances que j'ai développées, une meilleure connaissance du monde qui nous entoure, des sols, des cycles naturels et de la biodiversité. J'ai compris l'importance du vivant, de la faune sauvage à l'infiniment petit, tout a de l'importance pour l'équilibre du monde et il est de notre devoir de les préserver.  

Après la sortie de votre livre Permaculture, avez-vous d’autres projets qui vous attendent ? 

Je me lance dans l'auto-construction d'une tiny house, la plus sobre et autonome possible ! C'était un rêve depuis longtemps, je suis comblée de pouvoir le réaliser.  

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