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À l’horizon de la rentrée 2022, la célèbre collection « Poètes d’aujourd’hui » fait peau neuve. Onze titres, parmi les plus emblématiques du catalogue, sont désormais disponibles au format numérique.
Précurseur du livre de poche, la collection « Poètes d’aujourd’hui » a été fondée en 1944 par Pierre Seghers, avec pour vocation de rendre l’œuvre des poètes accessible au plus grand nombre. Chaque volume de la collection se compose de deux parties : une monographie généralement signée par un alter ego du poète, suivie d’une anthologie de textes. En 2022, les Éditions Seghers, désireuses de faire revivre cette collection patrimoniale, proposent onze ouvrages consacrés aux grands poètes français.
Retrouvez dès à présent les versions numériques de ces titres :
Charles Baudelaire
« Ma seule ambition, avertit l’auteur, aura été de présenter aux lecteurs les moins avertis le Baudelaire que j’ai lu et que j’aime. »
C’est donc à une « opération à cœur ouvert » que le lecteur est convié, au terme de laquelle il est amené à constater comment une victoire esthétique a pu être remportée sur une destinée humaine, comment la poésie la plus haute a pu naître, et avec quelle force novatrice, de ce qu’il faut bien considérer comme l’échec d’une vie.
Guillaume Apollinaire
Poète assassiné, éditeur d’ouvrages érotiques, flâneur des deux-rives, du pont Mirabeau à Saint-Germain-des-Prés, découvreur de peintres nouveaux, Guillaume Apollinaire demeure l’enchanteur de la poésie moderne, l’explorateur de « ces vastes et étranges domaines où le mystère en fleurs s’offre à qui veut le cueillir ».
Pour Daniel Oster, le poète a cumulé les contradictions : être quelqu’un en n’étant personne, par exemple, ou un «terrible novateur» en restant très attaché au passé. D’où sa singularité, qui tient à l’invention d’une voix mélangée et d’un langage polyvoque, reflet de l’époque charnière qui fut la sienne, et qui s’est caractérisée par une fracture de l’humanisme dominant jusqu’alors. Apollinaire a voulu mettre fin, dit Daniel Oster, à la poétique chambrée, au lustre métaphysique et remplacer le coin du feu par la cheminée d’usine.
Arthur Rimbaud
Les éditions se succèdent, les gloses et commentaires sont innombrables : Rimbaud n’est pas prêt de connaître une traversée du désert… Mais que nous disent ses poèmes fulgurants ? « J’ai la seule clef de cette parade sauvage », avait-il lui-même répondu par avance. Toute approche, dès lors, est personnelle.
C’est le parti retenu, en tout cas, par Lionel Ray, qui résume ainsi sa méthode : « Je suis seulement à la recherche de ce que vaut pour moi la poésie, de ce qui fait pour moi la singularité d’une écriture ».
René Guy Cadou
C’est en poussant la porte d’une librairie-bouquinerie tenue place Bretagne à Nantes par le poète Michel Manoll que René Guy Cadou, à défaut de se passionner pour le lycée, va découvrir peu à peu la vie poétique. Outre les livres et plaquettes qu’il lui fera connaître, Manoll prodiguera des conseils au jeune poète en lui témoignant d’une amitié qui ne se démentira jamais.
Cette monographie n’est donc pas seulement une introduction sensible à la lecture du poète. Elle est un témoignage de première main, éclairé par l’amitié qui unissait les deux hommes. Michel Manoll s’appuie sur ses souvenirs et ses lectures pour retrouver Cadou, son bonheur de vivre, son adhésion de chaque instant, pleine et entière, au monde. Un Cadou qui a cherché à créer une langue dont les mots échappent à leur définition visuelle pour retrouver toute leur puissance émotionnelle. Ce texte s’accompagne d’une anthologie des principaux recueils de Cadou et d’une chronologie.
Isidore Ducasse,comte de Lautréamont
L’œuvre de Ducasse est aux sources de la pensée littéraire et artistique du XXe siècle, comme l’atteste la contemporanéité de ses procédures littéraire et artistique (collage, cut-up, détournement, appropriation…) et le confirme la personnalité de ses principaux commentateurs : Aragon, Breton, Gracq, Bachelard, Soupault, Caillois, Blanchot, Pleynet, Sollers... Sa poésie est aussi une pensée du monde, dans laquelle il est difficile de distinguer ce qui relève de l’éthique de ce qui appartient à l’esthétique.
En restant le plus près possible du texte, sans imposer de « grilles » de lecture extérieures (psychanalyse, sémiologie), Bernard Marcadé s’efforce de dégager les points de rencontres et de complicité de la pensée de Ducasse avec les pensées morales et esthétiques qu’il anticipe (Nietzsche, Artaud, Bataille, Duchamp…).
Charles Péguy
Stéphane Mallarmé
Le regard que Patrick Laupin porte sur Stéphane Mallarmé puise son acuité dans la lecture de fragments posthumes, d’une richesse inouïe, qui constituent ce que l’on nomme Le Livre de Mallarmé.
On sait que, pressentant venir sa mort, le poète demanda à sa femme et à sa fille de brûler son grand œuvre, ce qu’elles firent, détruisant des milliers de pages inestimables. Mystérieusement cependant, des liasses de notes, des cahiers, des fragments furent conservés. Ces textes, méconnus et rarement convoqués par les commentateurs de Mallarmé, permettent aujourd’hui de cerner l’esprit dans lequel fut imaginé Le Livre, et nous révèlent un Mallarmé ignoré de l’histoire littéraire.
Loin des analyses qui ont accrédité l’image détestable d’un poète ésotérique et illisible, Patrick Laupin nous fait découvrir le projet d’un homme épris d’absolu, qui entendait libérer l’humain du despotisme inconscient et de la communication bavarde.
Victor Hugo
Cette monographie due à Louis Perche ne se contente pas d’analyser les principaux cycles poétiques de Victor Hugo en les replaçant dans le mouvement de la biographie. Elle veut également contribuer à la redécouverte d’un poète qui est tout à la fois le plus connu et le plus méconnu des poètes français.
Chef de file de l’école romantique, il fut aussi celui qui n’eut de cesse d’en franchir les frontières trop étroites, considérant que « le domaine de la poésie est illimité ». Le poète, selon lui, n’est pas seulement le personnage qui écrit des vers, mais celui qui désire tout atteindre, qui cherche à entrer au tréfonds de la vie, à collaborer avec elle, à tirer d’elle sa raison d’être.
Louis Perche s’attache à montrer en quoi Hugo a été un « poète d’avenir ». Il a ouvert la voie à toute l’aventure poétique moderne, en particulier à Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, mais également aux surréalistes.
L’anthologie proposée dans ce volume illustre cette lecture résolument hors des sentiers battus.
Marcelline Desbordes-Valmore
Alfred de Musset
Qui est Musset? se demande Philippe Soupault dès les premières lignes. Son projet est de voir qui est le poète que dissimule le personnage éloquent qu’on nous fait connaître à l’école et qui jouit d’une réputation qu’il ne mérite pas, alors qu’on ignore ou qu’on sous-estime une partie de son œuvre.
C’est alors le portrait d’un inconnu que propose l’auteur en suivant, pour lui rendre justice, la seule ligne de son œuvre. Celle-ci culmine, à ses yeux, avec les poèmes de la fin de sa vie, écrits pour lui-même, dans l’indifférence au jugement de ses contemporains.
Loin de retenir les poésies les plus célèbres, l’anthologie privilégie des textes à peine connus, certains publiés après la mort de Musset (1857). Elle s’étend à des proses et des extraits du théâtre que Soupault a détachés pour leur «audace lyrique» et leur «éclatante beauté».
L’œuvre de Musset, en fin de compte, est confrontée par le co-auteur des «Champs magnétiques» à la «révolution annoncée par Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont et le surréalisme».
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