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Par Lisez, publié le 17/09/2020

Prix France Bleu – Grands Détectives : François-Henri Soulié et son "Angélus" couronnés

Avec Angélus, François-Henri Soulié signe un roman policier historique très ambitieux autour de la "secte" des Cathares. Preuve qu’inventivité et exigence font toujours bon ménage, le roman vient de recevoir le premier Prix France Bleu – Grands Détectives. L’occasion de poser quelques questions à l’auteur.

Ce n’est pas le premier prix qu’il reçoit mais il est bien le premier à recevoir ce prix. François-Henri Soulié est le bienheureux lauréat de la première édition du Prix France Bleu – Grands détectives, qui récompense un roman policier historique français, parmi une sélection de 5 polars publiés par les éditions 10/18 dans la collection Grands Détectives. Lancé à l’initiative de Jean-Emmanuel Casalta, directeur de France Bleu, ce prix a pour vocation de valoriser la lecture plaisir. Le jury (composé de Jean-Emmanuel Casalta, de 25 auditeurs et auditrices, de deux animatrices, d’une rédactrice en chef et de deux communicants de France Bleu) a donc choisi de couronner Angélus, un roman foisonnant qui emporte le lecteur au XIIe siècle, en Occitanie, sur les traces de trois personnages qui ne se connaissent pas mais qui vont se retrouver liés par des meurtres à la mise-en-scène macabre. Un roman policier choral original et généreux porté par une intrigue complexe, de quoi enchanter le jury du Prix France Bleu – Grands détectives.

Vous êtes le premier lauréat du Prix France Bleu - Grands Détectives. Ce n’est pas tous les jours que l’on remporte un prix et que l’on est le tout premier à le recevoir. Quel effet cela vous fait-il ?

J’ai obtenu ma première distinction littéraire à l’âge de 9 ans en classe de Sixième, avec le Premier Prix de Rédaction. Cela se passait dans ce lointain XXe siècle de mon enfance. Certes, d’autres l’avaient obtenu avant moi, mais il me semble que le petit tremblement de joie ressenti à l’époque, est bien le même, plus d’un demi-siècle après, alors qu’un Prix tout neuf couronne mon travail. S’y ajoute un sentiment de reconnaissance à l’égard des gens qui ont estimé que mon livre méritait un tel hommage.

Votre série policière autour du Capitaine Joseph Kassov écrite à quatre mains avec Thierry Bourcy se situe au XVIIe siècle. Avec Angélus, vous reculez encore dans le temps et plantez votre intrigue au XIIe siècle. Pourquoi cette époque plus qu’une autre ?

Le Moyen Âge traîne encore après lui une image d’obscurantisme en grande partie erronée. Il me semble que, nous autres écrivains, pouvons contribuer à rectifier cette image auprès du grand public. La fiction peut redonner sa vérité au réel. C’est particulièrement juste en ce qui concerne ce 12ème siècle qui connut la "révolution cistercienne" où les abbayes, ultime refuge du savoir et de la culture, devinrent des lieux d’expérimentation formidables, notamment en matière d’agriculture, d’élevage et d’architecture.

Angélus est une enquête policière écrite à la façon d’un roman choral. On y suit trois personnages qui représentent l’Église, la noblesse et le peuple. En quoi ces personnages sont-ils liés ?

Mes personnages, Dame Aloïs "l’hérétique", Jordi de Cabestan, le maître sculpteur et le jeune et fringant aristocrate Raimon de Termes sont aussi semblables et différents que peuvent l’être, de nos jours, une militante écologiste, un plasticien renommé et un commandant de bataillon d’infanterie. C’est dire ! Mais ils sont aussi, femme et hommes, en proie à des désirs, des rêves ou des peurs qui sont fondamentalement les nôtres. Tous trois sont liés par la quête du sens qu’ils doivent donner à leur vie. Exactement comme nous. L’enquête n’est qu’un prétexte à cette quête essentielle.

Fanatisme religieux, luttes d’influence, place des femmes, souffrance animale… Si votre roman se déroule au Moyen-Âge, les sujets qu’il aborde sont un reflet de notre société et de nos préoccupations actuelles. Notre réalité est-elle la meilleure source d’inspiration ?

Le Moyen Âge avait ses superstitions et ses croyances. Nous avons les nôtres qui ont pour noms : démocratie, égalité, liberté etc. L’exploration de l’Histoire permet de remettre les idéologies en perspective et d’y porter un regard critique sans affect. Pour ce qui est de l’inspiration, il me semble que l’imagination la plus débridée prend toujours sa source dans la réalité.

Dans ce roman vous travaillez beaucoup la langue et le langage. On y trouve des mots issus du vocabulaire de l’époque mais aussi du patois occitan. Comment avez-vous procédé ?

Les langues nous donnent des ailes. Elles participent à l’imaginaire profond et à la richesse de l’expression. Je suis assez à l’aise avec les langues latines, actuelles ou anciennes. Dans la pratique de l’écriture, j’essaye le plus possible de m’abandonner à la musique des mots d’où qu’ils viennent. A leur potentiel d’évocation.

Vous êtes venu tard à l’écriture de romans policiers. Comment ce désir d’écrire de telles histoires s’est-il déclenché ? Et en quoi ce genre littéraire vous fascine-t-il ?

J’écris depuis l’âge de 16 ans. Surtout pour le théâtre qui est le lieu de l’éphémère, du provisoire et de l’instant. J’ai attendu un certain âge avant de me décider à voir ma pensée immobilisée dans un écrit publié. Quant au polar, il est comme la vie : une tragédie sans majesté. Cela ne veut pas dire sans noblesse. Je suis inspiré par cette noblesse tragique et dérisoire qui est celle du fait divers. Tout l’humain s’y révèle. Le roman policier est aussi un genre populaire. Parce qu’il s’adresse à tout le monde. C’est mon propos en tant qu’écrivain. M’adresser au plus grand nombre.

Avez-vous déjà un nouveau roman en gestation ? Et si oui, pouvez-vous nous donner quelques détails ?

J’écris toujours plusieurs choses à la fois. En ce moment, l’aventure qui m’excite le plus, c’est la suite d’Angélus. On ne devrait jamais faire de suite. C’est une folie. Mais c’est justement cette folie qui m’intéresse. Je suis cerné par les images qui veulent s’imposer, me dicter le livre. Par les personnages aussi qui ne me lâchent pas tant que je ne les ai pas lâchés. Surtout un, ou plutôt une : Ermengarde, la vicomtesse de Narbonne. Une femme incroyable. Un mélange entre Wonder Woman et Lady Macbeth. Comment voulez-vous vivre avec ça ? Il ne me reste plus qu’à l’écrire pour m’en débarrasser. Avec toute ma tendresse.

 

 

 

 

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