Romina Casagrande publie son premier roman, La Promesse d’Edna, chez Fleuve Éditions le 25 mars prochain. Un roman qui nous vient d’Italie où il a rencontré un grand succès public et critique.
L’autrice s’est prêtée au jeu de l’interview pour aborder les différents thèmes de ce road trip émouvant mené tambour battant par une octogénaire pas comme les autres.
Edna Weiss, votre héroïne, est un personnage inoubliable. L’une des grandes leçons de son histoire est que, dans la vie, il y a toujours une seconde chance à saisir. Comment vous est venue l’idée de ce personnage ?
De l’histoire des enfants de Souabe d’abord, qui est un fait réel et a eu des conséquences dramatiques pour des milliers d’enfants. Mais je voulais que le roman contienne aussi une forme d’espérance, un horizon positif. Ainsi, en pensant aux oubliés de l’Histoire, aux voix qui ne parviennent pas à se faire entendre, est née Edna, une dame très âgée dont la société n’attend plus rien. Une femme qui a traversé de grandes épreuves et qui a choisi de se retirer du monde, jusqu’au jour où la chance de sa vie se présente.
Edna vit le poids des ans comme une responsabilité, pas comme une excuse. Je crois que c’est important, dans un monde où l’espérance de vie s’allonge toujours plus, mais où l’on considère de moins en moins la valeur de ce que peuvent nous apporter les anciens. Peut-être que le fait de connaître le passé à travers la mémoire de nos grands-parents pourrait nous aider à mieux comprendre la réalité complexe dans laquelle nous vivons.
Et puis il nous arrive à tous, à un moment de notre vie, de regarder en arrière pour nous demander ce que nous changerions si nous avions une seconde chance : tenir une promesse, dire ce que l’on n’a pas réussi à dire, assumer un choix différent. Cela m’arrive souvent, et peut-être que l’écriture est un moyen d’explorer toutes ces portes que je n’ai pas ouvertes dans la vraie vie. Edna nous incite à prendre notre revanche. Même si nous sommes les seuls à y croire, même si cela peut sembler fou.
Au centre du roman, il y a une promesse. A quel point compte, pour vous, la parole donnée ?
Pour moi, la loyauté est primordiale. La loyauté envers les autres, mais surtout envers soi-même. Cela veut dire rester fidèle à ce que l’on est. Aujourd’hui, on se cache derrière de multiples masques, on cherche à donner l’image la plus positive de soi. Et on est paralysés par la peur de l’échec. Mais l’échec est la preuve que l’on a essayé et il permet de grandir, d’évoluer. Je pense qu’il faudrait l’enseigner, dès que possible, aux plus jeunes. Ceux qui connaissent l’échec sont ceux qui ont fait preuve de courage.
Sur sa route, Edna croise des personnages très différents, et chacune de ces rencontres l’enrichit, lui apporte quelque chose. Vous pensez que cela fonctionne de la même façon avec les gens que l’on rencontre dans la vie ?
J’en suis convaincue. Dans la vie comme dans les voyages, on sort toujours transformé de ces rencontres. Ces personnes effleurent notre vie, choisissent de se raconter. Souvent ces récits incomplets suscitent notre curiosité et nous incitent à remplir les blancs, puisque tout ne peut pas être dit. De nombreux personnages qui racontent à Edna des morceaux de vie sont inspirés de rencontres que j’ai faites durant mes propres voyages. Certaines invitent le lecteur à imaginer, à jouer avec ce qui est laissé en suspens. Comme cela se produit au cours d’un « vrai » voyage.
La montagne et les paysages que traverse Edna sont des protagonistes à part entière dans votre roman. Quel rapport entretenez-vous avec la nature ?
Le lien à la nature est indispensable à mon équilibre. Je vis au milieu de paysages magnifiques et la nature est présente jusque sous mon toit, avec les compagnons ailés et à quatre pattes qui complètent ma famille. Je crois que, si nous sommes attentifs, la nature peut nous enseigner tout ce dont nous avons besoin. Cela peut sembler une vision un peu idéaliste, mais j’ai essayé d’introduire ce sentiment dans le récit d’Edna. Pour écrire ce roman, j’ai parcouru chaque jour quelques kilomètres à bicyclette, sur le haut plateau de Tirolo dans le Haut Adige. Edna, Emil et Jacob sont nés là. Ils portent les couleurs de ma terre, son âpreté, sa force évocatrice.
Pour faire le portrait d’Emil, vous vous êtes inspirée de vos perroquets domestiques ?
Les perroquets sont des créatures extrêmement complexes et fascinantes, dotées d’une grande intelligence et d’une curiosité insatiable. Leur manière d’apprendre le langage humain, qui n’est pas une simple imitation des sons, mais a une fonction de communication bien spécifique, est incroyable. Tito, un de mes perroquets, connaît le sens des mots et les associe toujours avec précision à un concept et à une intention. Entendre au réveil le « bonjour » d’un petit être de quelques grammes qui s’efforce de communiquer avec moi me touche énormément, c’est une expérience qui m’émerveille tous les jours.
Marre des lectures confinées entre couette et canapé ? Attrapez vos lunettes de soleil et votre PAL (“pile à lire” pour les intimes), et partez bouquiner au grand air. Feel good book, thriller, polar ou biographie : Fleuve éditions vous souffle 12 idées de livres à dévorer en terrasse, dans un parc, sur la plage ou à la montagne…