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Par Presses de la Cité, publié le 08/02/2024

Sexe, crime & cinéma… L'Affaire Lebovici, autopsie d'une époque de Frédéric Charpier

Sexe, crime & cinéma…

Je me suis frotté au mystère. Aux deux versants du personnage, côté lumière et côté ténèbres, selon la formule d’un de ses amis. Sans l’ambition immodeste de fournir le nom d’un coupable, car tel n’est pas mon rôle. Les années ont passé, il y avait mieux à faire, comme savoir qui était l’homme abattu par-derrière comme un chien.

Qui étaient ceux qui l’entouraient et dans quels mondes il évoluait. Enfin, pourquoi la Crim’ a échoué en ne livrant à la justice aucun coupable.

Voici mon enquête.

Frédéric Charpier

Interview de Frédéric Charpier

Journaliste et documentariste, Frédéric Charpier a écrit plusieurs ouvrages de référence sur l’extrême droite, les affaires de renseignement et de police, ainsi que des biographies d’hommes politiques aux éditions Le Seuil, Tallandier, Grasset, Les Presses de la Cité et Albin Michel. Il a notamment signé Nicolas Sarkozy, enquête sur un homme de pouvoir (Les Presses de la Cité, 2006), et plus récemment IGPN, enquête vérité sur la police des polices (Albin Michel, 2021).

Pourquoi avez-vous voulu « réveiller » l’affaire Lebovici, restée encore à ce jour un crime impuni, un cold case ?
Avant tout parce que je ne la connaissais pas. L’affaire m’a paru d’emblée emblématique et puissante, et ce que j’en avais lu ne m’avait guère convaincu. Mon intérêt pour ce cold case est aussi le fruit d’une série de circonstances. C’est Guy Debord, cet intellectuel hors norme et très spécial que la PJ a entendu à plusieurs reprises, qui m’a conduit à Lebovici, et fait découvrir ce personnage puissant et méconnu du cinéma français aux allures d’aventurier. Puis, en 1984, la présence au 36 d’un patron de la Crim’, Jacques Genthial, que j’ai connu et côtoyé plus tard quand je me suis intéressé en profondeur, et en éclaireur, à la Police technique et scientifique dont il a été le grand rénovateur, le grand architecte. Confronté au crime et à l’échec de l’enquête, je me suis très vite demandé à quoi il fallait attribuer ce ratage. Dans la foulée, je me suis posé une autre question : y avait-il des raisons cachées à cet échec ?

En quoi, selon vous, cette affaire fascine-t-elle toujours autant aujourd’hui ?
Justement parce que le mystère reste entier et que certaines pistes peuvent paraître romanesques. Et certaines le sont. Le cinéma est aussi un milieu très attractif. L’affaire Lebovici met en scène des stars (les plus grandes, même) qui côtoient des voyous, des call-girls et des espions. L’histoire fait la part belle à un show-biz déjanté et à un microcosme littéraire (car Lebovici était aussi éditeur) haut en couleur. Tous ces ingrédients dopent le mystère et font de ce crime non résolu un polar haut de gamme.

Comment avez-vous procédé pour votre enquête ? Quels ont été vos interlocuteurs, puisque nombre de témoins de l’époque et de l’affaire sont morts depuis ?
D’abord, il existe encore et heureusement des survivants, et non des moindres. Et puis d’une façon générale, il faut se méfier d’un trop-plein de témoins dont les récits sont parfois invérifiables et incontrôlables. Il est inutile de surcharger un récit en recueillant des témoignages qui n’apportent rien. Mieux vaut se concentrer sur ceux qui savent de quoi ils parlent. C’est ce que j’ai fait. Quand les témoins se font rares restent la documentation écrite, la presse, les archives policières et judiciaires.

 Y-a-t-il un fait, une rencontre, un témoin de cette affaire qui vous a marqué en particulier pendant tout ce travail d’enquête et d’écriture ?
Je cite dans le livre Gérard Guégan et Marie-Christine de Montbrial (un écrivain et une productrice) qui avaient l’un et l’autre le mérite plus qu’appréciable d’avoir connu et fréquenté Lebovici. Ce qui m’a frappé (sans véritablement m’intriguer) c’est cette avalanche de décès plus ou moins violents à l’air de malédiction qui a accompagné la mort de l’agent Lebovici. Sans que ces morts soient liées au meurtre, ça a malgré tout créé un climat.

 Pour en savoir plus sur L’Affaire Lebovici, autopsie d’une époque ! 

Presses de la Cité