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Par Belfond, publié le 09/05/2018

[interview] L'amour et la haine selon Barbara Abel

Après le succès retantissant de Je sais pas, Barbara Abel revient avec un nouveau thriller psychologique au dénouement stupéfiant. L'auteure nous embarque sur les chemins tortueux de la culpabilité et de la peur à travers une intrigue où ni méchants ni gentils ne triomphent. Interrogée à l'occasion de la parution de Je t'aime, elle revient sur l'amour et la haine, deux notions omniprésentes dans son roman.

Après le succès retantissant de Je sais pas, Barbara Abel revient avec un nouveau thriller psychologique au dénouement stupéfiant. L'auteure nous embarque sur les chemins tortueux de la culpabilité et de la peur à travers une intrigue où ni méchants ni gentils ne triomphent. Interrogée à l'occasion de la parution de Je t'aime, l'auteure revient sur les sentiments d'amour et de haine, deux notions omniprésentes dans son roman.

Le titre de votre livre parle de lui-même : dans Je t’aime, point de mauvaises intentions, point d’assassin. Comment vous est venue l’idée de ce thriller sans "méchant" ?
Dans mon précédent roman, Je sais pas, certains lecteurs/bloggeurs/critiques m’avaient fait la réflexion que tous mes personnages étaient déplaisants, qu’il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre. J’avais dû admettre qu’ils n’avaient pas tout à fait tort, même si j’avais une tendresse particulière pour le personnage de Camille. D’une certaine manière, pour me justifier à mes propres yeux, je m’étais dit qu’il n’était pas possible d’écrire un thriller sans méchants. C’est là que l’idée m’est venue : et si, justement, j’écrivais un thriller sans méchants ? Je ne dis pas que tous mes personnages dans Je t’aime sont des anges,  mais du moins, ce ne sont pas les psychopathes pervers que le genre du thriller impose bien souvent. Et même si certaines de leurs actions sont répréhensibles, ils agissent par amour.

Au début du roman, on découvre les quatre personnages principaux – Maude, Solange, Nicole et Alice – amoureuses ou dévouées à leurs enfants. Puis, c’est le basculement. Quels sont les chemins qui font passer de l’amour à la haine ?
Je pense qu’une certaine forme de haine ne peut être atteinte qu’après avoir beaucoup aimé. Au fil de la rédaction du roman, j’ai dû me pencher sur cette question de la haine et de l’amour. Ces deux émotions, quand elles sont poussées à leur paroxysme, se rejoignent d’une certaine façon. Ayant choisi ce point de vue, j’ai construit mon roman autour de ce thème. Si Maude déteste son ex-mari, c’est parce qu’elle l’a beaucoup aimé auparavant. Si Maude et Simon se déchirent, c’est parce qu’ils sont amoureux l’un de l’autre. De même, la haine d’une personne ne peut naître qu’à travers l’amour d’une autre. Si Nicole déteste Alice, c’est parce qu’elle adorait Bruno, son fils. En tournant et retournant les émotions de mes personnages, j’ai réalisé que l’amour et la haine était toujours intimement liés. 

En tant qu’auteure, qu’avez-vous préféré écrire : les passages d’amour ou les passages de haine ?
Il faut être très très talentueux pour décrire l’amour sans tomber dans les clichés mièvres d’une sensiblerie un peu ridicule. J’avoue que je ne m’y suis pas trop risquée, si ce n’est l’amour maternel que j’explore depuis plusieurs romans. J’ai donc clairement préféré les passages de haine avec lesquels je peux « m’amuser », puisque la haine s’exprime dans mes romans à travers les tensions qui naissent entre mes personnages. C’est un peu comme pour les acteurs : c’est toujours plus stimulant de jouer un méchant qu’un gentil, puisqu’une arche narrative ne devient intéressante que lorsqu’il y a un conflit.

Quatre personnages principaux, quatre femmes aux âges et aux histoires bien différentes. Pourquoi avez-vous choisi de décrire ces récits d’amour et de haine d’un point de vue presque exclusivement féminin ? 
Parce que je suis une femme, pardi ! J’ai besoin de m’identifier à mes personnages pour les comprendre et les aimer. J’ai l’impression que je serais moins crédible si je devais explorer la psychologie masculine. Le genre de récit que je mets en scène doit impérativement être crédible, sinon ça ne fonctionne pas. Je m’inspire beaucoup de mes propres émotions pour décrire celles de mes personnages. Alors bien sûr, je n’ai jamais vécu les situations que je raconte dans mes romans (heureusement !), mais dans ma vie, j’ai déjà connu l’amour, la haine, la rancœur, la jalousie, etc. (comme tout le monde, j’imagine). Et puis, on ne parle bien que de ce qu’on connait, et je me sens plus à l’aise avec des personnages féminins. Enfin, la grosse majorité de mes lecteurs sont des lectrices, et je sais à quel point l’identification, au même titre que la crédibilité, est capitale pour entrer dans l’histoire et la vivre de l’intérieur.

Belfond

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