La laisse : Le livre de Françoise Sagan
" Je rentrai à pas de loup dans l'obscurité de notre chambre. C'était une pièce très féminine, tendue de tissu indien, où le parfum de Laurence, exquis et lourd, flottait comme à l'accoutumée et, comme à l'accoutumée, me laisserait sans doute quelque migraine, d'autant qu'après deux ou trois cutis positives dans son adolescence la mère de ma femme l'avait persuadée de dormir volets et fenêtres clos. "
Étouffé par une femme dominatrice, un musicien raté réussit à se libérer de l'emprise d'un mariage aliénant en composant un " tube " qui le propulse contre toute attente au firmament de la célébrité.
De (auteur) : Françoise Sagan
Expérience de lecture
Avis Babelio
Arimbo
• Il y a 2 mois
C’est un roman, pas très connu, je crois, de Françoise Sagan, que j’avais lu il y a une vingtaine d’années et qui m’avait fortement impressionné par sa dimension tragique qui se révélait, dans mon souvenir, derrière une apparente désinvolture, une superficialité. C’est en chinant chez Emmaüs que j’en ai trouvé un exemplaire pour un euro. Et je n’ai pas été déçu de cette relecture. Le thème central est la dépendance affective dans le couple et l’amour non partagé, décrits de façon extraordinaire par l’auteure. Les thèmes secondaires sont ceux que l’on retrouve souvent chez Sagan: la superficialité des rapports mondains du milieu bourgeois parisien, la rapacité des puissants, à quoi s’oppose la quête de sens du narrateur, sa solitude, et bientôt sa désillusion, et enfin, …..la passion du jeu, vice bien connu de l’auteure qu’elle aborde de façon plutôt désinvolte, bien loin, je trouve, de la façon tourmentée de Dostoievski, Vincent est un beau jeune homme qui est marié depuis 7 ans (chiffre symbolique :de malheur, de réflexion?) à Laurence, une jeune femme fortunée, grâce notamment à l’héritage de sa mère décédée jeune. Laurence s’est mariée contre l’avis de son père, un riche banquier qui voyait d’un mauvais œil l’absence de situation de Vincent, et le considérait comme un gigolo, qui allait profiter de sa fille. Laurence décide de tout pour Vincent, son argent de poche, son habillement, ses relations (qui sont les siennes), le détachant d’ailleurs de ses anciens amis ou amies, sauf Coriolan (au nom étrangement shakespearien) qui partage avec lui les goûts musicaux. Car Vincent, au sein de cette existence passive d’enfant, de chien en laisse, existence dont il semble s’accommoder, compose un peu de musique de film (alors que Laurence aurait voulu qu’il devienne un pianiste de concert.) Une de ses musiques, celle pour le film Averses, vient de connaître un très grand succès, étant même sélectionnée pour les Oscars. Et Vincent devient, ainsi, soudainement riche. C’est cet événement qui va faire basculer l’intrigue dans le tragique. Vincent va voir chacune et chacun se révéler, dans sa noirceur surtout, et parfois son empathie et sa bonté. C’est alors qu’il réalisera la manipulation dont il est l’objet, et la passion dévorante et maladive de Laurence, une sorte de Phèdre moderne, « Vénus tout entière à sa proie attachée ». Sagan décrit avec une finesse exceptionnelle: - d’abord l’ambiguïté des sentiments du narrateur Vincent, sa dépendance à l’égard de son épouse, sa difficulté à réaliser l’emprise qu’elle exerce sur lui, sa désinvolture apparente, son cynisme qui cachent en réalité une quête de sens, d’identité, d’affirmation de soi; - l’attitude possessive, toxique, de sa femme Laurence, d’abord masquée par une apparente tolérance, mais qui va se révéler par la manipulation dont elle fera preuve avec la complicité de son père, et qui va atteindre un paroxysme faisant éclater sa passion morbide, sa dépendance complète à l’égard d’un être humain dont la possession est pour elle comme une drogue. Cette relation amoureuse toxique a quelque chose d’ effrayant et de terriblement cruel, et elle est décrite dans toute sa complexité. L’amour conjugal ce n’est pas la possession de l’autre, l’aliénation de sa liberté. Cela peut conduire à la violence et à la tragédie, les faits d’actualité nous le montrent tous les jours. Respecter l’autre et mettre une distance correcte, c’est en creux ce que nous dit ce roman. Il y a aussi dans ce livre, et comme souvent chez cette auteure, une peinture ironique et féroce des mœurs de la bourgeoisie parisienne, et de la méchanceté des nantis, qu’ils soient du monde du spectacle ou de la finance. Et enfin, je ne voudrais pas oublier de mentionner cette écriture si particulière, acide, tranchante, abrupte, que personnellement j’aime tant. Mais, mon appréciation, je le reconnais, est subjective. Il y a des lecteurs que cela irrite, je les comprends; c’est comme la musique, on aime ou on n’aime pas, et bien souvent, ça évolue au cours du temps.
Bochard
• Il y a 4 mois
J'ai trouvé ce livre dans une cabine pour livres nomades. Un hasard donc. Je n'ai d'abord pas été vraiment accroché par cette histoire et puis, finalement, je voulais savoir comment ce pauvre garçon (pauve type ?) allait s'en sortir. C'est une drôle d'histoire, mais racontée par Françoise Sagan... ça change tout ou presque. Le couple Laurence-Vincent est pour le moins atypique et on assiste à une dégringolade sous l'emprise dune femme que l'on qualifierait actuellement de perverse nacissique. L'écriture n'est évidemment plus à découvrir mais m'a semblé un peu datée, un peu ampoulée. C'est en somme un bon roman, sans plus.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782260017561
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 234
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- Dimensions
- 207 x 132 mm
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18,50 € Grand format 234 pages