La Bête humaine : Le livre de Émile Zola

Poche

Pocket

0 personnes ont réagi

LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE

Le sang exécrable des Rougon-Macquart court dans les veines de Jacques Lantier, fils de Gervaise et héritier d'une lignée maudite.
Lantier a assisté au meurtre d'un notable par le chef de gare du Havre. Pour se protéger, la femme de ce dernier, Séverine, le séduit et devient sa maîtresse. Auprès d'elle, et dans les vapeurs de sa chère Lison, sa locomotive, Jacques pense pouvoir conjurer ses pulsions meurtrières, résister à " la bête enragée qu'il sent en lui " à la seule vue de la nudité d'une femme.
Un voyage tragique commence, où la démence, la jalousie et le crime sont portés à l'incandescence dans le plus russe des romans français.


De (auteur) : Émile Zola
Préface de : Marie-Thérèse Ligot

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

germ1tor

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 10 mois

Fils de Gervaise Macquart (L’Assommoir), frère de Claude l’artiste peintre de L’Oeuvre, et frère également d’Etienne (Germinal), Jacques Lantier est conducteur de train et souffre d'un mal dont il ne parvient pas à guérir. Il ressent un besoin pressant de commettre un crime lors de pulsions sexuelles. Il tombe sous le charme de Séverine, épouse du sous-chef de gare Roubaud. Ce dernier témoigne d'une rare violence contre son épouse quand il apprend qu'elle a été abusée par Grandmorin, haut magistrat à la retraite, un homme qui l'avait adoptée. Roubaud souhaite éliminer cet homme afin d'assouvir sa soif de vengeance. Zola nous plonge alors dans un véritable thriller psychologique. Cela commence par la galerie de portraits qui est des plus sombres. Roubaud est une brute qui s’ignore. Misard se révèle tortionnaire. Grandmorin un vieux pervers. Séverine manipulatrice sous ses airs innocents. Flore une tueuse. Et Jacques est un tueur de femmes en puissance. «Tuer une femme, tuer une femme! cela sonnait à ses oreilles, du fond de sa jeunesse, avec la fièvre grandissante, affolante du désir.». Des sentiments les plus bas et intéressés les animent. Jalousies, méfaits, adultères et désirs de vengeance tournants à l’obsession. Tous des monstres en puissance. Qui passera à l’acte? Qui renoncera à l’infime partie d’humanité qui lui reste? La galerie de portraits ne serait pas complète sans La Lison, la machine à vapeur de Jacques, merveilleusement personnifiée sous la plume de Zola. Au dix-septième roman de la série, on croit s’être habitué aux fines descriptions de Zola. Il n’en est rien. Zola se surpasse aussi bien dans les descriptions du caractère vivant de La Lison (à cet égard la catastrophe ferroviaire qui annonce la fin de La Lison est grandiose), que dans les noeuds psychologiques établis entre ses personnages. Ils se tiennent tous. Le monde ferroviaire est décrit avec une précision scientifique, à une époque où les trains symbolisent le progrès et fascinent. Ce roman n’a rien d’aussi politique que L’Assommoir, Germinal, ou La Terre en cela qu’il ne traite pas principalement de la condition ouvrière ou paysanne. C’est un roman du crime révélant la nature humaine sous son caractère le plus bestial. Mais c’est surtout à mon sens, une dénonciation d’un système judiciaire corrompu où ses acteurs, en conscience, accommodent la vérité. C’est la fin du Second Empire décadent, à l’image de sa justice. Je suis une fois de plus emballé par la force de la narration de Zola. Ce roman est très moderne par son rythme et son intrigue. Son emprise sur le lecteur est digne des meilleurs polars actuels. Malgré la violence presque sauvage – ou précisément à cause d’elle -, « La bête humaine » est un immense roman, impossible à oublier. A cette étude psychologique et sociale, des plus abouties dans la série des Rougon-Macquart, s’ajoute un art consommé du suspense et une écriture presque visionnaire.

Signaler

Egan

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 10 mois

Le livre démarre fort, on rentre tout de suite dans le vif du sujet; la folie meurtrière. Pleins d’histoires dans l’histoire, j’ai apprécié la dynamique de l’œuvre. On ne s’ennuie pas. J’ai beaucoup aimé les descriptions concernant la Lison, le fait que Zola personnifie la locomotive, héroïne de l’histoire à part entière. Il y a un réel suspens, un récit bien ficelé et pas de longueurs inutiles. La deuxième partie m’a subjuguée et le final est surprenant. Malgré la noirceur dépeinte tout au long du livre, Zola se pose en ultime juge et appose son châtiment. Zola est pour moi mon écrivain préféré, un maître absolu de l’écriture, il signe la encore un chef d’œuvre.

KotolineBastacosi

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 an

Oui, c'est bien la horde primitive. La civilisation, malgré le progrès technique fort développé à l'époque de Zola, et une certaine éducation qui ont été données aux différentes catégories sociales, civilisation qui devrait être maîtresse d'elle-même, et, comme dirait Freud, avoir su développer un sur-moi, autrement dit une instance qui fait triompher le bien pour réprimer le mal, mal qui prend différents visages allant jusqu'au meurtre et aux pires ignominies - cette civilisation malgré les efforts « personnels » pour rester honnête et sensée, demeure sans conteste gouvernée par ses pulsions les plus basses, Pulsions les plus dangereuses lorsque l'hérédité est en cause comme l'alcoolisme et la schizophrénie, dont est atteint, par exemple, Jacques Lantier. La pulsion de mort, liée au désir, irrépressible, qui n'a de cesse de hanter le cerveau de l'être atteint dans son paroxysme. Parfois, on tue, on empoisonne pour des idées fixes à faire devenir fou, à force de chercher le moyen. Parfois encore, on échafaude des plans et la plus frêle créature, la plus innocente se monte un véritable « cinéma » pour éliminer celui qui gêne alors qu'elle n'est pas schizophrène, qu'elle fut victime et violée, et je parle ici de Séverine, et je pourrais aussi parler de Flore. Si Albert Camus dira, plus tard « un homme, ça s'empêche », du fait de son Surmoi, en revanche, à cette époque, où la société est en pleine mutation - technologique, sociale - avec néanmoins un fossé extrême entre la noblesse, la bourgeoisie et les petits employés, il n'en ressort pas moins que chacun demeure un misérable, prêt à toutes les compromission pour satisfaire á ses besoins, ses folies, sa réputation, sans oublier son petit amour-propre, bon à mettre à la déchetterie. On pourrait penser que Zola « a mis le paquet », car on compte sur les doigts les bonnes personnes, mis à part Cabuche qui sera accusé, de double meurtre. Laissons ce « pauvre » Roubaud de côté tant sa lourdeur et sa dureté sont exaspérantes . Mais pour autant ne l'excusons pas. Si tous les jaloux de la terre et tous les cocus devaient tuer leur rival, il ne resterait plus grand monde sur notre planète. le tableau que nous en fait Zola magistralement, ne nous le rend pas sympathique, bien au contraire. Les gueules d'ange tuent aussi, tel Lantier. le faciès tantôt fait pencher la justice soi disant aveugle. Tête d'assassin ? Chemise d'assassin ? Et voilà encore Cabuche, au nom bien trouvé d'ailleurs. Embûche et sans caboche je trébuche. Tel est Zola. Séverine et Flore : deux jolis prénoms, mais deux fleurs vénéneuses, car dans Séverine il y a « sévère, dure », et ses yeux ont la couleur de la pervenche bleue, connue pour ses effets toxiques. Flore est la déesse de la Nature sauvage, protectrice des fleurs qui ne sont pas propres à la consommation (Chez Zola jamais d'erreur dans le choix des prénoms, des noms ou des lieux) Ainsi flore représente la fleur du Mal (stérile comme Séverine), et toute cette nature - nature quasi préhistorique et hostile le plus souvent - et ces immenses plaines, tantôt couvertes de neige, de sang, de cadavres, tantôt resplendissantes de soleil et de petites fleurs. Cruel et très juste oxymore que ces prénoms choisis. Ne nous fions pas trop à ce bien trop beau Jacques Lantier. Véritable tête à claques malgré son beau visage, et ses efforts désespérés pour retarder le moment où il assassinera la femme qu'il tient dans ses bras - n'oublions pas son hypocrisie lors du procès, et la foule admirant ses pleurs et son allure. Je passe sous silence tous les autres personnages du roman que je n'aimerais pour rien au monde ni rencontrer ni avoir pour voisins. Observons les descriptions du paysage. D'abord, je rappellerai l'influence qu'à eu l'ami de Zola à savoir le peintre Manet. Remarquons tout au long des pages, l'utilisation des couleurs, le blanc, le rouge, le gris, le noir, l'or, qui apporte chaque fois de la dynamique, de l'angoisse, de la crainte, parfois une sorte d'apaisement, furtif, comme la peinture verte et gaie des prairies, le scintillement des étoiles et de la neige, le gris du ciel et de la pluie et des maisons qui ponctuent et s'harmonisent avec le sentiment des personnages romanesques, tantôt heureux, tantôt anxieux, sordides, en proie au plus vil tourment, criminels, tantôt même ayant perdu la vie. Car la mort rôde du début à la fin, dans ce paysage endeuillé, qui porte la croix et la malédiction (cf le lieu malsain de la Croix-de-Maufras), rappelant la faute primitive et les errances des hommes, plus féroces que des bêtes, car ayant, eux, la faculté de raisonner et de se retenir. La personnification de la Lison qui préfigure déjà la bête humaine et se verra « après sa mort » remplacée par une locomotive plus jeune et tout autant monstrueuse qui emporte avec elle les soldats ivres vers le Rhin pour porter secours à l'armée française contre les Prussiens, devient un monument littéraire mythologique, qu'il faudrait étudier avec soin, et saluer la parfaite maîtrise de cette machine par Émile Zola, qui selon son habitude, s'est toujours plongé dans l'étude la plus minutieuse pour tenir son sujet, et en faire un chef-d'oeuvre de littérature. Ces deux locomotives personnifient le Monstre antique grec, sanguinaire, ironique, insensé, sans coeur, sans remords, menant ainsi la chair humaine des soldats au massacre, fuyant vers un avenir qui n'a pas de sens et qui est la mort même, l'absurdité même de l'existence humaine et son prétendu progrès. Peut-être une punition á l'hubris intrinsèque de l'homme qui a voulu s'égaler aux Dieux et s'en moquer. Ou peut être une redemption : une expiation pour Zola qui avait pris une maîtresse, rendant ainsi son épouse folle de rage et de douleur … Pour finir, j'attirerai l'attention sur le procès et la manière dont Zola nous l'a fait voir et entendre. La Vérité n'apparaît pas aussi clairement, aussi nue, qu'elle est en vérité. Loin de trouver les coupables - le ou la coupable- bigre que d'assassins en ce roman ! á l'image de la Lison aveugle et détraquée, monstrueuse,« la Justice » bête et assassine, acharnée, mais… lucide aussi, devinant ou sachant la vérité pour certains… ne tient qu'à sa tranquillité et liquide l'affaire. Pour cette fois, l'injustice triomphe. Zola ne ratera pas cependant l'erreur judiciaire avec l'affaire Dreyfus Dont on peut le féliciter. Un roman des plus incroyable et abouti et l'on peut qualifier Zola de « voyant ».

Signaler

Bibliorium

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 an

S’il y a bien une chose que j’apprécie dans les Rougon-Maquart, c’est qu’il ne s’agit pas d’une fresque historique dont chaque tome se poursuit de manière égale, sur un ton uniforme. Par les thèmes qu’il adopte, Zola change drastiquement de répertoire. Ainsi, après "Le rêve", titre aussi empreint de douceur que son innocente héroïne biblique, c’est le thème de la destruction humaine qui est abordé ici. Le meurtre, le crime passionnel, l’assassinat froid et méthodique, l’attentat de masse: bref, l’homicide sous toutes ses formes, fantasmé et accompli. En toile de fond, le réseau ferroviaire et ses locomotives lancées à plein galop tels des chevaux sauvages, fonçant vers la modernité en snobant les drames sanguinaires de la plèbe médiocre. Au premier plan de cette histoire, un Jacques tourmenté, fils de Gervaise, mécanicien et conducteur. Un Docteur Jekyll et Mister Hyde avant la lettre, dont les coups de cœur avivent les coups de sang, un être dont la conscience d’homme civilisée est horrifiée par l’aspiration qu’il ressent à connaître la jouissance du meurtre, maudissant ses aïeux des temps immémoriaux de lui avoir transmis cette bestialité primitive (Zola qui aime analyser l’hérédité y va fort cette fois). Mais autour de Jacques, on trucide comme on respire, en toute impunité: Zola expose ainsi avec brio des vengeances réalisées dans le sang et des appâts du gain aidés par le lent poison. Je ne t’en dirai pas plus, de peur de te spoiler. Car là est le problème: je n’ai pas apprécié l’œuvre à sa juste valeur, non pas en raison de la plume de Zola, que j’aime toujours autant, mais en raison d’un spécialiste de la littérââââture dont je tairai le nom qui, sous couvert d’annoter le texte, m’a dévoilé absolument tous les dénouements dans ses notes de bas de page (méfie-toi, lecteur du livre de poche!). Dommage, la renommée de "La Bête humaine" n’est pourtant pas usurpée.

Signaler

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782266295956
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    416
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Émile Zola

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

3,50 € Poche 416 pages