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Par Presses de la Cité, publié le 18/09/2019

"Le rêve de Toinet " de Mireille Pluchard : un beau roman d'apprentissage, de tradition et d'histoire

Avec Le Rêve de Toinet, Mireille Pluchard nous offre un beau roman d’apprentissage de tradition – celle de la poterie cévenole – et d’histoire, brossant un passionnant tableau d’époque sur une région embrasée par les guerres de religion au XVIIIe siècle. Toinet, le petit chevrier dont la famille a été spoliée de ses biens, découvre avec passion la poterie et n’a désormais qu’un seul but : concevoir le plus beau des vases Médicis…

 

Une jolie rencontre...

Lorsqu'on questionne Mireille Pluchard sur l’origine de son nouveau roman, le quinzième, elle évoque une jolie rencontre en librairie alésienne, lors d’une dédicace : « Laurent Tavès, antiquaire, qui présentait Le Vase d’Anduze. Une pépite que je me suis empressée d’acheter, d’autant que le libraire me lançait une perche : “Un livre technique c’est magnifique, un roman autour du vase d’Anduze, ça ne vous tente pas, Mireille ?” Pari relevé, pari tenu ! »

Si les premiers vases d’Anduze recensés avec précision datent du début du XVIIIe siècle, cet artisanat est issu d’une tradition de poterie cévenole remontant à la fin de l’Antiquité. Présents jusque dans les jardins des palais royaux français, trois éléments les distinguent des autres formes de poterie : leur forme de cloche renversée, semblable aux vases Médicis, leurs ornements de guirlandes retenues par deux médaillons, ainsi que leur couleur, d’un jaune ocre, vert ou brun vernis. Un patrimoine régional riche que Mireille Pluchard revisite à travers le personnage de Toinet :


« Une anse relayait le rebord à son flanc, sans bourrelet, d’un seul jet, comme émergeant de l’intérieur. A l’opposé, le goulot évasé à ses bouts, étréci en son centre, faisait corps au pichet qu’il étirait vers lui. Une autre anse en vis-à-vis s’abouchait au col, formant un rond parfait. Le couvercle, facile à saisir par son téton conique, s’enfonçait dans l’orjol qu’il épousait étroitement.
Monochrome, l’œuvre faisait penser à une émeraude géante tant l’uniformité du coloris paraissait naturelle, comme si le jeune homme avait sculpté son pot dans un bloc de céramique vert cinabre. »

Le Rêve de Toinet, p. 251


La découverte d'une période dramatique

En plus de ces traditions, on fait grâce à Mireille Pluchard la découverte d’une période dramatique qui enrichit son captivant roman. Toinet et sa famille évoluent sous le règne de Louis XIV, à une époque de grands troubles religieux. En effet, la révocation de l’édit de Nantes par le roi entraîne la conversion forcée de l’ensemble des huguenots. Ces nouveaux convertis sont nombreux dans les Cévennes. Une révolte s’organise et, en janvier 1703, le roi décide de détruire les ressources des insurgés en brûlant tous les bourgs et villages et en déportant la population. Ce fait marquant de l’histoire des Cévennes fut nommé le Grand Brûlement.

« Plus qu’une réalité, cet édit, consenti en son temps par le bon roi Henri, bafoué en fait depuis de longues décennies au point de n’exister que sur le papier, représentait malgré tout une reconnaissance pour laquelle les huguenots cévenols étaient prêts à en découdre, après avoir résisté dans la passivité. »

Le Rêve de Toinet, p. 16

 

Si le roman de Mireille Pluchard sonne si vrai, c’est parce qu’elle a mené des recherches variées et approfondies sur cette histoire dense. Concernant Le Rêve de Toinet, elle explique : « J’ai arpenté en long et en large le riant vallon de Salindrenque dans ses moindres hameaux et villages, j’ai même suivi le jeune aspirant que mon personnage était dans quelques étapes de son tour de France ! » A cette prospection autour de l’atmosphère des lieux qu’elle décrit, s’ajoutent des recherches documentaires : « Je hante les médiathèques, les études notariales, les archives départementales. Quand cela est possible, je visite musées, fabriques et autres lieux d’exposition. De toute cette moisson, je fais des fiches, des fiches à n’en plus finir, à classer et reclasser sans cesse. Mon bureau en est envahi, mais c’est comme ça que je l’aime ! » nous rassure-t-elle.

 

"Je travaille sur un roman comme sur un métier à tisser"

Comment construit-elle ensuite ses histoires ? La romancière s’imagine telle Chantelonne, la sœur de Toinet dans le roman, employée dans une filature : « Je travaille sur un roman comme sur un métier à tisser. J’imagine un cadre de bois sur lequel je tends horizontalement mes fils de trame ; ils sont nombreux puisqu’ils représentent le contexte de l’histoire, les lieux où elle se déroule, l’époque, les personnages réels, les situations et événements historiques… Viennent ensuite les fils de chaîne qui descendent verticalement et s’entremêlent aux précédents, ils représentent mes personnages. Ainsi la fiction côtoie-t-elle la réalité. Eux aussi peuvent être nombreux, mais il faut raison garder quant à leur nombre, pour ne pas en oublier en route et risquer de voir l’ouvrage se débâtir comme un pull qui se détricote. »

Pour ce qui est de son atmosphère d’écriture, Mireille Pluchard met juste un peu de musique ou la radio, en fond sonore. Elle écrit dans son salon, refusant de se soustraire à la compagnie de sa famille. Son esprit vagabonde alors, et la bulle dans laquelle cet isolement intellectuel la plonge lui permet de faire abstraction de son environnement. Elle sacrifie à ce silence quelques mots, lorsqu’elle se relit à voix haute pour « s’assurer de la musicalité des phrases ».

Pour en savoir plus sur Le Rêve de Toinet

 

Le Rêve de Toinet
Alors que le vallon de Salendrinque tremble sous les exactions des dragons du roi, venus mater les Cévennes acquises à la religion réformée, Toinet voit sa vie basculer à la mort accidentelle de son père.
Spoliée de la ferme qu’elle exploitait avec son époux, Jaquette Rouvel doit se séparer de sa fille qui ira travailler à la filature et de son fils Toinet qui sera placé en apprentissage chez un potier. Chez maître Roque, en plus de trouver une nouvelle famille, Toinet découvre sa voie : travailler cette argile qu’il façonne, jour après jour, avec habileté. Mais il doit quitter la chaleureuse famille Roque et son nouveau patron, un potier d’Anduze, abusant de sa confiance, l’engage à son insu dans un long périple pour un tour de France des Compagnons du Devoir.
Après cinq longues années, la roue du destin a enfin tourné pour Jaquette Rouvel qui rentre en possession de l’héritage paternel. Elle attend le retour de Toinet.
Reviendra-t-il comme il l’a promis à Apolline, la jolie fille de maître Roque ?
Réalisera-t-il alors son rêve de fabriquer ces poteries lumineuses découvertes au cours de ses pérégrinations : les vases Médicis ?

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