Partez à la rencontre de notre invitée du mois ! Autrice de Mon Cahier Ecriture, Adélise Lapier répond à nos questions concernant son rapport à l'écriture et nous dévoile ses propres techniques de création !
Je crois que j’ai commencé à écrire très tôt. J’étais une dévoreuse de livres, et j’avais un imaginaire d’enfant débordant. Par la suite, c’est au collège, en cours de français que j’ai mesuré qu’il fallait ajouter une peu de technique, de rigueur au plaisir d’écrire. Je me suis débrouillée toute seule, avec les encouragements d’une prof de 5ème notamment.
J’écris beaucoup dans ma tête. Il m’a fallu du temps pour identifier et reconnaître ce fonctionnement un peu spécial. J’écris en agissant : en faisant mes courses, en cuisinant, dans la rue en marchant. J’ai des « eurêka ! », des inspirations. C’est comme une petite musique qui s’installe. Puis je restitue sur ordinateur ou sur cahier. Il m’est arrivé de perdre des pages sur Word, et de les réécrire. Puis de retrouver la première version. J’avais reproduit presque mots pour mots le même texte.
Pendant des années j’ai ressenti de la culpabilité à ne pas réussir à m’imposer de rituel plus classique. Mais je n’y arrivais pas. C’est pourquoi dans le cahier Ecriture, j’invite souvent les lectrices à comprendre leur fonctionnement bien particulier, à tester plusieurs méthodes, ne serait-ce que pour voir. On se surprend souvent en écriture ! Quand j’ai enfin reconnu mon mode de fonctionnement à moi, je m’en suis sentie bien mieux. La rigueur du rituel a été, pour moi, de m’imposer de transformer ces brouillons « mentaux » en écrits concrets.
Je pense que c’est « La couleur pourpre » d’Alice Walker. Elle y explore tous les thèmes fondamentaux d’une vie humaine, à travers le parcours d’une femme noire américaine qui subit l’abus, la violence, le rejet, et qui pourtant construit sa vie avec force, dignité et grandeur.
Et il y a aussi le « Frankenstein » de Mary Shelley. Ce texte n’a rien à voir avec ce que l’industrie du cinéma en a fait. C’est devenu un mythe moderne très éloigné du livre d’origine. Le « monstre » du docteur Frankenstein est d’une immense sagesse, d’une grande sensibilité. Il subit la sotte cruauté des humains et pourtant garde un cœur lumineux. C’est un très beau livre.
Oui, je la répète à l’envi à mes enfants : « Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il ne faut pas le faire ». Ca vaut ce que ça vaut, bien sûr, mais elle m’a soutenue bien souvent. Et aussi, j’aime me rappeler que le soleil est toujours présent derrière les nuages. Ce n’est pas le soleil qui se cache de nous, il ne disparaît pas. Il est simplement masqué par de petites ombres temporaires. Allégoriquement, cela me permet d’avoir confiance en un « meilleur » à venir, quoi que j’aie à traverser dans la vie.
Une aventure joyeuse, gourmande, joueuse, et pourtant profonde, sérieuse, transformatrice…
Qui a dit que l'écriture n'était réservée qu'aux grand.e.s auteur.rice.s ?