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La famille Simenon débarque à New York en octobre 1945. L’écrivain se met en quête d’une secrétaire, et c’est ainsi qu’il fait la connaissance de la Québécoise Denyse Ouimet, qui deviendra sa seconde épouse et la mère de trois de ses enfants. De cette rencontre est né Trois chambres à Manhattan, le premier roman de l’auteur à paraître aux Presses de la Cité.
En septembre 1946, Simenon emmène tout son monde à la découverte des États-Unis, qu’il parcourt du nord au sud, du Maine au golfe du Mexique. Il tire de ce voyage son ultime reportage, L’Amérique en auto, qui paraît partiellement dans France-Soir en novembre.
Simenon a vécu dix ans en Amérique du Nord, au Canada, en Floride, en Arizona, en Californie, dans le Connecticut. Il y retrouve un rythme d’écriture intense, enchaînant nouvelles, romans durs et enquêtes de Maigret, dont il a repris le personnage juste avant la guerre. Par un prodige de mémoire, il place indifféremment ses intrigues aux États-Unis, à Tahiti, à Paris, à La Rochelle, au Havre ou sur la Côte d’Azur. Traduit dans tous les pays, il est à présent célébré dans le monde entier et les adaptations cinématographiques de son œuvre se succèdent. En 1952, il fait une tournée triomphale en France puis dans son pays natal, qui l’a élu membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises, où il ne siégera qu’une fois. En 1954, il est pressenti pour le prix Nobel, qui sera finalement attribué à Hemingway. En février 1955, il est décoré de la Légion d’honneur au consulat de New York. Il est au faîte de sa popularité, tant publique que critique.
La cinquantaine venue, Simenon en termine avec son expérience américaine. En mars 1955, il quitte définitivement avec les siens les États-Unis pour l’Europe.
« C’est en allant aux Galapagos [que j’ai écrit] Ceux de la soif… Vous vous souvenez de l’histoire de cette Allemande, perdue dans l’archipel des Galapagos, et du mystère qui entourait cette singulière impératrice. C’était un trop beau roman pour que je n’y aille point voir. J’y suis parti en journaliste. J’en suis revenu en romancier. »
Simenon à Richard Dupierreux, Le Soir, Bruxelles, 6 décembre 1936
Clara Malraux avait connu tous les écrivains importants du XXe siècle. Un jour elle me demande : « Laurent, qu’est-ce que tu lis en ce moment ? » Je lui réponds que je lis Les Nourritures terrestres d’André Gide. Et elle se met en colère ! « Quoi ?! Gide ?! Si tu savais comme il s’est comporté quand j’ai divorcé de Malraux ! Tu ferais mieux de lire Simenon ! »
Entretien du réalisateur Laurent Heynemann avec Jacques Santamaria
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