Lisez! icon: Search engine
Par Lisez, publié le 20/11/2019

"Terrible vertu" : qui est Margaret Sanger, l'héroïne du roman d'Ellen Feldman ?

Activiste inclassable et controversée, Margaret Sanger lutta toute sa vie pour le contrôle des naissances et la contraception. Une femme puissante qui a inspiré à l’Américaine Ellen Feldman le roman Terrible vertu (cherche midi).

Aux États-Unis, l’héroïne du nouveau roman d’Ellen Feldman est considérée comme une icône de l’émancipation féminine. Une icône controversée certes, mais qui changea à jamais la vie de millions de femmes. Élevée dans une famille irlandaise et catholique à la fin du 19e siècle, Margaret Higgins grandit dans la pauvreté entourée de ses dix frères et sœurs. Très jeune, elle comprend que les grossesses et les fausses-couches à répétition ont épuisé sa mère physiquement et psychologiquement. Cette dernière meurt prématurément à 50 ans, confortant la jeune Margaret dans l’idée qu’une femme devrait pouvoir choisir combien d’enfants elle souhaite avoir. Se glissant dans la peau de l’activiste, Ellen Feldman écrit dans Terrible vertu : "Cette pauvre Anne Higgins aimait tous ses enfants. C’était bien ce qui me mettait hors de moi. J’aurais voulu qu’elle avoue ses regrets. Qu’elle le dise enfin, que si mon père avait cru aux capotes anglaises (…), elle n’aurait pas passé sa vie à peupler le monde et à nettoyer derrière."

Devenue infirmière, Margaret Higgins travaille dans les quartiers pauvres de Manhattan où elle croise des femmes en souffrance et dont les vies font douloureusement écho à celle de sa mère. Mariée à l’architecte William Sanger en 1902, elle commence à fréquenter des intellectuels et des activistes anarchistes. Puis elle se lance dans l'écriture d'articles pour des journaux socialistes, une période qui marque le début de son engagement. Droit de vote des femmes, luttes ouvrières et bien sûr, contrôle des naissances et accès à la contraception… Margaret Sanger s’exprime librement, prend position. Elle choque la bonne société de l’époque mais cela ne l’empêche pas d’être entendue. En 1914, elle édite le journal The Rebel Woman dans lequel elle défend l’accès légal à l’avortement. Tombant sous le coup d’une loi de 1873 interdisant la distribution d’informations en lien avec la contraception et l’avortement, Margaret Sanger est obligée de fuir les États-Unis pour l’Angleterre.

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par La Femme Merveilleuse (@thecabinetoftheinvisiblewoman) le


Un engagement de toute une vie

Margaret Sanger était clairement en avance sur son temps et il est fort à parier que sa personnalité en ait hérissé plus d’un. Engagée et opiniâtre, manipulatrice même parfois, elle ne collait pas à l’image de la femme sage et docile de l’époque. Mais son discours, aussi choquant soit-il alors, a fait son chemin. Et quand sa fille meurt d’une pneumonie, c’est toute l’Amérique qui s’émeut. Face à la pression populaire, les charges qui pesaient contre elle sont abandonnées et Margaret Sanger peut rentrer à New York. En 1916, elle y ouvre la première clinique pour le contrôle des naissances. L’ouverture de cette clinique va tout changer. Margaret Sanger y dispense des conseils liés à la contraception et est envoyée 30 jours en prison. Elle est soutenue financièrement par de riches donateurs et décide de faire appel. La Cour modifie alors la jurisprudence et décide d’autoriser la prescription de contraceptifs pour raisons médicales. C’est tout ce qu’il fallait à Margaret Sanger pour créer la Ligue du contrôle des naissances qui deviendra le Planning Familial (Planned Parenthood) en 1942.

Icône féministe, Margaret Sanger n’en reste pas moins une personnalité très controversée. Si elle a lutté toute sa vie pour l’accès à la contraception, elle a aussi fréquenté les milieux eugénistes et a milité pour la stérilisation des personnes handicapées. Pour la déstabiliser, ses adversaires l’ont aussi accusée de vouloir limiter la reproduction de la population noire. Les historiens ont prouvé par la suite que Margaret Sanger n’était pas raciste mais qu’elle pensait au contraire que les femmes noires étaient victimes de plusieurs discriminations. Des décennies plus tard, la rumeur sur le prétendu racisme de Margaret Sanger persiste néanmoins…

Régulièrement dans le viseur des conservateurs qui voyaient d’un mauvais œil la création du Planning Familial, jetée en prison, obligée de fuir son pays, Margaret Sanger s’est toujours relevée, portant son combat plus haut et plus fort. Au début des années 50, son engagement prend un nouveau tournant quand elle finance les recherches du docteur Gregory Pincus pour la pilule contraceptive. Jusqu’à la fin de sa vie, elle militera pour la légalisation de la pilule sur le sol américain et verra son souhait exaucé en 1961, soit cinq ans avant sa mort.

Avec Terrible vertu, Ellen Feldman restitue la vie d’une femme hors du commun à la personnalité complexe. Margaret Sanger n’était pas une tendre et elle était pétrie de contradictions. Mais elle a vécu sa vie avec passion et rage et a changé le destin de millions de femmes. Une héroïne en quête d’absolu qu’il est bon de (re)découvrir au travers d’un roman.

Terrible vertu
Portrait d’une des figures les plus influentes et les plus controversées du xxe siècle, ce roman met en scène cette femme indomptable.

Élevée dans un milieu pauvre, par une mère épuisée par treize grossesses, Margaret se fait très jeune le serment de ne jamais subir la vie d’une femme au foyer. Devenue infirmière à une époque où la contraception est illégale, elle décide de se consacrer aux femmes et met sur pied en 1916 la première clinique clandestine de contrôle des naissances. C’est le début d’une vie de luttes enfiévrées qui la conduiront à créer en 1952 le planning familial, avant de militer, par tous les moyens, pour la légalisation de la pilule. Son acharnement la conduira plusieurs fois en prison, elle sera contrainte de fuir les États-Unis pour l’Angleterre et la France, où, là encore, toujours aussi indomptable et provocante, elle poursuivra son inlassable combat pour l’égalité des sexes.

Lisez
Lisez