Peu d’études dans le monde de la recherche francophone avaient été réalisées sur la place des femmes dans les sociétés africaines avant la parution initiale de cet ouvrage, aux éditions Desjonquères, en 1994. Sa réédition est pour son auteure, la spécialiste de l’histoire africaine Catherine Coquery-Vidrovitch, l’occasion de revenir sur les difficultés historiographiques auxquelles elle a pu se heurter au début des années 1990. Les travaux anthropologiques sur le sujet, réalisés au XIX° siècle et sous la période coloniale, avaient les défauts de leur temps : faits par des hommes, pour des hommes, ils ont ancré dans les esprits l’image de « la » femme africaine facile et indolente. C. Coquery-Vidrovitch montre a contrario la diversité des conditions et le rôle économique central des femmes sur un continent où la notion de « femme au foyer » est quasi inexistante : paysannes (davantage que les hommes, à l’exception de la zone sahélienne), commerçantes (on se souviendra des signares – métisses – de Gorée et Saint-Louis, mais aussi des femmes kikuyus qui assuraient le commerce avec les Masaïs), guerrières (incarnées par les célèbres Amazones du Dahomey, symbole de la résistance du royaume ouest-africain à la conquête française en 1894), mais aussi esclaves, reines-mères ou cheftaines… Un ouvrage dense qui balaie nombre de clichés.