« Consacrée à la technoscience, mot composé dont le philosophe belge, Gilbert Hottois revendique la paternité dans les années 1970, cette étude se lit comme une passionnante enquête. Dans l'intention de sortir du conflit actuel entre technophobes et technophiles, l'historienne et philosophe des sciences Bernadette Bensaude-Vincent, se livre à une véritable archéologie du terme - depuis la Seconde Guerre mondiale et le credo de la recherche de la multi- et interdisciplinarité jusqu'au nouveau thème mobilisateur de "convergence" des années 2000, où nanotechnologies, biotechnologies et technologies de l'information se fondent en une seule "inquiétante" et quelque peu utopique technoscience. L'auteur montre d'une part comment cette "aube d'une nouvelle Renaissance qui façonnera le monde atome par atome" provoque un choc culturel, avec l'entrée de la technoscience à la fois dans la sphère politique et dans l'arène publique. Elle expose d'autre part qu'il y a là, plutôt qu'un destin dont nous serions les prisonniers, "un processus historique qui transforme la nature et la société dans son ensemble en une vaste scène expérimentale". »
LE JOURNAL DU CNRS
« "Technoscience" est un terme passe-partout, à connotation idéologique entre gens se comprenant à demi-mot et servant souvent de repoussoir vis-à-vis d'avancées scientifiques et techniques. Le travail épistémologique que propose Bernadette Bensaude-Vincent est à ce titre plus que salutaire. »
SCIENCES HUMAINES
« À lire ce livre, le modèle linéaire "science, d'où innovation technique, d'où nouveaux usages sociaux" a vécu. Il en est de même du modèle de diffusion des sciences à partir des chercheurs vers le public ignorant. Désormais, al logique entrepreneuriale a pénétré les sciences, de même que se brouillent les distinctions usuelles entre science et technique, entre nature et artifice, entre inerte et vivant, entre matière et esprit... »
POUR LA SCIENCE
« Historienne des sciences et membre du comité d'éthique du CNRS, l'auteur, Bernadette Bensaude-Vincent, cherche à comprendre les enjeux réels qui se cachent derrière les discours déjà triomphants des partisans de la convergence des nanotechnologies. Car, c'est bien là la nouveauté qu'il s'agit de saisir dans ce domaine de recherche. Remettant en perspective les débats dépassés sur la distinction des formes de science "pure" et le monde appliqué des technologies, elle entrevoit dans ce désir de plus en plus explicite de la "convergence" entre des disciplines parfois éloignées de la science, autour de l'échelle nanométrique, une idéologie ambiguë et des intérêts financiers, qui ne le sont pas moins. À parcourir l'intitulé des grands programmes de recherches américains ou européens en cours, l'auteur montre comment cette idéologie "nano" est déjà clairement présente, même si elle fait référence à des visions politiques différentes dans les deux cas. Ainsi Bernadette Bensaude-Vincent met en garde contre ce mouvement massif de convergences intellectuelle et technologique autour du programme des nanotechnologies: discours et tentations transhumanistes, tendance à englober les disciplines qui devraient apporter un regard critique, appauvrissement de la diversité des programmes scientifiques et donc perte de savoirs et de savoir-faire. Les dangers sont réels et importants. Un livre passionnant donc, à lire par les décideurs et les citoyens, invités plus que jamais à ne pas se laisser déborder par les pseudo-évidences des discours prophétiques des militants, par ailleurs très respectables, des "nanos". »
LA CROIX
« Les techniques, autrefois subordonnées aux sciences, auraient-elles pris le dessus ? C'est ce que dénonce la philosophe Bernadette Bensaude-Vincent, qui relie ce changement hiérarchique à la subordination de la connaissance à des intérêts pratiques ou économiques. Elle plaide pour « faire entrer les questions de choix technologiques et scientifiques dans la sphère du politique et dans l'arène publique ». »
LA RECHERCHE