Ceux qu'on aime : Le livre de Victoria Hislop

J'ai beaucoup aimé d'autres livres de Victoria Hislop mais celui-ci beaucoup moins. Le récit est très linéaire du début à la fin, ce qui explique je pense que je me suis passablement ennuyée. C'est dommage car l'histoire de la Grèce de 1930 à 1975 environ est intéressante , dramatique et compliquée. D'ailleurs le récit est inégal, certains évènements sont survolés et d'autres décrits sur de nombreuses pages. Pour moi, ce récit manque d'enthousiasme, de flamme, d'envolée

Je me suis une fois de plus fait plaisir en lisant un roman de Victoria Hislop, merveilleuse écrivaine qui sait si bien conter et qui permet de mettre en mémoire des pans d’histoire que l’on ne mémoriserait pas si bien s’ils n’étaient pas inclus dans un roman où évoluent des personnages attachants, haineux, conciliants, qui permettent de découvrir toutes les facettes d’un événement. C’est le troisième roman que je lis de cette autrice et je retrouve une trame identique : un personnage se retrouve en contact d’un ou plusieurs autres qui expriment leur intérêt pour le passé, et la narration commence : ce premier personnage se fait le témoin d’une époque et livre son parcours jusqu’alors inconnu de l’interlocuteur. C’est ainsi que j’ai découvert que la Grèce avait une histoire mouvementée aux gouvernements instables voire inexistants puisque durant la seconde guerre mondiale, le gouvernement se réfugie en Crète. Et la Grèce sera le théâtre de violences, de tension entres royalistes sympathisant avec les nazis et communistes, reproduction à plus petite échelle de ce qui se passa dans le reste du monde. Après l’occupation, la famine, la soumission aux Allemands, la guerre civile et l’engagement des communistes dans les milices organisées à l’extérieur du pays, la guérilla, la déportation dans les îles, le putsch qui met une junte au pouvoir durant sept ans. Nos personnages seront malmenés à l’extrême dans ce tourbillon de folie meurtrière. Ces événements, c’est Thémis qui les raconte, Thémis est la benjamine d’une famille perturbée par des soucis matériels, une mère instable, un père absent, une discorde entre les aînés et les plus jeunes. On y fera connaissance d’une aïeule dévouée qui saura apaiser les tensions. Tous prendront des chemins différents tous plus cahoteux les uns que les autres. Le parcours de Thémis peut se montrer surprenant, elle n’est que courage, volonté et acharnement. On ne peut que s’attacher à cette jeune femme douce qui saura faire preuve d’une persévérance extrême. Cela surprend si l’on en juge par le comportement de cette grand-mère tranquille et sans histoire dont on fait la connaissance au début du récit. Ce roman m’a vraiment captivée, j’y ai beaucoup appris sur la Grèce, pays que j’aime particulièrement et sur son histoire. J’ai aimé retrouver des lieux où je suis passée lors de mon voyage en Grèce l’année dernière.

Troisième livre de cette auteur que je lis. Je n'ai pas espacé assez les deux romans (Le fil des souvenirs) et je m'emmêlais un peu dans l'histoire. Le début m'a beaucoup plu mais j'ai trouvé le livre trop long. Je lui mets quand même les trois étoiles car j'ai été émue. On découvre les liens dans cette famille : deux parents, quatre enfants (deux filles et deux garçons) et la grand-mère paternelle. Après un séisme, leur logement est détruit mais toute la famille s'en sort indemne. Ils vont vivre chez la grand-mère paternelle ravie. Le mari va aller travailler hors de la Grèce et la femme va dépérir allongée sur un lit. La grand-mère va s'occuper des quatre enfants. Il y a une division politique dans le pays. Cette division se fera également dans la famille : un garçon va rejoindre la police et suivre la dictature. Une fille va se lier avec les nazis allemands et se fondre dans les décisions. Un garçon va rejoindre les communistes et lutter contre les lois. La fille Thémis, personnage central, va aider les communistes. Elle fera des petits gestes au début puis de plus amples : elle va tuer, être emprisonnée, signer une dilosi et rejoindre sa famille restée dans la maison. Les liens avec son frère policier sont compliqués mais ils vont apprendre à vivre de nouveau ensemble avec les enfants de Thémis.

Après la Crète (L’Île des oubliés, dans lequel l’autrice rendait hommage à une population oubliée : les lépreux de Spinalonga), c’est à Athènes que Victoria Hislop m’a emmenée, dans une fresque poignante qui mêle amour, résistance, guerre civile et mémoire. Le roman suit Themis, une jeune Athénienne issue d’une famille bourgeoise, tiraillée entre ses origines conservatrices et ses idéaux de justice sociale. Dès son adolescence, Themis est confrontée aux soubresauts politiques de la Grèce du XXe siècle : occupation nazie, guerre civile, dictature des colonels… Une découverte en ce qui me concerne ! Autant d’épisodes tragiques que Victoria Hislop restitue avec précision et sensibilité, sans jamais sombrer dans une leçon d’histoire. Themis choisit le camp de la résistance, puis celui des communistes. Un engagement total, qui lui vaudra la prison, la torture, l’exil. Mais au cœur de cette noirceur, ce sont les liens humains qui font tenir les personnages : l’amitié, l’amour, la famille, la mémoire des morts. Themis est un personnage rare, de ceux qui marquent longtemps après la dernière page. Forte, mais profondément humaine. Son parcours, fait de choix difficiles et de sacrifices, met en lumière le prix de la liberté et le courage des convictions. Victoria Hislop en fait un symbole discret, presque modeste, de la résistance et de la résilience. Le roman alterne entre le présent – alors que Themis raconte son histoire à ses petits-enfants – et le passé. Ce jeu de temporalité crée un pont entre générations, et pose une question essentielle : que reste-t-il de l’Histoire dans la mémoire familiale ? Que transmet-on de nos combats ? Fidèle à son style, Victoria Hislop adopte une écriture simple, fluide, accessible, mais toujours juste. On sent une immense tendresse pour ses personnages, même les plus ambigus. Et surtout, un profond respect pour l’histoire grecque, qu’elle restitue avec une rigueur documentée.