Galette au miel : Le livre de Haruki Murakami, Kat Menschik

Cette jolie fable d'Haruki Murakami est magnifiquement illustrée par Kat Menschick (avec qui il avait déjà collaboré pour de précédents ouvrages, mais que je n'ai pas lus à l'heure où j'écris ces lignes) Elle nous narre l'histoire d'un conteur qui invente des histoires pour rassurer une petite fille traumatisée par le tremblement de terre de Kobe.

Tout est beau dans ce livre, une histoire émouvante et des illustrations aux teintes lumineuses de violet/jaune/rouge/rose/blanc (pas une couleur de plus). Le livre a un format idéal, peu de pages, un papier glacé, un texte très centré avec des marges importantes comme s'il ne devait pas s'effondrer avec le séisme de Kobé. Les dessins sont tout simplement magiques, magnifiques, me tirant même quelques larmes au dernier (déjà la fin !?). Et cette histoire qui démarre avec trois amis à la fac et que nous suivons tout simplement lors de leur vie d'adulte. Sans oublier Sara qui pourra surmonter ses cauchemars grâce à deux copains ours. Un vrai coup de coeur moi qui ne connaissait pas H. Murakami.

Un petit livret, un ours, de jolis dessins et une histoire d’amour et d’amitié sur fond de traumatisme. Murakami et son talent de conteur tranquille, nous livre ici une petite histoire simple, teintée de mélancolie et de poésie. Avec l’aide de Junpei, Sayoko, Sara et Takatsuki, il rend hommage aux victimes du séisme de Kobe. À lire tout simplement en écoutant Shubert.

#x1f36f- La parabole discrète : le mystère au cœur de l’ordinaire. « Même l’ours le plus ordinaire cache au moins une chose intéressante. » Cette phrase, lancée presque en passant, contient toute la substance de la nouvelle. L’ours, c’est peut-être ce camarade terne, indéfini, dont on ignore presque tout, mais qui surgit un jour, porteur d’un souvenir. C’est aussi chaque être humain : maladroit, solitaire, et pourtant riche d’un monde intérieur unique. Murakami, sans didactisme, propose une petite parabole moderne sur l’invisible richesse des existences modestes. Le mystère, chez lui, n’est jamais spectaculaire. Il se cache dans une tasse de thé, un geste mal formulé, ou une galette que l’on ne voulait pas vraiment partager. Ce qui est touchant ici, c’est que l’étrangeté ne détruit pas l’ordinaire : elle le révèle, elle l’élève. - Une atmosphère flottante, murakamienne par essence. La narration, comme souvent dans l’œuvre de Murakami, évolue dans une zone grise entre souvenir et songe. L’action est réduite, mais le climat mental est dense, presque feutré. On ne sait jamais vraiment si ce qui est raconté a eu lieu tel quel, ou s’il s’agit d’une réécriture intérieure, une transfiguration poétique d’un événement sans relief. Il n’y a ni révélation spectaculaire ni chute dramatique. Seulement une sensation persistante : celle d’avoir approché, un instant, l’énigme silencieuse que chacun porte en soi. Chez Murakami, les relations sont des passerelles instables entre des êtres blessés. Et pourtant, parfois, il arrive qu’on les traverse. L’espace d’une galette, d’un silence partagé. - Une douceur existentielle. Sans jamais hausser le ton, Murakami nous livre ici une méditation discrète sur la solitude, l’altérité, et la valeur cachée de l’ordinaire. Galette au miel est une œuvre mineure en apparence, mais elle touche à quelque chose de fondamental : ce besoin d’être reconnu, ne serait-ce qu’un instant, par un autre. La phrase sur l’ours — ce totem tendre et un peu gauche — devient une maxime douce pour nos vies modernes : il y a toujours, en chacun, quelque chose d’intéressant. Encore faut-il oser le découvrir. C’est peut-être cela, au fond, l’hospitalité murakamienne : une galette offerte, sans motif, avec juste ce qu’il faut de miel.