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Aden Arabie
Jean-Paul Sartre (préface de)
Date de parution : 16/05/2002
Éditeurs :
La Découverte

Aden Arabie

Jean-Paul Sartre (préface de)
Date de parution : 16/05/2002

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie.
Tout menace de ruine un jeune homme : l’amour, les idées, la perte...

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie.
Tout menace de ruine un jeune homme : l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée parmi les grandes personnes. Il est dur à apprendre sa partie dans le monde.
À quoi ressemblait...

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie.
Tout menace de ruine un jeune homme : l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée parmi les grandes personnes. Il est dur à apprendre sa partie dans le monde.
À quoi ressemblait notre monde ? Il avait l’air du chaos que les Grecs mettaient à l’origine de l’univers dans les nuées de la fabrication. Seulement on croyait y voir le commencement de la fin, de la vraie fin, et non de celle qui est le commencement d’un commencement. »

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EAN : 9782707137517
Code sériel : 125
Façonnage normé : POCHE
Nombre de pages : 168
Format : 125 x 190 mm
EAN : 9782707137517
Code sériel : 125
Façonnage normé : POCHE
Nombre de pages : 168
Format : 125 x 190 mm

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • mylena 06/11/2023
    Ce livre, resté célèbre par son incipit ( "J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie." ), est d’un bout à l’autre un cri avant même d’être un pamphlet. L’auteur s’en prend d’abord au milieu où il a grandi, à la France de l’après-guerre (il a vingt ans en 1925), à son intelligentsia, à l’absence de perspectives, d’avenir, d’horizon. Il décide donc de partir, loin de la vieille Europe. Ce sera Aden. Pourquoi Aden ? Le lecteur n’en saura rien, probablement par hasard. D’ailleurs un élément remarquable de ce récit autobiographique est l’absence quasi totale d’éléments autobiographiques concrets. Un peu imbu de lui-même et probablement dépressif, il prend donc le large. A Aden il travaille en fait comme précepteur chez un riche homme d’affaire. Loin d’un univers d’aventures à la Rimbaud ou à la Gauguin, il tombe dans un milieu étriqué où même tous les colons blancs ne se fréquentent pas, de même que les arabes ne fréquentent pas les juifs. Aden est en pleine expansion, en pleine occidentalisation, économique du moins, parce que côté culture, il n’y a rien. Du coup le voilà encore plus désabusé, désenchanté, et, tel Ulysse, il finit par rentrer au bercail où... il adhère au Parti Communiste. Paul Nizan a été un écrivain très connu jusqu’à sa mort (au front en 1940), mais à partir d’août 1939, il subit des attaques nombreuses et virulentes de la part du Parti Communiste avec lequel il est en rupture suite à la signature du pacte germano-soviétique. Comme l’explique Jean-Paul Sartre dans sa très longue préface « L'anéantissement de Nizan fut décidé. Une balle explosive l'avait, entretemps, frappé derrière la nuque, mais cette liquidation ne satisfit personne : il ne suffisait pas qu'il eût cessé de vivre, il fallait qu'il n'eût pas du tout existé. On persuada les témoins de sa vie qu'ils ne l'avaient pas connu pour de vrai : c'était un traître, un vendu. » Cette longue préface, pas toujours limpide, a failli m’arrêter et finalement je ne l’ai lu qu’après. Elle était nécessaire en 1960 pour des lecteurs qui n’avaient aucun élément pour comprendre Aden Arabie, mais à l’heure actuelle j’ai eu l’impression que c’était la préface qui avait besoin, et de notes, et d’explications, en tout cas pour moi ! Sartre était frappé en 1960 par l’actualité du texte, et, franchement, le cri du jeune Nizan dans ses conclusions n’a guère pris de rides ! Et quelle belle plume, riche, travaillée et en même temps pleine de pointes d’ironie ( « Je suis arrivé, il n'y a pas de quoi être fier » « Vous pouvez uriner librement dans la mer : nommerez-vous ces actes la liberté ? » ) entre de grandes envolées philosophiques et des métaphores parfois devenues énigmatiques. Maintenant que je l’ai découverte, cette plume, il ne me reste plus qu’à me plonger dedans, à découvrir ses romans (j’ai encore quatre autres livres de Nizan), et à méditer sur les dégâts de toute forme de cancel culture !Ce livre, resté célèbre par son incipit ( "J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie." ), est d’un bout à l’autre un cri avant même d’être un pamphlet. L’auteur s’en prend d’abord au milieu où il a grandi, à la France de l’après-guerre (il a vingt ans en 1925), à son intelligentsia, à l’absence de perspectives, d’avenir, d’horizon. Il décide donc de partir, loin de la vieille Europe. Ce sera Aden. Pourquoi Aden ? Le lecteur n’en saura rien, probablement par hasard. D’ailleurs un élément remarquable de ce récit autobiographique est l’absence quasi totale d’éléments autobiographiques concrets. Un peu imbu de lui-même et probablement dépressif, il prend donc le large. A Aden il travaille en fait comme précepteur chez un riche homme d’affaire. Loin d’un univers d’aventures à la Rimbaud ou à la Gauguin, il tombe dans un milieu étriqué où même tous les colons blancs ne se fréquentent pas, de même que les arabes ne fréquentent pas les juifs. Aden est en pleine expansion, en pleine occidentalisation, économique du moins, parce que côté culture, il n’y a rien. Du coup le voilà encore plus désabusé, désenchanté, et, tel Ulysse, il...
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  • Lwar 26/08/2023
    Petit ouvrage, très grand livre, que dans ma faiblesse il m'a fallu apprendre à apprécier ! Mais un respect progressif a façonné l'amour qu'il me manquait. Évidemment, certaines choses sont aujourd'hui déplorables, d'autant plus après la leçon des totalitarismes et des deux guerres mondiales. Il y a là un appel à la violence et un extrémisme caricaturaux, qui puent l'époque (mais aussi la jeunesse de l'auteur, propre à donner à la réalité du monolithisme) dans ce qu'elle a de pire. On regrettera cette hargne puérile qui par son déploiement même montre bien qu'il n'a jamais eu à en pâtir. Lorsque l'ardeur juvénile se conjugue à un temps qui encense l'action, la révolution pour la révolution, la violence pour la violence (des communistes français aux fascistes roumains des années 30, sur ce point même combat) – un temps d'impatience et d'irréflexion, on en vient aux mêmes imprécations stéréotypées et toujours ridicules, malheureuses car on en sait le dénouement, et qui cherchant à relever l'Homme ou les hommes ne trouvent comme manière de s'effectuer que le rabaissement d'un « Brunschvicg », d'un « Bergson », d'un « Dreyfus », eux qui pour grand malheur n'ont souvent eu le bonheur de crier « [Vive la mort,] à bas l'intelligence ! » De même, il y a dans toute la philosophie primesautière de Nizan l'échec d'en avoir une vraiment, c'est-à-dire d'aller en profondeur sur les causes qui font notre souffrance et notre aliénation – je dirais même d'ignorer totalement les « considération métaphysiques » –, de s'arrêter plutôt sur la superficialité d'un début de siècle français où la seule alternative publique, connue, crue – car cette révolution-ci a réussi – est ce communisme que Moscou régit ; avec bien sûr toute sa « lutte des classes » et tout son réductionnisme de bon aloi. Il est toujours facile d'attribuer au Bourgeois le malheur que l'on sent en nous, d'hypostasier notre mécontentement, du koulak au notable en passant par le juif. Mais – est-ce juste ? Or, c'est justement cela, toujours, qu'il s'agit de savoir. Et comment Nizan pourrait-il le savoir, lui qui sacrifie sur l'autel du crime, en vue d'un bien rêvé, tout ce qui ne lui agrée, y compris toute abstraction intellectuelle ? On rit, et on pleure, et on rit, lorsqu'on le lit condamnant la Recherche au détour d'une phrase, et notre sourire s'accompagne d'une interrogation : doit-on vraiment sourire ?... Des individus plus grands que Paul Nizan n'ont pas fondé leur pensée sur un ressentiment ; n'ont pas sublimé ce ressentiment par des mots éclatants ; n'ont pas confondu le vice et la rancœur avec la générosité du cœur. – Mais ici il ne s'agit pas d'eux ! Si nous acceptons tous ces défauts, et à vrai dire la progression même de la lecture – par rapport au caractère rétrospectif d'une critique volontairement négative – tend à les racheter aux yeux du lecteur, attendu qu'ils sont perdus dans la masse des innombrables qualités, le reste n'est que bonheur : ainsi, sa verve, originale, fulgurante, et la beauté du style ; le génie de ses pensées particulières, toujours pertinentes, touchant juste aujourd'hui encore, toujours aussi incisives (Thomas Bernhard paraît mignon en comparaison) – philosophie brillante, vraiment, philosophie sublime. Certes, on ne pardonne pas un monstre sur la base de ses envolées philosophiques. Mais, ici, il n'y a pas de monstre. Il y a un jeune homme de quoi ? 25, 26 ans ? qui mourra au combat neuf ans plus tard, le 23 mai 1940, en n'ayant peut-être jamais connu le nom de Sigmaringen. Il y a une époque (et un anticolonialisme d'autant plus bienvenu qu'encore rare). Il y a de l'espoir – et donc des œillères. On en voudra à l'ignorance et à la bassesse de gâter quelque peu un livre autrement génial, mais le péché ici n'est encore que véniel. Bien qu'on puisse déjà, de façon justifiée, ne pas lui pardonner cela. Toujours est-il que je considère pour ma part que ce livre vaut encore la peine d'être lu. Il peut être pénible parfois, et à vrai dire je n'en aime pas tant le début, ni l'incipit, mais quelle force – quel talent d'écriture ! PS : Par association d'idées, et après avoir songé à la lettre de Victor Hugo adressée au capitaine Butler à propos du sac du Palais d'été en 1861, je pense à présent à la lettre ouverte que les surréalistes ont adressée à Paul Claudel en 1925, qui peut bien être une bonne introduction à la leçon et au ton de Nizan lui-même : « Monsieur, Notre activité n’a de pédérastique que la confusion qu’elle introduit dans l’esprit de ceux qui n’y participent pas. Peu nous importe la création. Nous souhaitons de toutes nos forces que les révolutions, les guerres et les insurrections coloniales viennent anéantir cette civilisation occidentale dont vous défendez jusqu’en Orient la vermine et nous appelons cette destruction comme l’état de choses le moins inacceptable pour l’esprit. Il ne saurait y avoir pour nous ni équilibre ni grand art. Voici déjà long-temps que l’idée de Beauté s’est rassise. Il ne reste debout qu’une idée morale, à savoir par exemple qu’on ne peut être à la fois ambassadeur de France et poète. Nous saisissons cette occasion pour nous désolidariser publiquement de tout ce qui est français, en paroles et en actions. Nous déclarons trouver la trahison et tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, peut nuire à la sûreté de l’État beaucoup plus conciliable avec la poésie que la vente de « grosses quantités de lard » pour le compte d’une nation de porcs et de chiens. C’est une singulière méconnaissance des facultés propres et des possibilités de l’esprit qui fait périodiquement rechercher leur salut à des goujats de votre espèce dans une tradition catholique ou gréco-romaine. Le salut pour nous n’est nulle part. Nous tenons Rimbaud pour un homme qui a désespéré de son salut et dont l’œuvre et la vie sont de purs témoignages de perdition. Catholicisme, classicisme gréco-romain, nous vous abandonnons à vos bondieuseries infâmes. Qu’elles vous profitent de toutes manières ; engraissez encore, crevez sous l’admiration et le respect de vos concitoyens. Écrivez, priez et bavez ; nous réclamons le déshonneur de vous avoir traité une fois pour toutes de cuistre et de canaille. » (On m'excusera peut-être cette critique qui n'en est pas une.)Petit ouvrage, très grand livre, que dans ma faiblesse il m'a fallu apprendre à apprécier ! Mais un respect progressif a façonné l'amour qu'il me manquait. Évidemment, certaines choses sont aujourd'hui déplorables, d'autant plus après la leçon des totalitarismes et des deux guerres mondiales. Il y a là un appel à la violence et un extrémisme caricaturaux, qui puent l'époque (mais aussi la jeunesse de l'auteur, propre à donner à la réalité du monolithisme) dans ce qu'elle a de pire. On regrettera cette hargne puérile qui par son déploiement même montre bien qu'il n'a jamais eu à en pâtir. Lorsque l'ardeur juvénile se conjugue à un temps qui encense l'action, la révolution pour la révolution, la violence pour la violence (des communistes français aux fascistes roumains des années 30, sur ce point même combat) – un temps d'impatience et d'irréflexion, on en vient aux mêmes imprécations stéréotypées et toujours ridicules, malheureuses car on en sait le dénouement, et qui cherchant à relever l'Homme ou les hommes ne trouvent comme manière de s'effectuer que le rabaissement d'un « Brunschvicg », d'un « Bergson », d'un « Dreyfus », eux qui pour grand malheur n'ont souvent eu le bonheur de crier « [Vive...
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  • Dandine 04/06/2021
    Relecture a des annees-lumiere. Sous le couvert d'une experience autobiographique, c'est un pamphlet. Cela commence par une diatribe contre l’entourage ou il a grandi, ou il remue dans ses annees de jeunesse. Il se voit un avenir insipide, affligeant, dans une societe etriquee, hypocrite, fiere de ses oeilleres, fiere de ses prejuges. C'est l'absence d'horizon. Ecoeure, il abandonne des etudes prometteuses et part. Pour ou? “Pas de voyages en Europe […] C’etait d’elle qu’il etait important de nous debarrasser. Et ailleurs reposaient les autres continents, charges des forces, des vertus, des sagesses absentes de notre province. Tout valait mieux qu’elle, et qu’elle tout entiere. Et en effet l’ombre des cartels allemands, des milices fascistes, des textiles anglais, des bourreaux roumains, des socialistes polonais etait aussi noire et froide que celle du comite des Forges et des usines de Saint-Gobain. […] Franchissons donc les limites de cette presqu’ile limitee par des mers et les poteaux frontieres de la Russie. Condamnons cette taupiniere avec ses tas de scories, les crassiers de ses vieilles mines”. Ce sera donc loin de l'Europe. Aden. Mais Aden se revele etre une societe encore plus sterile, d'une vacuite pretentieuse, et encore plus rebutante dans les relations entre les diverses populations. “(ils) vivaient par clans, par religions, par couleurs de peau, par nations, par clubs, par maisons de commerce, par regiments. Ils passaient leur temps a inventer des subdivisions, des cloisons, des echelons sur lesquels ces singes montaient et descendaient. […] Dire que ces fous auraient pu aimer des hommes, qu’ils n’etaient faits que pour cela ! les Arabes haissaient les Juifs, les membres de l’Union Club meprisaient ceux de l’international Club qui admettait les ingenieurs italiens des salines, les fabricants grecs de cigarettes dont aucun officier de l’artillerie britannique ne saurait parler sans rire. […] Il y avait un jeu inextricable de distances sociales ou tout ce monde se glissait et se reconnaissait avec une dexterite merveilleuse, des degres hierarchiques au bas desquels se trouvaient sans doute les Juifs humbles et crasseux qui habitent autour de la synagogue ou ils vont se consoler de bien des affronts en priant le dieu des vengeances, les epaules entourees d’un thaless poetique comme la nuit. Au sommet de la pyramide il y avait l’agent de la Peninsular, deux ou trois commerçants puissants dans la mer Rouge, les officiers, le gouverneur, et dans le Crescent, à Steamer Point, la statue assise de la grosse reine Victoria avec ses joues pendantes, ses petits yeux coinces d’ivrognesse”. Il se rend compte que “Aden etait une image fortement concentree de notre mere l’Europe, c’etait un comprime d’Europe. […] Le levant reproduit et commente le ponant”. Il comprend que tout le globe est contamine par un systeme social qui ne voit en l'homme que l'homo economicus. Et que c'est ce systeme qu'il doit combattre, partout et n'importe ou. “Homo Economicus marche sur les derniers hommes, il est contre les derniers vivants et veut les convertir a sa mort. […] Homo Economicus a son illusion du bonheur : il parle de sa puissance, et il entretient des hommes pour lui fabriquer des illusions : des romanciers, des historiens, des poetes epiques, des philosophes. […] L’heure me presse de detruire et de denuder ces mannequins de peau, d’ossements et de calculs, que je prenais pour d’invincibles demons. C’est le moment de faire la guerre aux causes de la peur”. Il reviendra donc en France, combattre pour une meilleure societe, pour un systeme plus humain. “La fuite ne sert a rien. Je reste ici : si je me bats, la peur s’evanouit. […] Je vais vivre parmi mes ennemis”. Il y a des annees-lumiere je l'avais lu dans la “petite collection maspero". Un petit livre a couverture verte qu'un de mes amis m'a fauche je ne sais plus quand. Emprunte derriere mon dos. A la relecture aujourd’hui l'ecriture m'impressionne encore, le ton moins. L'age fait que je morde moins a sa rethorique, que je releve de petites chutes qui m'agacent, que j'essaie de dechiffrer, entre les lignes, ce que Nizan n'ecrit pas. Qui n'a reve de partir sur les traces de Rimbaud? A l'aventure? Aden! Le Harrar! Ou de Gauguin? Les iles d'Outremer! Les Marquises! Nizan a surement reve de les imiter. Mais en fait il part embauche d’avance comme precepteur des enfants d'un riche anglais. Aventure en version restreinte. Matelassee. A son retour il milite au parti communiste, ce qui a l'epoque etait un vrai engagement de combat pour une societe plus juste, meilleure, mais il continue aussi ses etudes de philosophie, il ecrit des romans, tout comme les intellectuels qu'il avait denigres. Il me faut noter en sa faveur qu'il a rompu avec le parti en 1939, a la suite du pacte que Molotov signe avec les nazis. Et il est mort si jeune qu'on ne peut que conjecturer de son evolution. Dans le texte meme du livre certains passages m'ont gene. Il meprise les autochtones d'Aden, passifs, fatalistes, croupissant sous le soleil. C’est la plus totale des corruptions. Et il lache quelques remarques fleurant bon l'antisemitisme, du genre: “mais les bourgeois produisent et possedent abstraitement. Comme il y a beau temps qu'ils ont herite d'Israel, ils passent la vie a preter a interet". Avant cela, critiquant les intellectuels francais, il a un mot charmant pour le philosophe Leon Brunschwicg: “Ce petit revendeur de sophismes avait un physique de vieux maitre d’hotel autorise sur le tard a porter ventre et barbe. La ruse sortait du coin de ses yeux, guidait dans l’espace gris les courts mouvements de ses mains doucereuses de marchand juif”. Mais ces remarques ne sont surement que des broutilles. Il ya quand meme une grande lecon a retenir de ce livre: “J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel age de la vie”. En effet, c'est plutot l'age ou on ecrit des imprecations. Relecture a des annees-lumiere. Sous le couvert d'une experience autobiographique, c'est un pamphlet. Cela commence par une diatribe contre l’entourage ou il a grandi, ou il remue dans ses annees de jeunesse. Il se voit un avenir insipide, affligeant, dans une societe etriquee, hypocrite, fiere de ses oeilleres, fiere de ses prejuges. C'est l'absence d'horizon. Ecoeure, il abandonne des etudes prometteuses et part. Pour ou? “Pas de voyages en Europe […] C’etait d’elle qu’il etait important de nous debarrasser. Et ailleurs reposaient les autres continents, charges des forces, des vertus, des sagesses absentes de notre province. Tout valait mieux qu’elle, et qu’elle tout entiere. Et en effet l’ombre des cartels allemands, des milices fascistes, des textiles anglais, des bourreaux roumains, des socialistes polonais etait aussi noire et froide que celle du comite des Forges et des usines de Saint-Gobain. […] Franchissons donc les limites de cette presqu’ile limitee par des mers et les poteaux frontieres de la Russie. Condamnons cette taupiniere avec ses tas de scories, les crassiers de ses vieilles mines”. Ce sera donc loin de l'Europe. Aden. Mais Aden se revele etre une societe encore plus sterile, d'une vacuite pretentieuse, et encore plus rebutante dans les relations entre les diverses...
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  • Bilal_Van_Syrut 25/04/2020
    Passé l'un des plus célèbres incipit de la Littérature française du XXème siècle, Nizan nous amène, dans le sillage du vapeur qui l'entraîne loin de la vieille Europe, aux portes de l'Orient. Aden, Arabie. La fuite est l'une des raisons propices au voyage, et ce jeune Normalien lassé des bruits d'enfants de la rue d'Ulm nous dépeint la normalité suante et besogneuse de ses congénères jetés dans la péninsule Arabe par les compagnies coloniales et pétrolières occidentales. Les descriptions de paysages sont étonnantes, les réflexions profondes et intelligentes, mais l'on se perd trop souvent dans ce dédale de phrases alambiquées qu'il faut lire et relire pour parfois finalement n'en pas saisir le sens. C'est bien là que le bât blesse, il y a peut être du génie dans cet ouvrage, mais à toucher l'Olympe on en oublie les mortels. S'il y a bien une marque Paul Nizan dans cette oeuvre, c'est l’utilisation de "comme", comme un leitmotiv, et l'on se délecte de ses comparaisons acerbes mais touchant toujours au but. Partir loin, prendre de la distance vis-à-vis du monde d'où l'on vient, l'abhorrer et le vomir. Aden Arabie c'est une extrospection. Adieu l'ancien temps, celui des professeurs en habits de notaires honnêtes et de la bien-pensance de la bourgeoisie parisienne, Adieu Homo Economicus, voici le siècle nouveau. Il semble qu'il faille aux érudits ce temps de l'ailleurs pour remettre leurs idées fécondes dans le bon ordre. Dans le cas de Nizan, c'est chose faite, avant de mourir précocement, mais pas autant que Galois. Passé l'un des plus célèbres incipit de la Littérature française du XXème siècle, Nizan nous amène, dans le sillage du vapeur qui l'entraîne loin de la vieille Europe, aux portes de l'Orient. Aden, Arabie. La fuite est l'une des raisons propices au voyage, et ce jeune Normalien lassé des bruits d'enfants de la rue d'Ulm nous dépeint la normalité suante et besogneuse de ses congénères jetés dans la péninsule Arabe par les compagnies coloniales et pétrolières occidentales. Les descriptions de paysages sont étonnantes, les réflexions profondes et intelligentes, mais l'on se perd trop souvent dans ce dédale de phrases alambiquées qu'il faut lire et relire pour parfois finalement n'en pas saisir le sens. C'est bien là que le bât blesse, il y a peut être du génie dans cet ouvrage, mais à toucher l'Olympe on en oublie les mortels. S'il y a bien une marque Paul Nizan dans cette oeuvre, c'est l’utilisation de "comme", comme un leitmotiv, et l'on se délecte de ses comparaisons acerbes mais touchant toujours au but. Partir loin, prendre de la distance vis-à-vis du monde d'où l'on vient, l'abhorrer et le vomir. Aden Arabie c'est une extrospection. Adieu l'ancien temps, celui des professeurs en habits de...
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  • Warrenbismuth 19/10/2019
    Étouffé, saturé, dégoûté par la France et surtout les français, leur mode de vie, la compétition, la surconsommation, les vieilles coutumes et les vieux réflexes capitalistes et bourgeois, Paul NIZAN part s’aérer entre septembre 1926 et avril 1927 au Yémen, du côté d’Aden, alors sous domination britannique. « Chacun veut assurer son évasion par ses propres moyens ». Les plaies de la première guerre mondiale sont encore béantes dans les esprits, le traumatisme reste entier. Et NIZAN de ne plus pouvoir supporter l’humain. Ce texte, premier bouquin de NIZAN, est un essai doublé d’un récit de voyage. Un essai pour le début et la fin du récit, avant que l’auteur ne parte prendre l’air en « Arabie », et après qu’il soit revenu. Tout le reste, la couche fondante entre les deux, est la description d’un pays, d’une région arabe, mais aussi de ses habitants, là aussi les coutumes, là aussi l’humain, là aussi le dégoût. L’essai est offensif, sorte d’attaque à la mitraillette. Souvenons-nous de la phrase entamant le livre, ô combien célèbre et ô combien révélatrice : « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie ». L’entrée en matière est au moins immédiate, un coup de fer à chauffer au cœur de la couenne. « Mais nous sommes faibles, l’impuissance est en nous, nous sommes dressés à l’esclavage docile depuis notre enfance confortable : nul moyen de dépister en nous les sources de l’espoir, nous ne sommes pas sourciers. Nul moyen de comprendre que nous souffrons du désoeuvrement de nos besoins humains. Nos maîtres paraissent inébranlables, les machines qui laminent toutes les existences trop bien jointes pour être brisées ». Si ce n’était que ça, mais NIZAN ne supporte plus les philosophes, semble envier les suicidés, envoie des missiles au colonialisme. Alors il va voyager. Il a vingt ans. Récit de voyage donc : l’auteur raconte ce qu’il voit, ce qu’il entend, peut-être pas de manière reposée mais en tout cas moins sur la brèche que lors du début du bouquin. Là-bas la culture locale semble être propriété des autochtones, les européens vivent à l’européenne, de nombreux paysages rappellent la France et l’économie est reine, tu parles d’un dépaysement ! En somme, l’électrochoc attendu n’a pas lieu (ou alors NIZAN préfère rester silencieux sur ce point), pourtant l’auteur adhère au Parti Communiste à son retour. Renaissance ? Fini l’adhésion aux idées d’extrême droite même si ici le récit est entaché de quelques réflexions antisémites. Nul ne change en un jour. NIZAN revoit à son retour ce qu’il a quitté : « Le cercle bouclé, je vis un matin le château d’If, et devant les collines blanches, Notre-Dame-de-la-Garde. J’étais servi : les premiers emblèmes venus à ma rencontre étaient justement les deux objets les plus révoltants : une église, une prison ». Désillusion. Existe-t-il quelque part sur cette vieille terre un lieu où l’homme n’est pas un loup pour l’homme ? « C’est le moment de faire la guerre aux causes de la peur. De se salir les mains : il sera toujours temps de voir des frères. Je suis dans cette position de faire la guerre pour être complètement délivré de la peur qui m’atteignit comme une flèche, jusqu’en Arabie, quand j’avais le droit de me croire dans un lieu écarté et enfin pacifique. La fuite ne sert à rien ». Pamphlet aux accents d’un ZO d’AXA, radical, sans concession et sans nuances, « Aden Arabie » se lit comme une charge contre l’homme, colorée par un cynisme quelque peu nihiliste. Provocation ou mal-être ? Sans doute un peu des deux. Les phrases font mal, giflent, écorchent et griffent. Pourtant elles sont belles et parfois lucides. Avec ce bouquin NIZAN entrait dans la cour des grands à grands coups de poings sous le menton. L’entre-deux guerre avait son dynamiteur. https://deslivresrances.blogspot.fr Étouffé, saturé, dégoûté par la France et surtout les français, leur mode de vie, la compétition, la surconsommation, les vieilles coutumes et les vieux réflexes capitalistes et bourgeois, Paul NIZAN part s’aérer entre septembre 1926 et avril 1927 au Yémen, du côté d’Aden, alors sous domination britannique. « Chacun veut assurer son évasion par ses propres moyens ». Les plaies de la première guerre mondiale sont encore béantes dans les esprits, le traumatisme reste entier. Et NIZAN de ne plus pouvoir supporter l’humain. Ce texte, premier bouquin de NIZAN, est un essai doublé d’un récit de voyage. Un essai pour le début et la fin du récit, avant que l’auteur ne parte prendre l’air en « Arabie », et après qu’il soit revenu. Tout le reste, la couche fondante entre les deux, est la description d’un pays, d’une région arabe, mais aussi de ses habitants, là aussi les coutumes, là aussi l’humain, là aussi le dégoût. L’essai est offensif, sorte d’attaque à la mitraillette. Souvenons-nous de la phrase entamant le livre, ô combien célèbre et ô combien révélatrice : « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie ». L’entrée en matière...
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