Je suis la maman du bourreau : Le livre de David Lelait-Helo

[masquer]Découverte du livre a la bibliothèque, qui a été noté comme "coup de cœur" Livre qui se lit rapidement dont le thème est très interessant et qui est principalement du point de vue de la "maman". J'aurais aimé que l'auteure aborde un peu plus l'amour que la mère porte à son fils, après qu'elle ait pris connaissance de ses crimes. C'est un sujet qui est abordé mais qui aurait mérité un approfondissement selon moi. [/masquer]

Gabrielle de Miremont est une femme croyante. Elle voue sa vie à Dieu et à l’Eglise. Au détriment de ses filles, elle s’était donnée pour unique mission de façonner son fils pour qu’il devienne prêtre, voire évêque ou cardinal. Il était ainsi son prolongement magnifié. Son élu. Autant dire que lorsqu’un journaliste ose salir l’Eglise en parlant des hommes de Dieu comme des prédateurs sexuels, elle souhaite le rencontrer et lui livrer le fond de sa pensée. Elle ne va pas rester sans réagir et se battre farouchement. Persuadée qu'elle verra le mensonge dans les propos des victimes, elle souhaite en rencontrer Hadrien. C’est une victime qui a grandi dans sa commune et qui est aujourd’hui devenu mari et père. Cette rencontre sera marquante puisqu’elle ne verra que la vérité dans ses yeux. Son monde s'effondrera lorsqu’elle apprendra que le bourreau n’était autre que son propre fils ! Abasourdie, elle souhaite entendre tous les détails, tant pour se punir que pour faire face à son fils le moment venu car il est hors de question de lui accorder le pardon. David Lelait-Helo maîtrise parfaitement son écriture tant sur le fond que sur la forme. Son roman commence en nous présentant cette mère engoncée dans ses certitudes, puis chacun des autres personnages avec le journaliste, le prêtre et la victime ainsi que ses parents. Les révélations progressives sont bouleversantes et fracassantes. Les mots sont choisis avec grand soin, de façon à porter au plus juste les émotions et trouver une résonance au plus profond de votre être. Avec ce superbe roman, l’auteur donne la voix à celles et ceux qui se taisent, non par souhait mais du fait des conséquences des si nombreux dégâts qui ont été infligés à leur âme. La posture et les réactions des personnages sonnent vrais. J’ai trouvé les personnages tellement crédibles que je n’ai pu rester de marbre face à leurs détresses, y compris celle de la maman du bourreau. Lire ce roman a parfois été douloureux mais je trouve cette lecture nécessaire, portant avec beaucoup de délicatesse un propos pourtant horrible. C’est le second roman de l’auteur que je lis et j’y ai retrouvé la sensibilité et la force de sa plume. J'espère que ce livre fera apparaître de nombreuses fissures dans les certitudes qui enferment et que grâce à lui la lumière de la vérité trouvera un chemin salvateur. Cette lecture a été un grand coup de cœur et je vous la recommande très vivement.

Voilà déjà quelques semaines que j’ai terminé ma lecture de Je suis la maman du bourreau et je dois dire que la sensation de malaise est toujours présente quand je repense à cette histoire.. Un récit terriblement difficile traitant de la pédophilie au sein de l’Église, porté par une plume acérée. Gabrielle de Miremont est une vieille dame âgée de 91 ans, hautaine, rigide, puissante et inflexible, elle est respectée de tous, crainte par certains. Gabrielle est et a toujours été éminemment pieuse, connue de tous pour son dévouement à Dieu. Mais en plus de vouer un culte sans limite à Dieu, elle en voue également un à son fils, Pierre-Marie, entré dans les ordres dès que cela lui a été autorisé. Cette mère de trois enfants n’a toujours eu d’yeux que pour ce fils prodige, la seule fierté de sa vie. Que pouvait-elle espérer de mieux que ce fils parfait dévouant sa vie à Dieu et toujours très prévenant avec cette mère qu’il chérie tant ? Au crépuscule de sa vie, Gabrielle va connaitre la descente aux enfers. Pour point de départ, un article dans la feuille de chou locale, salissant, dénigrant et calomniant son diocèse de la pire des manières possibles, la pédophilie en son sein. Ici débutera l’effondrement de la vie de Gabrielle, de ses croyances et de ses combats. J’ai tout d’abord détesté cette femme acariâtre, engoncée dans ses traditions et son culte.. Puis nous découvrons une femme faisant face tant bien que mal à l’indicible. Comment « accepter » l’idée que ce fils prodige, à qui elle a dévoué sa vie, en qui elle a placé tout son amour, sa confiance, son admiration ait pu commettre de telles atrocités ? Celle qui accordait tant d’importance à son image sociale, va devoir accepter celle de la mère ayant engendré un monstre.. Sous la carapace, nous découvrons une femme brisée. Elle m’a fait beaucoup de peine. J’ai trouvé très intéressant de pouvoir donner la parole à une victime, et même la faire rencontrer la mère de son bourreau. Quelle force.. La plume est délibérément tranchante, assumée, n’ayant pas peur de poser les mots sur les choses, affreuses soient-elles, sans fard et sans politiquement correct. Le récit est court mais terriblement saisissant. Les sujets traités dans ce livre le sont avec tant de justesse malgré l’atrocité : le cercle vicieux de l’emprise du prédateur sur sa victime, le traumatisme mais aussi l’amour aveugle, la confiance bafouée, le dévouement à la religion. Je suis la maman du bourreau est ma première immersion dans le monde littéraire de l’auteur, ne me reste plus qu’à découvrir d’autres titres de son œuvre tant j’ai aimé son style.

Je suis la maman du bourreau Que se passe-t-il quand la foi s'effondre ? Quand la chair de sa chair commet l'irréparable ? Gabrielle, Madame de Miremont, a voué sa vie à Dieu et à son fils. Au point que ce dernier en a fait sa vie en entrant dans les ordres. Oui mais sous le visage angélique se cache une réalité bien plus sordide...celle de l'abus d'enfants... L'auteur, que je découvre ici, a une très belle plume, incisive, précise et sans concession. Le sujet traité est sensible mais l'angle choisi est intéressant. Malheureusement je trouve le récit un peu court pour bien le traiter... On passe beaucoup de temps sur la manière dont Gabrielle adore son fils, le polit pour qu'il soit ce dont elle a toujours rêvé...puis bascule dans l'exact opposé à la révélation des faits. Il n'y a pas de moment d'entre-deux où elle s'interrogerait, douterait voire serait dans le deni. Cela serait pourtant logique tant on nous explique qu'elle a une foi sans concession et qu'elle est prête à se battre pour son Eglise. Le revirement est donc à mon sens trop brusque pour être totalement crédible. J'ai également eu du mal à la plaindre tant le personnage présenté par le narrateur est antipathique... Engoncée dans ses traditions, les faux-semblants... La lecture me laisse donc mitigée, comme un arrière-goût d'inachevé.