Paris-Briançon : Le livre de Philippe Besson

C’était ma première rencontre avec Philippe Besson, et elle a eu une résonance toute particulière : on m’a offert ce livre peu après avoir moi-même emprunté ce train de nuit. J’ai pris plaisir à redécouvrir ce trajet sous la plume de l’auteur, dont l’écriture m’a bercée par sa fluidité. Ses descriptions sont légères, élégantes, et se lisent presque sans y penser. J’ai aimé imaginer ces passagers, tous différents, tous attachants, réunis le temps d’une nuit dans un wagon. Les suivre, c’était comme voyager à leurs côtés, dans l’intimité de leurs tranches de vies. En revanche, j’ai été un peu déçue par le manque de suspense. La quatrième de couverture laissait espérer une intrigue haletante, ce qui n’a pas vraiment été le cas. Le dénouement, bien que poignant, arrive sans véritable tension dramatique. Cela dit, je ne regrette en rien cette lecture, qui m’a permis de découvrir un auteur au style agréable, et d’imaginer autrement un trajet que je connaissais déjà.

En une nuit, un trajet, tout bascule. Qui aurait cru que le train de nuit attirait encore autant les gens? Qu’il pouvait se passer tant de choses en l’espace de quelques heures? Dès les premières pages, on se laisse prendre au jeu, essayant d’imaginer les liens entre chaque personnage. Finalement, ce sont trois histoires en une, avec pour chacune de nombreux secrets, épanchements et sentiments. Lorsque la nuit tombe, tous les personnages redeviennent fragiles, ils doivent faire face à leurs peurs et à leurs monstres. À chaque fin de chapitre, l’auteur titille notre impatience, nous rappelant qu’à la fin du récit, les protagonistes ne seront plus. J’ai été happée par ce livre, avide de suivre la soirée inattendue des personnages rencontrés quelques heures plus tôt. Maniant à merveille le suspense, qui se resserre petit à petit, Philippe Besson nous montre comme la vie de n’importe qui peut changer du tout au tout en un instant. J’ai adoré chacun des personnages. Angoissée à l’idée de ce qu’il risquait de leur arriver, je n’ai pas pu poser le livre avant de l’avoir terminé, non sans avoir versé de grosses larmes.

Très belle découverte. Embarquement immédiat pour le train intercités n°5789 reliant Paris à Briançon. Sa particularité : il fait partie des rares trains de nuit toujours en circulation, les voyageurs d'aujourd'hui privilégiant la rapidité des TGV au charme romantique de ces voyages nocturnes. Durant les 11h de trajet en direction des montagnes Alpines, vont se produire des rencontres inattendues, des rapprochements improbables que seule ce genre de promiscuité permet. Le destin aura voulu que ces voyageurs aux parcours de vie, aux ambitions ou aux convictions bien différents soit réunis dans ce train. Certains vont apprendre à se connaître, se lier avant de rejoindre leur couchette et avant que le sort ne s'abatte sur certains d'entre eux, car tous ne verront pas les montagnes au bout du voyage. Avec "Paris-Briançon", je découvre l'écriture de Philippe Besson. Une plume délicate, pleine de sensibilité et de puissance à la fois, tout en finesse mais allant droit au but. Dans ce huis-clos ferroviaire captivant, l'auteur nous embarque dans un voyage sans aucun temps mort, où le suspens monte crescendo avec la hâte de connaître la suite des événements. Paradoxalement, on se sent bien dans ce train et on y serait bien resté le temps de quelques arrêts supplémentaires. La galerie de personnages est très riche, illustrant notre société contemporaine avec ses forces et ses faiblesses. Les protagonistes nous livrent au fil des kilomètres parcourus leur histoire, leurs blessures, leurs regrets mais aussi leurs espoirs. Je n'en dirai pas plus sur les thèmes de société abordés afin de vous laisser le plaisir de la découverte. Le final m'a bouleversée et illustre parfaitement le propos "fil conducteur" du roman sur le rôle du destin (d'autres emploieraient plutôt le terme de fatalité) dans notre vie et la place qu'on lui accorde. J'ai hâte de découvrir d'autres œuvres de Philippe Besson, notamment "Un soir d'été" ou "Ceci n'est pas un fait divers".

Paris-Briançon est mon premier Philippe Besson. J’ai apprécié sa plume limpide et efficace. J’ai été tenue en haleine de la première à la dernière page. L’histoire se déroule dans un train de nuit, l’Intercités n°5789 qui doit relier Paris à Briançon. Le ton est donné dès le départ : « les passagers montent à bord, joyeux, épuisés, préoccupés ou rien de tout cela. Parmi eux, certains seront morts au lever du jour ». On comprend qu’un incident grave va se produire, mais il faudra patienter un peu, dépasser la gare d’Embrun pour connaître le sort réservé aux voyageurs. Le suspense est savamment entretenu. Philippe Besson révèle une habilité redoutable pour maintenir le lecteur dans une expectative palpitante. En attendant, on lie connaissance avec une dizaine de personnages tous plus attachants les uns que les autres. Rien ne les relie entre eux et pourtant, à la faveur du huis clos imposé par le train de nuit, certains vont créer des liens, échanger des confidences, d’autres tomber le masque des apparences, découvrir leurs désirs véritables. En attendant, l’Intercités n°5789 trace sa route, traverse le parc du Morvan, contourne Lyon, passe à proximité de Saint-Donat avant Die, puis « débutent réellement les routes de montagne, aux tracés sinueux. Désormais, on va gagner an altitude, on devra progresser au milieu de barrières rocheuses singulièrement raides, de collines qui semblent impraticables sauf aux troupeaux, de forêts en escaliers, au bord de précipice, qui sait ». J’ai lu Paris-Briançon à l’ombre de la pinède de la Dune du Pyla. C’était savoureux de sillonner le massif alpin à bord d’un train de nuit avec le banc d’Arguin et l’océan Atlantique à portée de regard.