Une histoire simple et déchirante par l’auteur de «En l’absence des hommes».
Thomas meurt. Thomas accepte de mourir. C’est ici, dans la maison de Saint-Clément, la maison de l’enfance, qu’il choisit d’attendre de mourir. Je suis auprès de lui. C’est encore l’été....
Thomas meurt. Thomas accepte de mourir. C’est ici, dans la maison de Saint-Clément, la maison de l’enfance, qu’il choisit d’attendre de mourir. Je suis auprès de lui. C’est encore l’été. J’ignorais qu’on pouvait mourir en été.Je croyais que la mort survenait toujours en hiver, qu’il lui fallait le froid, la...
Thomas meurt. Thomas accepte de mourir. C’est ici, dans la maison de Saint-Clément, la maison de l’enfance, qu’il choisit d’attendre de mourir. Je suis auprès de lui. C’est encore l’été. J’ignorais qu’on pouvait mourir en été.Je croyais que la mort survenait toujours en hiver, qu’il lui fallait le froid, la grisaille, une sorte de désolation, que c’est seulement ainsi qu’elle pouvait se sentir sur son terrain. Je découvre qu’elle peut tout aussi bien exercer sa besogne en plein soleil, en pleine lumière. Je songe que Thomas l’accueillera en pleine lumière.»Un jour, Thomas apprend qu’il est gravement malade et qu’il va probablement mourir. La nouvelle touche en plein cœur ce jeune homme si vivant, si amoureux. Comment supporter une telle épreuve? Lucas, son frère va l’accompagner pendant ces quelques mois. Ils iront se réfugier dans la maison d’enfance, la maison blanche de l’île de Ré. Non pas pour attendre la mort mais pour vivre intensément chacune des heures qui leur est donnée.On retrouve dans ce nouveau roman les qualités de «En l’absence des hommes», premier roman très remarqué de Philippe Besson paru en janvier 2001."Son frère" a été adapté par Patrice Chéreau, avec Eric Caravaca et Bruno Todescini. Le film sera diffusé sur Arte au printemps 2003, puis sortira en salle. Il a reçu l'Ours d'argent du Festival du film de Berlin (la Berlinale).
Le 31 juillet,Thomas meurt.Thomas accepte de mourir. C'est ici, dans la maison de Saint-Clément, la maison de l'enfance, qu'il choisit d'attendre de mourir. Je suis auprès de lui. C'est encore l'été. J'ignorais qu'on pouvait mourir en été.Je croyais que la mort survenait toujours en hiver, qu'il lui fallait le froid, la grisaille, une sorte de désolation, que c'est seulement ainsi qu'elle pouvait se sentir sur son terrain. Je découvre qu'elle peut tout aussi bien exercer sa besogne en plein soleil, en pleine lumière. Je songe que Thomas l'accueillera en pleine lumière.Je croyais que cela commencerait par un engourdissement des membres, une contraction et qu'il y aurait soudain une urgence, une précipitation, une violence. Mais non: c'est la nonchalance, une sorte de vacance, une lenteur, un renoncement dans la chaleur. Une chaleur jaune et vibrante.Cette mort prévisible, attendue, causera pourtant, à n'en pas douter, un cataclysme. Elle rejaillira sur nos existences à tous. Elle les modifiera, leur fera prendre une direction imprévue. Elle opérera un dérèglement de nos vies, sans qu'aucun d'entre nous ne parvienne à s'y opposer. Cette mort sera le plus grand événement. L'onde de sa douleur se propagera pendant des années. Nous serons hantés, dévastés.Mon frère meurt.Saint-Clément-des-Baleines, c'est la dernière ville, celle qui se loge à la pointe ouest de l'île de Ré, à son extrémité, celle qui regarde le plus vers les Amériques. Après ça, il n'y a plus rien, ce n'est plus l'île, ce n'est plus la terre, c'est l'océan à perte de vue, c'est l'Atlantique indéfiniment. La lumière du phare montre la direction.Saint-Clément, c'est la terminaison d'un monde, comme l'était dans mon imaginaire enfantin le cap Horn. C'est le point au-delà duquel les eaux prennent le dessus, à partir duquel les hommes doivent déposer les armes. On raconte que des bateaux se sont perdus dans les eaux mauvaises, au large, malgré le phare, que des marins se sont noyés, que leurs cadavres ont été charriés par les marées, ramenés par elles à la terre ferme. On raconte des histoires extraordinaires.Ici, on peut facilement éprouver une manière d'abandon, comme si on était le dernier homme, et comme s'il suffisait de se laisser aller désormais, de n'avoir plus aucune prise sur rien. Ce sentiment, c'est autant celui du relâchement que celui de l'offrande, autant celui de la solitude imposée que celui de l'exil choisi.Le regard se perd, loin. Je sais que derrière moi, il y a les chemins, les pins, les marais, les églises, les cimetières. Mais devant: rien, rien que l'océan. Tout. L'enfance s'est jouée ici.La maison est blanche, d'une blancheur presque insoutenable certains après-midi, qui oblige à détourner les yeux, les murs sont recouverts à la chaux comme la tradition l'exige dans l'île, et ses volets sont verts. C'est une maison simple comme le sont souvent les maisons d'été, recherchant davantage la fonctionnalité que le charme. Au premier étage, ma chambre et celle de mon frère sont séparées par un couloir mais identiques. Le papier peint est bleu, sans doute parce que nous sommes des garçons. Des poutres épousent l'inclinaison de la mansarde. Les fenêtres s'ouvrent entre les poutres, éclairent en la brisant la mansarde. Le mobilier est sommaire. On devine que l'endroit est de passage. Comment aurions-nous pu savoir que Thomas viendrait mourir dans cet endroit?De nos chambres, on voit la mer. Le bleu de la mer dans le prolongement du regard.Mais d'abord, c'est le jardin, quelques arbres que je ne sais toujours pas nommer après toutes ces années et quelques bosquets, une table et des chaises en fer-blanc rouillé, des fleurs plantées par ma mère et entretenues par une voisine pendant la morte-saison qui en dure trois du reste (l'autre saison étant la vivante, à n'en pas douter), un jardin aux dimensions gigantesques quand j'avais cinq ans et dont les proportions se sont réduites à mesure que j'ai grandi jusqu'à devenir réellement ce qu'elles sont, un jardin qui sent bon et qui descend vers la plage, dans une pente douce. De la maison, on distingue à peine le banc de sable, le galbe d'une dune sur la gauche, si bien que le jardin paraît s'en aller mourir directement dans la mer. Le vert s'en va se fondre dans le bleu. Derrière la fenêtre, c'est ce vert et ce bleu mélangés que je retrouve, c'est cet éclat ardent des couleurs qui me semble à moi comme une délicatesse, une douceur.La mer, elle est une borne et, dans le même temps, elle est la négation de toute borne, elle est un horizon et pourtant la vue se perd à chercher sa frontière, elle est un repère et elle est partout. La mer, elle est partout. Lorsque je pense aux années d'avant, c'est d'elle dont je me souviens en premier, elle m'encercle, elle me hante, elle me rassure, elle ne me lasse jamais, elle est celle qui m'accompagne. C'est la mer que j'ai passé le plus de temps à contempler. Je crois que je la contemple encore quand elle n'est pas là. Il faut être saisi de cette merveilleuse obsession de la mer pour comprendre ce que je raconte. C'est autre chose que les histoires que rapportent les marins ou les insulaires. Eux vivent avec la mer, de la mer et finissent par ne plus la voir tant ils l'ont assimilée, ingérée. Ils ont cet amour qui ne s'exprime pas, qui relève de l'évidence absolue, qui devient une forme de détachement. Pour moi, il ne s'agit pas de cela, non. Le plus souvent, je vis sans la mer, je vis loin d'elle, elle ne m'est redonnée qu'aux beaux jours, resplendissant sous le soleil et elle demeure pour moi un accident, un événement magnifique, une donnée extraordinaire à laquelle je ne m'habitue pas. Elle est un éblouissement toujours recommencé.
LA PRESSE «En labsence des hommes»«Il y a parfois, rarement, des premiers romans qui paraissent, signés dillustres inconnus, et qui annoncent, sans hésitation, sans contestation, lapparition dun véritable écrivain. Ce dut être la certitude des premiers lecteurs de «LÉtranger», ou de «La Nausée». Cest celle que nous avons à la lecture de «En labsence des hommes», de Philippe Besson. Un romancier, et de talent, est apparu.Tout y est. Laventure, le style, lhumeur, la respiration, les atmosphères, les personnages, la vérité et lillusion romanesques, la construction. Un monde. [ ] Ce qui frappe dans «En labsence des hommes», cest la maîtrise. Maîtrise des personnages, de la progression des sentiments. Le roman, pour certains, nest pas quelque chose qui sapprend, où lon progresse, de livre en livre. Le premier est un coup de maître, demblée.»Jean-Jacques Brochier, «Magazine littéraire»«En labsence des hommes est un superbe roman éclatant, inventif et audacieux. La culture, lamour de la littérature, loriginalité du propos, lintrigue insolite, la drôlerie du pastiche, lambiguïté des situations et la gravité de lHistoire qui en est le décor sy conjuguent avec subtilité pour la plus grande jouissance du lecteur.»Hugo Marsan, «Le Monde des livres»«Étonnant, envoûtant premier roman que celui de Philippe Besson! Tout y est dit, raconté avec pudeur et sensualité. Lécriture dune réelle maîtrise court, fluide, légère. [ ] Le charme opère sans cesse. »Michèle Gazier, «Télérama»«Ce roman élégant est une curieuse gageure que Philippe Besson a gagnée. Chapeau claque et chapeau bas!»André Rollin, «Le Canard enchaîn黫Tout cela est raconté par Philippe Besson avec une finesse et une sensibilité fort prometteuses. Cétait un défi, cette double histoire damour: Philippe Besson a su le relever sans effet, sans pathos. Voilà une fort belle surprise de janvier.»Michel Crépu, «LExpress»«Impressionnant de maîtrise, le premier roman de Philippe Besson joue avec différents registres narratifs, évitant ce qui pourrait le faire pencher du côté du roman historique.»Sébastien Lapaque, «Le Figaro littéraire»«Il fallait à Philippe Besson de laudace, de la sensibilité, de la pudeur pour imaginer cette histoire et nous la rendre crédible, attachante, prenante. Toutes ces qualités, il les possède manifestement. Et dautres encore.»Nathalie Crom, «La Croix»«Philippe Besson est un inconnu. Son premier roman, «En labsence des hommes», est une divine surprise.»Edmonde Charles-Roux, de lacadémie Goncourt, «La Provence»«Il est peu de premiers romans impeccables. «En labsence des hommes» est du nombre.»Pascale Haubruge, «Le Soir, Bruxelles»