Immersion

Rencontre des mondes atlantique et pacifique

Hélène Artaud

Collection : Les Empêcheurs de penser en rond

Date de parution : 23/02/2023

Les Occidentaux ont toujours considéré qu’il était normal d’avoir peur de l’océan, de vouloir le dominer et d’exploiter inconsidérément ses ressources par le recours à la technique : navires, instruments... Les Occidentaux ont toujours considéré qu’il était normal d’avoir peur de l’océan, de vouloir le dominer et d’exploiter inconsidérément ses ressources par le recours à la technique : navires, instruments de navigation, cartes. Nous avons longtemps cru qu’il n’existait pas d’autres rapports possibles à la mer et que notre approche... Les Occidentaux ont toujours considéré qu’il était normal d’avoir peur de l’océan, de vouloir le dominer et d’exploiter inconsidérément ses ressources par le recours à la technique : navires, instruments de navigation, cartes. Nous avons longtemps cru qu’il n’existait pas d’autres rapports possibles à la mer et que notre approche matérialiste était universelle. Or, l’exploration du Pacifique va tout changer.
Quand les premiers explorateurs occidentaux sont arrivés dans les îles du Pacifique, ils ne pouvaient pas comprendre comment les « natifs » s’étaient déplacés sur des milliers de kilomètres, d’îles en îles, sans aucune médiation technologique comparable aux leurs. L’espace objectif des cartes modernes ne correspondait pas à la perception spatiale qui était la leur. La distance n’était pas pour eux une donnée stable. D’où une « cartographie sensorielle » où les repères sont les bancs de poissons, les volées d’oiseaux, le bois flotté, les mouvements des vagues, le ciel, etc. Un groupement de requins, des poissons volants, des méduses, des marsouins, des oiseaux, la couleur de l’eau étaient autant d’indices qui permettaient de se situer. C’est cette perspective pacifique qu’Hélène Artaud nous fait découvrir.
Cette rencontre a-t-elle provoqué chez les Occidentaux un tournant écologique ? Si la rencontre avec le Pacifique a pu changer la perception occidentale de l’océan au point d’en faire ce milieu intime, vulnérable et sensible, l’anthropologue interroge la profondeur de ce changement. Le « tournant » océanique des Modernes est peut-être moins l’annonce d’une rupture que l’indice d’une continuité…

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EAN : 9782359252361

Façonnage normé : BROCHE

Nombre de pages : 304

Format : 140 x 205 mm

BROCHE

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EAN : 9782359252361

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Avant-propos
Introduction
Première partie
La perspective atlantique
1. Comprendre la mer par son « vide »
Pêcher : une fable continentale
Morphologies de l’étrangeté
L’impossible discussion des affects associés à la mer
2. Mondes atlantiques
Atlantique frontalier/Atlantique matriciel
Logiques sauvages
Peuples de la frontière
« Nulle trace ne pourrait s’y inscrire »
Phénoménologie atlantique : une technoesthésie
Le langage politique des machines
Mal de mer
« Luttes ». Retour vers l’anthropologie maritime
3. Dérives atlantiques
« Mers » ouest-africaines : ensevelir passivement
Lectures de biais de la « mer » africaine
Terroir et désert
Le filtre matérialiste
Variations océaniennes d’un ensevelissement
Océans ultra-marins : ensevelir délibérément
Colonisation affective : la peur de la mer
Le « paysan-pêcheur » réunionnais
Continentalisme, matérialisme et peur
Deuxième partie
La perspective pacifique
4. La rencontre
Heuristique des malentendus
Échos océaniens aux opacités ouest-africaines
Cook et Tupaia
Le malentendu cartographique
« Cartographie sensorielle »
Traditional seamarks
Écoesthésie. Le dynamisme comme principe de stabilité
Une syntaxe sensible
Matérialiser les différences
Traditional sea charts
Individualiser les indices
Différences et hybridations
5. Mémoires en ressac
Métonymie de la révolte, métaphore de la renaissance
Face au colonialisme : la mer
Une mer d’îles
Une renaissance paradoxale
Ressac : incorporer des apports allogènes
La mémoire embarquée
Bouturages et enchevêtrements écologiques
Une écologie Autre
Traditions marines et gouvernance globale
Des perspectives océaniques « à parts égales » ?
Troisième partie
Le « tournant océanique » : rupture ou continuité ?
6. Aux confins de l’Atlantique
Les « aventuriers » : passeurs de mondes
Pionniers immergés
Renaître
Du « devenir bateau » à la sensorialité océanique
Du « terracentrisme » à l’« humanité bleue »
S’outiller pour penser l’invisible : histoires bleues et ontologies humides
Cet océan « en nous »
Savoirs et affects
7. Un « tournant sensible » ?
De l’étrange à l’intime
Des affects communicants
Notre mer intérieure
Au cœur de l’effondrement : le corail
8. Survivances atlantiques
Réminiscence du bestiaire atlantique
Métamorphoses
Sacrées baleines
Métaphysique animale
Le corail : une « icône » atlantique ?
Des prémisses inchangées ?
Peur et contrôle : le renouveau anthropocénique
Idéal cyborgien
L’Atlantique dans l’aquarium
Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
Remerciements
Index.

Ils en parlent

À travers ce captivant essai sur les imaginaires de l'Atlantique et du Pacifique, l’anthropologue maritime confronte nos regards sur ces deux espaces océaniques qui séparent respectivement le Vieux Continent du Nouveau Monde, et les deux Amériques de l’Asie et de l’Océanie.

Sean Rose / Livres Hebdo

Les anthropologues, dans le sillage de Philippe Descola, ont montré comment l’idée de « nature », d’un « environnement » extérieur à nos tourments intérieurs, simple toile de fond à l’histoire des hommes, était située dans le temps et l’espace. […] Bien souvent, ces démonstrations se sont appuyées sur des populations vivant dans les forêts (…) ou dans les steppes (…). Il restait à montrer comment d’autres rapports à l’océan ont pu exister, et existent toujours. C’est désormais chose faite avec ce livre de la chercheuse Hélène Artaud qui s’efforce de dessiner les contours de deux perspectives. La première, « l’Atlantique », la nôtre, fait des mers et des océans de grands aplats bleus sur des cartes, et des espaces vides, sauvages et hostiles. La deuxième, « la Pacifique », voit au contraire la mer comme un lieu plein, fourmillant de signes et de sociabilités. Mais les deux ne sont pas si opposées…

Rémi Noyon / L'Obs

Écouter la mer, plutôt que la dominer : la leçon des Océaniens

Maxime Lerolle / Reporterre

(…) Après les deux premières parties de son livre consacrées (…) aux perspectives atlantique puis pacifique, Hélène Artaud se demande si le « tournant océanique » provoqué par la rencontre entre les deux mondes en est vraiment un, autrement dit, s’il s’agit d’une véritable rupture ou d’une continuité. (…) Elle montre bien que l’Occident n’a pas appris grand-chose de ce qu’il a pu découvrir dans le Pacifique. C’est vrai, des espèces animales sont désormais protégées, telles les baleines, par exemple. Mais cela se fait toujours au nom d’une vision occidentalo-centrée qui reconduit sous de nouveaux atours l’ancienne posture impérialiste. On protège des « ressources halieutiques », des stocks de poisson, voire la « biodiversité ». Mais on sait bien que pendant les conférences sur le climat ou la préservation des océans, le business continue. (…) Comme (…) les Européens et les Américains du Nord continuent à ne pas comprendre qu’ils font eux aussi partie du monde (…) hé bien, la dévastation se poursuit. Lire Hélène Artaud ne réglera pas la question. Mais cela pourra peut-être y contribuer tant soi peu. Et ce n’est pas rien.

Franz Himmelbauer / lundimatin

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