Où en est la Syrie, après des relations tumultueuses mais renouées avec l'Occident, après un retrait du Liban en 2005 qui n'a pas pourtant pas mis fin à l'influence de Damas dans le pays du Cèdre, après une alliance iranienne et une carte irakienne qui n'ont pas suffi à rendre au pays son statut de pivot politique au Moyen-Orient? On se penche souvent, depuis l'Europe, sur la diplomatie syrienne, mais beaucoup moins sur les énigmes internes de son régime. Et moins encore sur les recompositions d'une société oubliée. Caroline Donati retrace l'histoire récente de la Syrie baasiste sous la dynastie Al-Assad, revient sur son étrange positionnement international, et dresse le portrait d'un pays à deux vitesses, entre modernisation et sclérose, entre nouvelles mobilisations identitaires et vieux réflexes sécuritaires d'Etat. La Syrie de Bachar Al-Assad est moins monolithique qu'il n'y paraît, mais infiniment moins ouverte qu'on aurait pu l'espérer il y a dix ans, à la mort de son père. C'est ce tableau tout en nuances que nous offre ici l'auteur.