Arrête avec tes mensonges - Prix Maison de la presse 2017 : Le livre de Philippe Besson

Reconnaître, de dos, la silhouette d'un grand amour de jeunesse, s'apercevoir qu'il s'agit en fait du fils de celui-ci puis replonger en pensée dans une époque révolue, voici le point de départ de ce récit autobiographique. Deux jeunes garçons qui s'aiment, dans une petite ville de province, l'un que l'on sent sur le point de s'envoler, l'autre, trop clairvoyant ou déjà résigné qui se dit englué sur ce territoire. J'ai beaucoup aimé ce récit, c'est difficile pour moi de résister à une telle mise à nu et à une pareille vague de tendresse nostalgique. La description faite des difficultés que peuvent rencontrer de jeunes homos pour se projeter au-delà de la clandestinité me semble toujours d'actualité. D'ailleurs ce n'est pas tant une histoire d'amour entre ados qu'une histoire de rupture et de murs invisibles, qu'on dresse soi-même ou qu'on pense exister.

Je ne m’attendais pas à ça en lisant le résumé du livre. Cette lecture m’a touché, c’était court et rapide à lire mais suffisant pour me faire ressentir des émotions fortes. J’ai trouvé que le style d’écriture était assez fluide ce qui rendait la lecture plutôt agréable. Maintenant j’ai envie de regarder le film !

L’écriture de Besson est sèche, courte, durassienne (c‘est lui qui emploi l’adjectif, pas à son sujet). Et en cela, j’adhère, étant sensible et surtout, admirative du style de Marguerite Duras. Ici, Besson écrit le livre de tous ses autres livres, en quelque sorte; l’origine, sans fioritures. Il contient les éléments des autres. C’est un livre sur l’absence, l’abandon, sur l’amour, sur ce qui s’est et ne s’est pas fait mais qui aurait pu. Un roman terriblement autobiographique puisque l’auteur retrace un passage de son adolescence ; un souvenir de jeunesse, un amour vécu en secret. J’ai lu assez souvent dans des chroniques qu’il s’agissait d’un amour interdit puisque l’action se déroule dans les années 80. Je tiens à rectifier : ce n’est pas le propos. Et ce n’est pas exact non plus. L’action se passe en 1984, l’auteur a 17 ans, il sait quelle est son orientation sexuelle. A ceux qui pensent que l’homosexualité était impossible en 84, je ne peux qu’apporter mon expérience: si on en parlait moins ouvertement, et d’une autre façon qu’à l’époque actuelle, être attiré.e par une personne du même sexe ou par les deux sexes n’avait rien d’impossible – mais c’est un autre sujet…. L’amour entre les deux garçons s’arrête à cause de la différence de milieu social.

#127987;#65039;#8205;#127752; 5e livre de Besson pour ma part, dévoré d’une traite dans le train jusqu’à Paris. Je comprends à la fin pourquoi cette impression de « déjà lu » ne m’a pas quittée du voyage. Ce livre est la source. Il est la graine dont a jailli toute l’œuvre de Philippe Besson qui livre la vérité sur une histoire d’amour lycéenne. Cette obsession qui embaume ses autres romans, à peine floutée, à peine dissimulée dans un prénom, dans un lieu et qui traverse toute sa vie d’écrivain. #127987;#65039;#8205;#127752; Je retrouve le style efficace, le terme juste, la sensibilité contagieuse à chaque page. Des mots simples pour faire passer des messages lumineux. Les paragraphes sur le manque et l’absence m’ont renvoyée aux citations de Bobin. Cela raconte une histoire classique d’amour, mais dont le contexte des années 80 la complexifie injustement, conduisant les protagonistes à opter pour des choix de vie différents. Récit touchant, car il dépoussière des souvenirs, fait resurgir de la nostalgie. Il semble tout simplement destiné à son lecteur.