Vous parler de mon fils : Le livre de Philippe Besson

"Depuis qu'Hugo est parti, on ne parle jamais de la suite ; du reste de nos vies." Bouleversant. Après avoir lu plusieurs avis d'amis Babeliotes, il m'a semblé que cette lecture se devait être d'une nécessité absolue. Lu en un jour, c'est remplie d'émotions que j'ai refermé ce livre. Je me suis sentie mal, impuissante, maladroite et c'est à tâtons que l'on essaie de prendre ce sujet. Comme une patate chaude, tout le monde jongle avec, se la relance, personne ne sait comment y faire face, une bonne fois pour toutes. Une histoire choc, loin d'être plaisante mais brûlante d'actualité. On aborde ici le thème de l'intimidation. Du harcèlement scolaire. Du suicide. C'est à travers les mots et les impressions du père que nous entrons direct dans tout ce qui lui tourne dans la tête. L'histoire démontre son point de vue. Maintenant trop tard pour agir, il revient sur plusieurs scènes où il aurait dû entendre un appel à l'aide, voir que ça n'allait pas; quand, comment et pourquoi. Quelles questions aurait-il pu poser, quels gestes aurait-il omis; tous les doutes, les regrets, les rancunes, le sentiment d'avoir échoué en tant que parent... "Après, le chagrin a déboulé ; le chagrin à perte de vue. Puis la colère, la culpabilité sont venues et n'ont fait que creuser un peu plus la fracture." C'est un livre écrit à la première personne, nous rapprochant indubitablement du narrateur. Écrit sous forme de paragraphes - intercalant les dialogues à même les phrases - ça se lit d'une traite, sans que l'on puisse vraiment reprendre son souffle et sans attendre les chapitres parce que des chapitres, il n'y en a pas. L'ensemble est divisé en quatre parties, point. Le ton est donné. Loin d'être simple, on se questionne sur les conséquences de l'intimidation. On les imagine mais les connaît-on vraiment ? Où se trouve la limite ? Comment savoir si son enfant subit du harcèlement ? Certains s'ouvrent tandis que d'autres, au contraire, se referment, par honte. Comment gérer la situation si tel est le cas ? Ou comment la gérer si mon enfant est l'intimidateur ? Que faire quand ça se passe à l'école ? En dehors ? Rendre les coups ? Ne rien faire ? Laisser couler ? Comment et jusqu'où devrait-on punir ce genre de comportement ? Un sujet qui trouve écho en chacun de nous... On entre peu ou à peu près pas du tout dans l'univers des harceleurs, de leurs parents ou du système scolaire et judiciaire mais les idées vont bon train, pour nous qui lisons. Je pense que c'est sans doute voulu ainsi. À défaut d'avoir trouvé des réponses à ces questions, j'avoue avoir ressenti énormément de frustration et de colère. De la peine, aussi. La colère est ici plus véhiculée par la mère, Juliette. Sa colère trouve une corde sensible, elle nous atteint, avec raison. "Un jour, ses bourreaux se sont mis à harceler Hugo sur les réseaux sociaux. Apparemment, cela ne suffisait plus, la cour de récréation, les fournitures scolaires volées, les mises à l'écart, les accrochages. Cela ne suffisait plus, les invectives par messages privés, la persécution continue, répétée par téléphone. Il fallait un public, il fallait des spectateurs, il fallait une caisse de résonance." Si le harcèlement scolaire a toujours existé et, malheureusement ne cessera probablement jamais complètement, le fléau des écrans aggrave encore le phénomène de façon exponentielle dans le sens où ces jeunes persécutés ne possèdent dorénavant plus aucun moment de répit, aucun endroit où se cacher ! Un thème grave, sérieux, vécu par beaucoup trop de jeunes, comme Hugo. "Vous parler de mon fils" est un livre qui fait réfléchir énormément, je pense qu'il faut se pencher dessus, en discuter, et merci à l'auteur d'avoir saisi le sujet à pleines mains, sans gants blancs. J'y ai mis cinq étoiles non pas parce que j'ai pris plaisir à le lire - mais parce qu'il contient de bons éléments. C'est un livre à offrir et à partager, sans modération, bien que difficile. Merci pour l'électrochoc !

Graou tout le monde ! Comme tous les ans, j’ai sauté sur la nouvelle publication de Philippe Besson et je n’ai pas été déçu, la gorge serrée... Résumé de l’éditeur : " Je vous demande de vous mettre à notre place. Un instant. Rien qu'un instant. Votre enfant vient vous raconter l'humiliation, la persécution, le bannissement. C'est votre fils, votre fille, il a douze ans, elle en a huit ou quatorze. C'est la chair de votre chair, ce que vous avez de plus précieux au monde. C'est l'être que vous devez protéger, défendre, soutenir, aider à grandir. Et il vient vous avouer cela. Vous y êtes ? Vous la devinez, votre stupéfaction ? votre culpabilité ? votre douleur ? votre colère ? Ça vous envahit, pas vrai ? ça vous submerge, ça vous dépasse, ça vous anéantit. Et ça, ce n'est que le début. Que les toutes premières minutes. " Un excellent roman qui s’attaque à un problème bien présent depuis tant d’années : le harcelement scolaire. De nombreux malheurs touchent encore les familles, que ça soit par des mots, des gestes, des coups, des violences physiques et/ou psychologiques que ça soit dans l’enceinte de l’école ou à l’extérieur. C’est un fléau qu’il faut battre et combattre sans répit pour permettre à tous et toutes de vivre en paix dans une société civilisée. La plume est fluide, plaisante, comme souvent on ressent les humeurs des personnages, notamment ce père qui ne s’explique pas le drame qui va le toucher, ou plutôt les toucher. Je ne me lasse pas des histoires touchantes parfois traumatisantes de cet auteur malgré la difficulté à tourner les pages pour découvrir ce qui se cache derrière. Philippe Besson est un talent pur qui donne aux mots tous leurs sens et tous leurs poids.

Mâchoire serrée mais envie d'hurler. Déchirant. Bouleversant. Révoltant. C'est un roman qui ressemble tant à un témoignage que le doute sur sa nature est permis. Car la tranche de vie - ou plutôt l'absence de vie - de Juliette et Vincent dans ces quelques pages est tellement réel que c'en est effroyable. L'histoire se déroule sur quelques heures, le temps de se préparer, de vivre et de clore la marche blanche organisée pour leur fils Hugo, décédé volontairement à 14 ans car victime de harcèlement scolaire. Mais pas celui que tout le monde pense voir dans des querelles d'enfants, sitôt déclarées sitôt terminées et qui, passées le portail de l'établissement, sont oubliées le lendemain. Non, le vrai harcèlement, celui qui perdure, jour après jour, qui se poursuit à la maison, sur les réseaux, celui dont tout le monde est témoin, les vrais faux camarades, le personnel éducatif, administratif (tu parles.. ), et même le cercle familial des harceleurs (jamais seuls) et de la victime (toujours seule)... celui que tout le monde voit mais que personne ne regarde, le "pas de vague" de l'Education Nationale, le "si on y va ce sera pire" des proches... Il est bel et bien présent partout, ce harcèlement, on y est tous confrontés un jour ou l'autre, nous-mêmes ou notre enfant, notre neveu, la fille de nos voisins... Alors pourquoi est-ce si compliqué d'intervenir, d'agir, de condamner et de punir ? Qu'est-ce qui bloque ? Pourquoi tout le monde se tait quand les faits sont avérés ? Pourquoi attendre le drame qui servira d'électrochoc et d'étincelle à l'action et à la condamnation des coupables, dans le meilleur des cas ? Le livre ne donne pas de réponse, je n'en ai pas non plus, mais si le fait de témoigner, de partager ses expériences de témoin ou de victime, voire même, anonymement ou pas, de harceleur, contraint la plupart du temps pour être bien vu de ses pairs, et dans l'incapacité de retourner sa veste, si le simple fait de communiquer et de s'exprimer pouvait faire bouger les lignes, alors allons-y sans peur.

Un récit poignant raconté du point de vue du père d'Hugo, qui lutte pour surmonter le suicide de son fils, victime de harcèlement. Le récit explore les méandres de la douleur parentale, un voyage intérieur où chaque souvenir devient à la fois une source de remise en question et de souffrance. À travers ses mots, le père partage ses réflexions, ses regrets, et ses espoirs perdus, cherchant à donner un sens à l'insensé. Dans sa quête de vérité et de justice, il découvre des fragilités profondes, tant en lui-même qu'au sein de la société. Les pages se font écho des voix silencieuses, de ces jeunes âmes brisées par la cruauté de leurs pairs, et appellent à une prise de conscience collective. Dans cette immersion poignante, l'auteur nous invite à une réflexion sur l'humanité, la résilience, et l'importance d'écouter et de protéger les plus vulnérables face à ce véritable fléau de la société que chaque parent redoute…