Après De taille et d’estoc puis Férir ou périr, le chevalier troubadour Guilhem d’Ussel est de retour dans À lances et à pavois ! Avec un talent de conteur merveilleux, Jean d’Aillon remonte le temps dans un fracas de chevauchées et d’embuscades, tissant une intrigue épique et tendue à souhait. Rencontre avec le maître du suspense médiéval.
1193. Guilhem est sur les routes du duché de Normandie, escorté d’Enguerrand, un serf qu’il veut affranchir. Il a aussi juré protection au fils de la belle dame Evaëlle, le futur comte de Brionne, une seigneurie stratégique aux confins des terres anglaises et françaises, où serait dissimulé un trésor. Mais Guilhem tombe bientôt dans un guet-apens…
On retrouve avec bonheur le jeune Guilhem d’Ussel. Avez-vous une inclination particulière pour ce personnage parmi ceux que vous avez créés ?
Sûrement, mais je m’occupe aussi des autres : Fronsac ou Edward Holmes, par exemple. Chacun à son tour est rappelé à la vie et doit vivre les aventures que je lui impose. Ce n’est pas toujours drôle pour lui !
Qu’est-ce qui fait selon vous l’intérêt de ce XIIe siècle, période où se situent les aventures de Guilhem ?
Beaucoup de choses. C’est une époque de construction : de la féodalité, par exemple, un système de relations sociales qui nous imprègne encore ; des classes sociales qui vont marquer notre monde : la noblesse, le clergé et les " autres" ce tiers-état productif ; de l’Europe, car on voit peu à peu émerger les royaumes qui deviendront nos pays actuels ; de la langue, puisqu’on s’éloigne progressivement du latin et que naissent les langues romanes, celle d’oc, ou l’occitan, parlé dans le Sud et l’Ouest, et celle d’oïl qui deviendra le français ; d’une culture qui va nous imprégner, comme les Chevaliers de la Table Ronde, les grands contes allemands ; d’une religion impérialiste enfin : le catholicisme, qui va s’imposer largement par la force.
Le roman s’ouvre sur une attaque spectaculaire du château de Brionne, dans le duché de Normandie, enjeu territorial par excellence, qui en outre cache un trésor secret…
Ce siège est l’un des soubresauts de la succession de Guillaume le Bâtard, en Normandie, avec tous les conflits qu’elle a entraînés, en France et en Angleterre. Il est aussi un marqueur de la fin d’une époque : l’occupation d’une partie du royaume de France par les Normands (à l’origine les Vikings), et du début d’une autre : la discorde sur la possession de la Normandie entre Anglais et Français, période de guerre qui va durer trois cents ans.
Tissez-vous vos intrigues à partir d’un fait historique, d’un personnage inventé, d’une envie de mettre en valeur un aspect médiéval en particulier ?
Parfois il s’agit d’un thème comme la quête du Graal, la mort d’Arthur de Bretagne, la fin de Richard Cœur de Lion, les croisades... Mais pour ce roman je me suis inspiré d’un sujet souvent traité au cinéma ou dans les romans d’aventures : celui d’un inconnu qui arrive au milieu d’un conflit dans lequel une femme et un enfant sont impliqués, cet inconnu est un guerrier, il tombe amoureux de la femme, résout le conflit en tuant ses ennemis, mais il devra la quitter car il n’est pas du même monde qu’elle. Pour les amateurs de westerns, c’est le thème du roman Shane (dont on a tiré le film L’Homme des vallées perdues).
Il y a du " feuilleton " dans les aventures de Guilhem d’Ussel aux mille rebondissements, pour le plus grand bonheur des lecteurs. Vous laissez-vous parfois entraîner par vos personnages – quel tempérament, quelle vitalité ! – ou parvenez-vous à garder une emprise totale sur le déroulement de votre intrigue ?
Tout est à peu près prévu dès le départ. Je fais un plan très détaillé et je ne m’en éloigne guère.
Grâce à vous, on entre de plain-pied dans le Moyen Âge. Comment faites-vous pour en recréer les lieux, l’atmosphère, la langue ̶ et ses savoureux jurons. Quelle est la part du romancier et celle de l’historien ?
Je ne suis pas historien ! Mon Moyen Âge est, hélas, largement fictif. C’est le Moyen Âge d’un romancier, et c’est celui que les lecteurs aiment. Le vrai Moyen Âge était pire.
D’une certaine façon, le Moyen Âge vous permet-il plus de liberté pour écrire vos intrigues qu’une autre période historique ?
Non, toutes les époques donnent de la liberté aux auteurs. Évidemment, plus on remonte dans le temps, moins il y a de sources et moins on a de risques d’être contredit !
Aurons-nous le plaisir de découvrir de nouvelles aventures du jeune Guilhem d’Ussel ?
Il y aura une suite à ce roman, mais je ne la commencerai pas avant la fin de l’année prochaine ! Ensuite suivra un autre roman et j’aurai fait le lien avec les premières aventures de Guilhem (Marseille, 1198). Pour patienter, les lecteurs le retrouveront au début de 2021 (chez Plon), mais un Guilhem plus âgé, qui part pour Cordoue et retrouve une dame qu’il a croisée dans Férir ou périr. Mais chut !
Bonne nouvelle pour les amateurs d’intrigues et d’Histoire ! Les Éditions 10/18 lancent le Prix POLAR+ du Roman Noir Historique. Et repartent pour un Tour de France en Polar et Roman historique. Suspense garanti pour 2023…