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Quand les dieux sont en guerre
Date de parution : 19/02/2015
Éditeurs :
La Découverte

Quand les dieux sont en guerre

Date de parution : 19/02/2015
Malgré leurs ressemblances, voire, même, malgré l'influence qu'ils ont pu exercer les uns sur les autres, admettons enfin que le dieu des Juifs est différent du dieu des catholiques, des orthodoxes, des protestants, de celui des musulmans sunnites, des chiites, des dieux indiens, des multitudes de bouddhas…Pour Tobie Nathan, ce principe est la condition même d'une possibilité de paix - fille de la singulière similitude des hommes entre eux, malgré l'hétérogénéité de leurs dieux.
Les guerres prennent de plus en plus la forme de « guerres de religions ». Est-ce la faute de croyants qui connaissent mal leur religion ?… qui ignorent que toutes... Les guerres prennent de plus en plus la forme de « guerres de religions ». Est-ce la faute de croyants qui connaissent mal leur religion ?… qui ignorent que toutes les divinités ne sont que l’expression d’une même idée de dieu ? En reprenant le récit biblique, en particulier celui... Les guerres prennent de plus en plus la forme de « guerres de religions ». Est-ce la faute de croyants qui connaissent mal leur religion ?… qui ignorent que toutes les divinités ne sont que l’expression d’une même idée de dieu ? En reprenant le récit biblique, en particulier celui de la Genèse, Tobie Nathan interroge cette idée qui fait consensus et ne fait que traduire, d’après lui, la naïveté de ceux qui rêvent de paix.
Mais le dieu des juifs est-il vraiment le même que celui des catholiques ? Ce dernier est-il le même que celui des orthodoxes, des protestants ou des musulmans sunnites, chiites ? Sans parler de la galaxie des dieux indiens, des multitudes de bouddhas… Avons-nous un dieu unique, même s’il est prié différemment ? Pouvons-nous faire, avec Tobie Nathan, une proposition radicalement nouvelle : les hommes seraient semblables mais ce sont leurs dieux qui seraient différents.
Quelles en seraient les conséquences politiques ? Une telle idée serait-elle plus raisonnable, plus proche des faits et, surtout, plus efficace que les idées courantes ? C’est en exploitant ce postulat que Tobie Nathan nous invite à de nouvelles propositions pour fabriquer la paix.
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EAN : 9782359251043
Façonnage normé : EPUB2
DRM : Watermark (Tatouage numérique)
EAN : 9782359251043
Façonnage normé : EPUB2
DRM : Watermark (Tatouage numérique)

Ils en parlent

Tobie Nathan, professeur émérite de psychologie, ethnopsychiatrie et collaborateur régulier de Psychologies magazine, s'appuie sur un commentaire de la Bible pour recuser l'idée humaniste selon laquelle toutes les divinités découlent d'une même conception de Dieu. Au contraire, il s'agit d'admettre la pluralité des divinités ainsi le dieu juif n'est pas celui des catholiques ni celui des musulmans. Une fois cette diversité admise, l'auteur propose d'instaurer un "parlement des dieux", où chacun sera représenté, loin de cette "interreligiosité tiédasse, qui a pour seul résultat d'exacerber les violences des dieux non reconnus dans leurs exigences propres afin de fabriquer la paix" entre les religions.
 
Psychologies Magazine
Les religions ne sont pas des masques "idéologiques" ou des alibis politiques: une divinité fonctionne comme un logiciel, avec son programme et ses bugs. "Pour entrer dans mon propos, il faut admettre l'hétérogénéité des dieux", explique l'ethnopsychiatre Tobie Nathan, pour qui "la Terre est devenue un espace d'affrontement entre divinités qui persévèrent chacune dans son projet, aujourd'hui obsolète, d'une conquête totale du monde". Le remède de l'auteur: "un parlement des dieux". Ou comment être théologien et athée !
Le Canard enchaîné
Préoccupé par la prégnance du religieux dans les guerres, Tobie Nathan ébranle ici les explications habituelles (à ses yeux naïves) : ces violences procéderaient de manipulations politiques ; ou bien de la méconnaissance de leur propre tradition par les croyants, ignorant que « toutes les divinités sont l’expression d’une même idée de dieu ». Fort de son expérience des pathologies psychiques liés à l’exil, le pionnier de l’ethnopsychiatrie en France défend l’hypothèse inverse : « les hommes seraient semblables, mais ce sont leurs dieux qui sont différents » ; et donc, en conflit. A la lumière de ce postulat, il relit la Torah en particulier le parcours du premier briseur d’idoles, le « fondateur » Abraham. Notre expert ès-diversité culturelle en déduit une nouvelle proposition, selon lui plus raisonnable » et « efficace » pour construire la paix que « l’interreligiosité tiédasse ». A savoir créer un « parlement des dieux », à même de leur enseigner la coexistence. De fait, Tobie Nathan nous empêche « de penser en rond ».
 
Eric Vinson / Le Monde des religions

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Apoapo 09/07/2016
    [Quelquefois mon impression devient une certitude que lorsque je rédige ma note de lecture, je transforme surtout le livre lu en celui que j'aurais rêvé de lire...] Je connaissais déjà la séduisante thèse qui intitule cet essai : les dieux sont multiples – d'ailleurs « Elohim est un pluriel [le sing. étant El]... Elohim... tous les dieux possibles pour atteindre le concept de Dieu » (p. 100), le dieu d'Avram, contrairement à Dionysos qui installe son culte non sans dégâts à Thèbes, dans une ville et auprès d'un peuple existant déjà, est un « jeune dieu », un « débutant » (p. 44) qui « veut constituer son peuple à partir d'un homme, qu'il investit dans cette intention » (p. 45) ; dès lors, les dieux successifs, qui sont tout aussi différents entre eux que les précédents – il est faux et très dangereux de tenter d'affirmer le contraire dans « l'interreligiosité tiédasse » (p. 93) –, n'ont pas su renoncer à « l'espoir de l'instauration d'un monothéisme planétaire » (p. 88) ; ils n'ont pas hésité à privilégier la guerre comme moyen pour parvenir à leur fin : « le bras des rois assyriens a été armé [740-720 av. J.-C.] par le dieu des Juifs pour punir son peuple [de l'avoir délaissé] – ce dieu qui parle à travers la bouche de son prophète [Isaïe] pour annoncer que rien ne restera du royaume d'Israël » (pp. 57-58), ou, en d'autres termes : « malgré les apparences, ce ne sont pas les hommes qui font la guerre, mais les dieux. » (Ibid. et passim). En guise d'exemples, quatre ou cinq épisodes se sont produits en quelques mois seulement de l'année 2001 : 8-9 mars, les talibans dynamitent les deux bouddhas géants de Bâmiyân ; en février, le ministre fédéral belge de l'Agriculture interdit le transport d'ovins rendant impossible l'organisation de la fête du Sacrifice pour les Musulmans de son pays ; mesure analogue à celle prise par la préfecture de Paris interdisant l'abattage rituel des poulets, sous prétexte de grippe aviaire, la veille de Kippour ; le 23 novembre, le Tribunal pénal international de La Haye inculpe Milosevic de génocide pour avoir « […] planifié, ordonné, commis ou aidé à exécuter la destruction de tout ou partie de la population musulmane ou croate (catholique) de Bosnie » ; enfin, le 7 octobre, Ben Laden revendique et commente les attentats du 11 septembre en ces termes : « Voilà l'Amérique frappée par Allah dans son point le plus vulnérable, détruisant, Dieu merci, ses bâtisses […] et nous remercions Allah pour cela. […] Dieu a dirigé les pas d'un groupe de musulmans […] et nous implorons Allah d'élever leur rang et de les recevoir au paradis. » (pp. 84-85) [Je m'étonne juste, et je conteste l'usage alterné des termes Allah et Dieu dans cette traduction, qui constitue une contradiction avec l'esprit de cet ouvrage]. En somme : « Il faudra imaginer que tous ces conflits de l'année étaient des agressions des divinités les unes contre les autres. […] Le conflit indo-pakistanais au sujet du Cachemire pourra de la même manière être considéré comme un antagonisme, lourd de menaces, entre le dieu musulman et les dieux indiens. » (p. 87), et que dire du conflit israélo-palestinien ! Une proposition de paix est également faite par l'auteur : un parlement des dieux composé d'élus humains initiés (conformément à l'étymologie du mot « élu »), ni prêtres ni politiques, cela va sans dire (!), qui « entreprendront enfin l'indispensable pédagogie : enseigner à leurs dieux la coexistence au sein des mondes. » (p. 92). Jusque là, mon livre rêvé. Passons au livre réel. Le chapitre premier : « Briser les idoles », comporte l'examen critique de cet énorme et criminel malentendu du lexème « lekh lekha » (« va/marche pour toi »), jeu de mots évident par allitération, en l'occurrence, qui aurait fait d'Avram/Abraham un iconoclaste, un révolté du paganisme, un destructeur d'idoles. Au passage, notons que ce lexème, absent de Bereshit (la Genèse) et pourtant figurant dans le Coran, a corroboré les pires abominations de l'Histoire : « Les païens et les hérétiques seront poursuivis par l’Église durant tout le Moyen Âge [uniquement ?), les musulmans réduiront une bonne partie de l'Afrique en esclavage [avant que la traite ne prenne le relais], la conquête sans pitié de l'Amérique, du Nord comme du Sud, la colonisation sauvage de l'Afrique, de l'Australie et des îles du Pacifique, autant d'actes de guerre commis au nom de cette fameuse "destruction des idoles". Car que fait le déferlement monothéiste civilisateur depuis deux millénaires, sinon "briser des idoles" ? » (p. 10) Le ch. II : « La soudure des morceaux », dans la continuité de l'explication de « lekh lekha », parle de l'initiation, notamment de celle d'Avram par le dieu lui-même, ce qui fait de lui un prophète et un fondateur (de son peuple). À noter aussi la conséquence de la fin de l'alliance d'un dieu avec son peuple, ou vice versa : « Vous deviendrez alors un "être contingent", l'infinie victime du "pourquoi pas"... […] ou encore, selon la célèbre formule de Leibnitz : "Pourquoi cela et pas simplement rien ?" Ce "n'importe quoi" qui est la marque du pessimisme des modernes. » (p. 53). Le ch. III : « Le phasme et la brindille », s'étend davantage sur les péripéties de l'alliance entre les Juifs et le dieu d'Avram (devenu Abraham après l'initiation), il parle des guerres et critique l'interprétation que Freud tenta de celle de 1914-18 par la notion de pulsions ; Deleuze est convoqué rapidement, l'étrange prophétie d'Isaïe sur la cohabitation pacifique du loup et de l'agneau et de divers autres binômes animaliers tout aussi improbables est longuement analysée, et enfin mon livre rêvé y tient sa place. Enfin, en annexe, « Bereshit ou le manuel de thérapie », quelques phrases de incipit de la Genèse sont entièrement relues non pas comme le conte, « pour enfants infantilisés » de « comment Dieu s'y est pris pour créer la terre, le ciel, les mers, les plantes et les animaux », (p. 98), mais en guise de manuel pour tout artisan créateur, et singulièrement comme mode d'emploi, à peine métaphorique, à l'usage du psychothérapeute. Une annexe qui est aussi, à maints égards, un point d'orgue : je dois l'avouer malgré mes propres préférences et intérêts... On l'aura compris, cet ouvrage se fonde quasi exclusivement sur l'exégèse biblique, en particulier sur l'immense polysémie de chaque phrase, de chaque mot de la Torah en particulier, et de l'hébreu en général. On pourrait peut-être lui reprocher que cette multiplicité des dieux et leur penchant belliqueux est une obsession typiquement biblique, reprise par les monothéismes qui en sont issus. Le procédé est séduisant pour les passionnés de langues, de traduction et de philosophie, dont je suis, mais surtout, à l'évidence, pour les théologiens, talmudistes et autres biblistes dont je ne suis pas du tout, du tout. De l'ethnologie et de la psychanalyse les traces sont trop infimes pour que je me sente rassasié. [Quelquefois mon impression devient une certitude que lorsque je rédige ma note de lecture, je transforme surtout le livre lu en celui que j'aurais rêvé de lire...] Je connaissais déjà la séduisante thèse qui intitule cet essai : les dieux sont multiples – d'ailleurs « Elohim est un pluriel [le sing. étant El]... Elohim... tous les dieux possibles pour atteindre le concept de Dieu » (p. 100), le dieu d'Avram, contrairement à Dionysos qui installe son culte non sans dégâts à Thèbes, dans une ville et auprès d'un peuple existant déjà, est un « jeune dieu », un « débutant » (p. 44) qui « veut constituer son peuple à partir d'un homme, qu'il investit dans cette intention » (p. 45) ; dès lors, les dieux successifs, qui sont tout aussi différents entre eux que les précédents – il est faux et très dangereux de tenter d'affirmer le contraire dans « l'interreligiosité tiédasse » (p. 93) –, n'ont pas su renoncer à « l'espoir de l'instauration d'un monothéisme planétaire » (p. 88) ; ils n'ont pas hésité à privilégier la guerre comme moyen pour parvenir à leur fin : « le bras des rois assyriens a été armé [740-720 av. J.-C.] par le dieu des Juifs pour punir son peuple [de l'avoir délaissé] – ce dieu qui...
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