L'attentat : Le livre de Yasmina Khadra

[masquer]Très belle plume, je découvre l’auteur avec cet ouvrage. Tout ce que je retiens c’est que un événement peut impacter tout ton entourage et dans ce cas ci ça vraiment été comme un effet dominos la manière comment les évènement se sont passés.[/masquer]

C'est un roman bouleversant qui aborde avec tact et impartialité un sujet religieux et politique profondément sensible. Mais au-delà du décor, je vois dans ce roman surtout la quête identitaire d'un homme qui se trouve au milieu de deux mondes irréconciliables. Je vois un homme assoiffé de vérité sur sa vie et sur la femme qu'il a aimée. Nous le suivons dans cette quête désespérée afin de comprendre le geste de sa femme et essayer de trouver une réponse dans ses souvenirs, dans les silences, dans les rancunes et frustrations que tout être humain dissimule plus ou moins bien. Un roman sombre mais passionnant qui nous invite à réfléchir sur le pourquoi de certains actes qui peuvent sembler incompréhensibles. C'est une plongée dans le secret de nos âmes et dans notre profonde solitude: "aucune chose sur terre ne t'appartient vraiment" dit l'un des chefs de guerre à Amine. Le récit nous invite donc à accepter l'idée que nous ne pourrons jamais accéder aux autres. Les êtres que nous aimons nous sont souvent inaccessibles ou remplis de secrets qui peuvent se révéler un jour destructeurs: "un rien déclenche l'irréparable lorsque la haine est en soi" (page 221). Mélange de réalisme et de poésie, d'horreur et de beauté, le style de l'auteur, certaines phrases et certaines images m'accompagneront pendant longtemps.

L'attentat de Yasmina Khadra est un roman puissant et poignant qui aborde la question du fanatisme à travers le prisme d'une quête personnelle. L'attentat a été salué par la critique et lauréat du prix des libraires 2006, le livre se distingue par son traitement nuancé du conflit israélo-palestinien. Malheureuse actualité ! Le personnage principal est le docteur Amine Jaafari. C'est un imminent chirurgien Israélien d'origine arabe. Tout le livre se base sur l'étonnement autour du drame qu'il va vivre, en découvrant que sa femme est à l'origine d'un attentat terroriste. Sa femme kamikaze il ne l'a pas vu venir! Rien ne pouvait lui laisser penser que ça pouvait arriver. Sa vie bascule. Ces croyances, son avenir, tout est remis en question. Ce choc va être le point de départ pour une quête de vérité. Il va essayer de découvrir comment, par quel biais, sa femme qu'il croyait connaître a pu en arriver là. Je trouve que cette quête de vérité est un thème parlant et universel. Le roman aborde aussi la question de l'identité. Le personnage est tiraillé en sa nationalité israélienne et ses origines palestiniennes. Il incarne parfaitement ce déchirement de ceux qui tentent de trouver leur place dans un conflit qui les dépassent. L'auteur à travers ce roman ne se contente pas de dénoncer le terrorisme, il essaie de décrire les mécanismes qui y conduit en explorant la logique interne et les logiques psychologiques et sociales qui le favorise. J'ai trouvé touchant dans le roman que le thème de l'amour est au cœur de cette quête de vérité. Une recherche de la vérité politique autant qu'une recherche de compréhension sur sa relation avec sa femme. Un chemin de deuil pour une trahison et un amour perdu. Le style de l'auteur n'a plus. Son écriture est à la fois brutale et poétique. Il alterne entre noirceur des événements et une sensibilité lorsqu'il évoque les liens, sa famille, son pays, son enfance. J'ai trouvé que l'auteur a su totalement donner une place particulière aux sentiments et aux émotions dans son écriture. La douleur la colère l'incrédulité autant d'émotions qui sont décrites avec subtilité et justesse. On a de l'empathie pour le personnage. Pour finir je dirais que l'auteur a su traiter ce thème qui peut être clivant polarisant avec objectivité. Son écriture se veut d'être un pont entre les cultures !

Un récit bouleversant et magnifiquement écrit dans lequel Amine se débat entre ses convictions, sa vocation de guérir, la tension des israéliens parmi lesquels il vit et les souffrances du peuple palestinien dont il est issu. Notre narrateur est un exemple de réussite. Médecin réputé, chirurgien qui a réussi à se faire un nom parmi les plus grands, il cumule succès professionnel et personnel. Il vit dans une belle villa de Tel'Aviv et son ménage est un exemple du bonheur conjugal. Tableau idéal jusqu'à ce jour où il apprend que sa femme est la kamikaze morte responsable d’ un attentat qui a ravagé un restaurant bondé. A partir de ce moment-là, le roman suit deux voies entremêlées. Un côté psychologique : comment accepter que son épouse qu'il croyait connaître à la perfection,la personne  en qui il avait une confiance absolue, soit une terroriste ? Et un côté politique. Très vite, le narrateur se rend compte que sa réussite n'est qu'un mince vernis qui ne masque pas la triste vérité. Il s'appelle Amine Jaafari, il est arabe naturalisé israélien. Et il va vite comprendre que dans une telle situation, être arabe signifie être suspect. Qu'aux yeux des autorités de son pays, il n'est pas aussi israélien qu'un juif. Il a beau ne pas être croyant, il a beau avoir entièrement tourné le dos à son passé et à sa famille, il a beau avoir renié ses racines, il n'est jamais qu'un citoyen de seconde zone dans cet état qui se qualifie "d’État Juif". Les deux aspects vont se mêler, s'entrecroiser puis se confondre. Amine va tenter de refaire le parcours de sa femme afin d’en connaître les raisons et chercher qui a pu la pousser à commettre un tel acte. . Il va découvrir, à chaque étape, une situation de plus en plus dégradée, des conditions de vie (ou plutôt de survie) de plus en plus horribles. Ce voyage lui permettra également de retrouver ses racines. Plus il va avancer, plus il renouera avec sa famille, avec son passé. L'analyse psychologique d'Amine m'a paru bien plus intéressante. c'est peut-être bien là que Khadra atteint les véritables pages politiques de son livre, avec une réflexion sur l'identité et l'engagement. Dans l'organisation du roman, il y a un détail que j'ai beaucoup aimé. Les trois premières pages sont reproduites à la fin. Il s'agit d'un attentat dont le narrateur est une victime. La vision de celui-ci est totalement différente... Un roman très facile et rapide à lire dont la fin est vraiment magnifique.