La dernière nuit du Raïs : Le livre de Yasmina Khadra

Séduite depuis de longues années par la plume de Yasmina Khadra, j’ai lu La dernière nuit du Raïs sans savoir à quoi m’attendre. J’ai dévoré ce livre court d’une petite centaine de pages. A nouveau l’auteur fait parler son génie en nous offrant un récit de la dernière nuit de Mouammar Kadhafi, le narrant du point de vue même du Raïs. Cette fenêtre sur un moment clef de l’histoire récente de la Lybie permet de remonter également les événements qui ont ponctué la vie de Mouammar Kadhafi et qui ont façonné sa pensée pour en faire un despot imbu de sa personne et excentrique. Bien loin de se contenter de nous narrer une frise historique, Yasmina Khadra réussit avec brio à nous faire comprendre le fonctionnement psychologique du dictateur. C’est un livre que je recommande fortement à toute personne aimant le monde arabe et/où les romans mettant en avant des moments clefs de la géopolitique moderne.

Il a poussé la mégalomanie jusqu’à chercher à incarner toute une nation, persuadé que, par son statut de souverain absolu, il régnait sans partage sur les êtres et les choses. Le monde entier connaît ses méfaits, mais que sait-on vraiment de sa personne ? Dans La dernière nuit du raïs, Yasmina Khadra nous plonge dans la tête d’un tyran et d’un mégalomane, il s’agit de l’ancien président libyen Mouammar Kadhafi. Il nous raconte d’une parfaite manière les derniers instants, les dernières heures de sa vie. Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est le sujet principal de ce livre que je trouve très intéressant et très peu abordé par les auteurs. Et ce que j’ai également apprécié c’est l’utilisation de la première personne du singulier ( L’auteur utilise le « je » pour décrire les derniers instants de Kadhafi. Vous vous rendez compte, c’est Kadhafi qui nous parle, qui nous raconte ses derniers instants et ceci nous rapproche de lui. On sent qu’on est proche physiquement de Kadhafi ). Mais en tant que lecteur, je me suis senti très proche, j’ai vu les scènes de guerres et j’ai senti une certaine peur et j’ai même essayé de comprendre la psychologie de ces personnages. Néanmoins, ce que je n’ai pas aimé dans ce livre, ce qu’il manque la férocité, la barbarie, la méchanceté, la cruauté, le mépris des autres, l’égoïsme. L’auteur décrit un Kadhafi délirant… C’est complètement égoïste aussi et je trouve qu’il n’y a pas vraiment cette férocité qu’il y a eu de milliers de morts quand on raconte l’histoire de cette prison, il va faire abattre plus de 1200 prisonniers à la mitraillette… On ne le ressent pas assez là dedans. Et puis, quand il parle par exemple de l’appétit sexuel de Kadhafi, du viol de jeunes femmes, là on ne le ressent pas. C’est-à-dire : il passe là-dessus un peu légèrement. Ça se lit. Alors il faut le reconnaître par contre les dix dernières pages où il décrit la mort de Kadhafi, là alors on retrouve toute la férocité, on retrouve ce type qui ne comprend plus rien, qui se prend pour Dieu… « Je suis comme le bon Dieu, le monde que j’ai créé s’est retourné contre moi ». L’écriture de Yasmina Khadra est magnifique, très poétique et imagée. Et ce n’est pas ma première fois de le découvrir… je crois que je l’ai déjà lu dans « Ce que le jour doit à la nuit ». C’est un vrai plaisir de le lire.

Comme d'habitude, Yasmina Khadra nous emporte dès les premières pages et ne nous lâche plus. Ce récit très dense et basé sur des sources vérifiables est un thriller passionnant. Cette plongée dans la tête du tyran Kadhafi nous entraîne dans l'histoire contemporaine et elle montre, dans le contexte actuel, combien le pouvoir peut détruire la morale de n'importe quel dirigeant politique.

Je connaissais l'histoire de Khadafi et sa triste fin mais ce livre vous plonge dans une histoire détaillée et poignante. Comme souvent avec cet auteur, on est plongés dans le décor et les émotions sont parfaitement bien transmises. Tout le long, on sait que Khadafi finira par mourir mais tout le long, on espère que la fin ne sera pas si tragique. Le récit de cette dernière nuit du Raïs l'humanise un peu plus et raconte avec tristesse sa chute.