Une saison pour les ombres : Le livre de R.J. Ellory

1972 La famille Devereaux s'installe à Jasperville, commune isolée du Québec, là où la nature tolère plus ou moins que l'Homme la côtoie. Les deux parents et leurs trois enfants y vivront malgré tout quelques années paisibles, avant que le malheur ne les fasse progressivement sombrer. Début du XXIème siècle. Jack Devereaux n'a rien oublié de son enfance à Jasperville. Lui qui a fui dès qu'il l'a pu, se voit néanmoins rattraper par les ombres du passé. Alors qu'il se croyait libre, est-il seulement parvenu à se défaire de cette ville, à l'heure où il est contraint d'y retourner ? Voilà de quoi parle, sans trop en révéler, le troisième roman d'Ellory que je découvre cette année. J'ai retardé ma lecture car je venais tout juste de finir "Norferville" de Franck Thilliez, dont l'action se situe dans un environnement totalement similaire. (Les descriptions de Jasperville et de Norferville sont d'ailleurs confondantes !) Toutefois, les auteurs nous content deux histoires bien différentes. Là ou le Français s'appuie davantage sur le sort et le quotidien des Amérindiens, Ellory puise lui dans le sort réservé à la famille Devereaux. Une famille que nous suivons pourtant avec un vrai plaisir, de son installation laborieuse à Jasperville jusqu'aux premières péripéties dramatiques, grâce à une double temporalité que j'ai adoré découvrir. La fin m'a surpris mais pas forcément dans le bon sens. J'ai trouvé que l'auteur a rapidement mit fin à son intrigue, après avoir pris tant de soin à développer le contexte et ses personnages. Cela m'a surpris au moment d'attaquer les 60 dernières pages. Je m'attendais également à un dernier retournement de situation qui n'est pas tout à fait venu. En fait, j'ai trouvé la fin très sobre, sans paillette. J'aurais aimé avoir le souffle coupé, vous voyez ? Une troisième très bonne lecture, mais j'attends encore mon coup de coeur, bizarrement.

Avec une chaleur pareille, il n'y a rien de mieux qu'un thriller se déroulant au plus profond du Canada pour se rafraichir. R.J Ellory nous as trouvé le lieu idéal : Jasperville. Rien que le nom fait rêver. Une ville minière éloignée de tout, un climat rude, glacial où les températures peuvent descendent jusqu'à -30 et où le soleil se lève difficilement. Si l'on rajoute à ce cadre idyllique, la mort mystérieuse de plusieurs jeunes filles, il ne faut pas hésiter un instant et acheter ses billets pour cette charmante bourgade. Sinon, pour la modique somme d'un format poche, on peut se plonger dans une histoire captivante sur un tueur en série. A moins que ces cadavres soient l'œuvre d'animaux sauvages ou encore mieux, d'un wendigo. Je ne pensais pas découvrir cet auteur aussi vite, ma rencontre a été précipitée par les retours enthousiasmants de Hoody. Une saison pour les ombres trainait dans ma pal, alors ni une, ni deux, j'ai débuté ma lecture et il m'a été bien difficile de m'arrêter. Ce livre est un véritable page Turner. Le récit est bien tourné, il y a une alternance à chaque chapitre entre le passé du héros (Jack ou Jacques) et le présent si bien que lorsque l'on veut continuer le récit actuel, nous sommes obligé de lire l'autre partie avant. Ca avance vite, très vite. J'ai eu envie de savoir ce qu'il s'était réellement passé, les liens entre les protagonistes, cette promiscuité entrainée par les conditions de vie difficile, le soutien des habitants entre eux et ce mystère en fil rouge. R.J Ellory écrit divinement bien. Son texte est limpide, c'est simple sans être simpliste. L'immersion dans l'histoire est immédiate. J'ai beaucoup apprécié cette lecture. Petit bémol sur la "deuxième partie" du récit, quand il n'y a plus que le présent. J'étais mieux dans le passé finalement. Mais c'était quand même bon, très qualitatif tout ca. J'y retournerai, c'est certain. Encore merci à mon copilote, à charge de revanche Hoody :)

Après "Seul le Silence" et " Le Chant de l'assassin", c'est mon troisième roman de Ellory. Sans rythme trépidant, sans coups de théâtre à répétition, ce romancier nous envoûte. Je vois ses romans comme un carrefour où se croiseraient le thriller, le drame familial et le roman d'atmosphère (un soupçon de Nature Writing). Nous suivons Jack/Jacques revenant dans sa ville d'enfance, fuie par angoisse de la solitude, crainte du père et certitude d'un horizon sans surprise. Nous le suivons dans ce coin paumé du Canada et le passé émerge progressivement, par touches. Les drames des anciennes années imposent à Jack une confrontation avec ce qu'il a cherché à oublier durant vingt-six ans dans une autre vie, une vie au final factice. Quelle belle plume ! Quel talent pour nous immerger dans cette petite ville isolée et froide. Des personnages d'une belle profondeur, un tableau réaliste d'un monde ouvrier entièrement sous la coupe d'une société d'exploitation de minerai, un rythme qui peut sembler lent mais qui, au final, vous prend dans ses filets. Oui, "envoûtant" est le bon terme pour moi. Nul doute qu'un quatrième roman va bientôt suivre !

Ellory prend son temps que ce soit pour poser l'intrigue ou la psychologie des personnages. Plutôt que thriller, je parlerais d'un roman noir d'ambiance dans une ville "au bout du monde", au bout du Canada, ville minière où il fait glacial durant de longs hivers . On ne vient pas spécialement par plaisir à Jasperville. Nous sommes dans un double temporalité pour Jacques et sa famille : cela débute en 1972 lors de leur arrivée lorsque le père cherche un emploi. Plusieurs évènements vont arriver et entre autre, la découverte d'un cadavre d'une jeune fille. Jacques va fuir cette ville à 19 ans et ne revenir que 26 ans plus tard pour voir son frère qui a été arrêté. Les évènements sont liés entre eux et on va découvrir , grâce à des flashbacks, ce qui s'est passé durant l'enfance et l'adolescence de Jacques et comment ces évènements sont liés au présent et à l'arrestation de son frère. A travers ce roman, on ressent très fort les émotions des personnages, ce qu'ils ont vécu. Comment vont-ils exorciser leurs démons et vont-ils y arriver ? La psychologie des personnes et particulièrement de Jacques est très fournie et complexe. J'ai vraiment aimé ce roman qui oscille entre le roman noir et l'enquête policière bien que menée par Jacques, qui n'est pas flic. C'est une histoire qui prend aux tripes et pour laquelle on ne peut pas rester insensible.