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Camera obscura
Date de parution : 11/01/2024
Éditeurs :
Julliard

Camera obscura

Date de parution : 11/01/2024
Un matin, un photographe militaire voit arriver, à l’hôpital où il travaille, quatre corps torturés. Puis d’autres, et d’autres encore. Au fil des clichés réglementaires qu’il est chargé de prendre,... Un matin, un photographe militaire voit arriver, à l’hôpital où il travaille, quatre corps torturés. Puis d’autres, et d’autres encore. Au fil des clichés réglementaires qu’il est chargé de prendre, il observe, caché derrière son appareil photo, son pays s’abîmer dans la terreur. Peu à peu, lui qui n’a jamais... Un matin, un photographe militaire voit arriver, à l’hôpital où il travaille, quatre corps torturés. Puis d’autres, et d’autres encore. Au fil des clichés réglementaires qu’il est chargé de prendre, il observe, caché derrière son appareil photo, son pays s’abîmer dans la terreur. Peu à peu, lui qui n’a jamais remis en cause l’ordre établi se pose des questions. Mais se poser des questions, ce n’est pas prudent.
Avec une justesse troublante, ce roman raconte le cheminement saisissant d’un homme qui ose tourner le dos à son éducation et au régime qui a façonné sa vie. De sa discrétion, presque lâche, à sa colère et à son courage insensé, il dit comment il parvient à vaincre la folie qui le menace et à se dresser contre la barbarie.
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EAN : 9782260056256
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)
EAN : 9782260056256
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • DOMS 26/04/2024
    Il est marié avec bonheur avec Ania, est le père aimant de Najma et Jamil, vit dans un pays qui ne sera jamais nommé mais que l'on imagine aisément comme étant la Syrie de Bashar El Assad pendant la guerre civile Il a un étrange métier. Il est photographe légiste de la police militaire syrienne. Son travail consiste en photographier et enregistrer les cadavres qui sont entreposé à la morgue de l’hôpital militaire dans lequel il travaille. Routine pas très agréable, mais routine quand même. Pourtant, le matin où il découvre plusieurs cadavres de jeunes gens à photographier, il s'interroge. Jeunes, martyrisé, torturés, en partie cachés, aux noms effacés, à la vie soustraite au monde, comme s'ils n'avaient jamais existé. Alors il se pose des questions. Et protégé derrière la lentille de son appareil photo, il clique, une deux, trois photos pour se souvenir, garder en mémoire ceux qui furent et n'existent plus. Pourquoi, il ne le sait pas encore, mais il sait au plus profond de lui qu'il n'a pas le choix, qu'il est peut-être le seul témoin de la fin de ces existences bien trop courtes, existences qu'il faut rappeler au monde, pour ne pas les oublier. Et chaque nouveau matin apporte son lot de corps, jeunes, suppliciés, torturés, à effacer de toute urgence mais à photographier malgré tout. Silence oppressant des autorités, sens du devoir impliquant un risque important pour le narrateur, son choix est vite fait, il n'a d'ailleurs pas le choix prendre en photo, trouver les noms de tous ces morts, témoigner, pour qu'un jour, peut-être, la vérité sorte enfin. Pour les familles, pour le combat, pour la vie. Mais la tâche est compliquée, il est observé, traqué, par ses supérieurs, puisqu'il ne faut pas que la moindre information puisse fuiter, il ne faut pas que le monde sache. Difficile de prendre position, continuer, faire savoir, prendre en photo et témoigner à l'extérieur au péril de sa propre vie et de celle de sa famille ? Quel choix s'offre à lui, quel destin l'attend, lui, sa femme, ses enfants. Difficile de prendre position, continuer, faire savoir, prendre en photo et témoigner à l'extérieur au péril de sa propre vie et de celle de sa famille ? Quel choix s'offre à lui, quel destin l'attend, lui, sa femme, ses enfants. C'est ce que le lecteur assis confortablement dans son fauteuil va découvrir ces autres mondes qui frappent à nos portes mais que nous ne voyons que d'un œil, protégés que nous sommes par nos démocraties certes pas toujours optimums mais où la liberté de penser, de dire et d'agir existe. Un roman émouvant, et ce d'autant plus que le narrateur existe et vécu ce qui nous est exposé ici. Il est inspiré de la véritable histoire d'un photographe Syrien qui vit aujourd'hui en Europe sous le nom de César. https://domiclire.wordpress.com/2024/04/25/camera-obscura-gwenaelle-lenoir/Il est marié avec bonheur avec Ania, est le père aimant de Najma et Jamil, vit dans un pays qui ne sera jamais nommé mais que l'on imagine aisément comme étant la Syrie de Bashar El Assad pendant la guerre civile Il a un étrange métier. Il est photographe légiste de la police militaire syrienne. Son travail consiste en photographier et enregistrer les cadavres qui sont entreposé à la morgue de l’hôpital militaire dans lequel il travaille. Routine pas très agréable, mais routine quand même. Pourtant, le matin où il découvre plusieurs cadavres de jeunes gens à photographier, il s'interroge. Jeunes, martyrisé, torturés, en partie cachés, aux noms effacés, à la vie soustraite au monde, comme s'ils n'avaient jamais existé. Alors il se pose des questions. Et protégé derrière la lentille de son appareil photo, il clique, une deux, trois photos pour se souvenir, garder en mémoire ceux qui furent et n'existent plus. Pourquoi, il ne le sait pas encore, mais il sait au plus profond de lui qu'il n'a pas le choix, qu'il est peut-être le seul témoin de la fin de ces existences bien trop courtes, existences qu'il faut rappeler au monde, pour ne pas les oublier. Et chaque nouveau matin apporte son...
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  • christelle272 22/04/2024
    Caméra Obscura de Gwenaëlle Lenoir. Un très beau livre où nous suivons le photographe d'un hôpital militaire dans un pays du Moyen Orient. Après avoir été formaté dès son plus jeune âge à vivre sous un régime dictateurial, il ouvre enfin les yeux. Il découvre les atrocités du régime et va partager tout ça au monde entier. Il va mettre sa vie en danger et va devoir, malgré lu,i quitter son pays, sa famille. Un roman qui met en lumière les courageux, celles et ceux qui mettent leur vie en jeu pour la liberté. On comprend aussi pourquoi les gens fuient leur pays pour échapper à l'horreur.
  • MaxSco 21/04/2024
    @Camera obscura de @Gwenaëlle Lenoir est un livre d’une puissance phénoménale. Les hommes sont fous. Notre terre tourne avec des hommes fous, devenus fous, rendus fous ; des bourreaux, des victimes, des victimes, des bourreaux ; des gouvernements tout puissants qui massacrent, torturent, exterminent ; des pays où un soupir peut être interprété comme un acte terroriste. Terroriste ? Oui ? Non ? Selon sa place sur l’échiquier politique. Selon l’époque. Notre monde n’a-t-il pas toujours été fou ? En France, lors de la 2ème guerre mondiale, sous le régime totalitaire de Vichy, nous avions nous-aussi nos terroristes. Il s’agissait alors de Jean Moulin ou d’autres résistants. Un monde où la peur devient compagne. La peur stupéfie, sidère mais elle révèle. Toujours. Dans un pays du Moyen-Orient, un homme au long cou tétanise la population. Lire @Camera obscura de @Gwenaëlle Lenoir, c’est comme se prendre un coup de poing dans le ventre. Cette lecture coupe le souffle. @Camera obscura, c’est l’histoire d’un Syrien dans un contexte de cécité concertée. A l’international, les pays font mine de vouloir aider à trouver une solution politique mais les dictateurs d’ici ou là savent que les intérêts géopolitiques, économiques ou stratégiques des autres pays leur donnent le plus efficace des blancs-seings. En réponse à la révolution pacifique et tellement pleine d’espoir de 2011, la vie en Syrie devient la quintessence d’un enfer totalitaire. La répression de Bachar el Assad est de plus en plus sanglante. Tortures, enlèvements indiscriminés, exécutions sommaires, procès à qui il ne reste du procès que le nom et le tout dans un climat d’insécurité attisé en permanence. Assad, entouré de ses militaires, miliciens, mouchards et autres affidés, a soigneusement maillé son filet et il surveille également le niveau d’enthousiasme de la population lors des nombreux événements dédiés à sa personne. Le culte de la personnalité, Staline, perpétrant des horreurs, menant de front sa politique totalitaire, avait déjà montré le chemin. Chacun devait admirer et obéir au Grand Homme. Cette méthode du culte de l’homme providentiel sera souvent reproduite dans ces mêmes régimes politiques. Bachar el Assad en fait son miel. @Camera Obscura commence comme l’histoire d’un jeune couple que l’on pourrait croire ordinaire, une femme, un homme, deux enfants, du travail et la sécurité dans les bras l’un de l’autre, l’intimité comme unique espace de liberté. Unique espace de liberté ? Ça fait tousser. Toujours être sur ses gardes : « Ce n’est pas prudent. ». Combien de fois cette phrase est-elle répétée dans le livre ? Tout le monde se méfie de tout le monde. La vie des Syriens, c’est comme un perpétuel travail d’équilibriste et ils ne sont pas si mauvais dans leurs nombreux et obligés numéros. Les filles du jeune couple fredonnent la dernière chanson apprise à l’école sur la grandeur du dictateur. Des gages ostentatoires d’adhésion, il faut en donner à ce régime autoritaire, bouche sèche et poings serrés. Sinon, « Ce n’est pas prudent. ». Pour le reste, tout se joue dans la sphère intime. Dans le silence, il exècre cette situation, César. Oui, César, c’est le pseudo de ce Syrien extraordinaire. Cinq lettres gravées dans la peur, la sueur et le sang. César est un photographe de cadavres déposés dans une morgue militaire. Photographe légiste, c’est son métier. Pour ne rien oublier, César, dans ce contexte où chaque Syrien est une cible potentielle, a pris l’habitude de garder en lui ses mots et ses pensées interdites qui ne cessent de virevolter, de se cogner et de dire la révolte dans sa tête. On ne peut quand même pas oublier qui l’on est, non ? Sa femme et lui regardent les infos interdites mais pour leurs filles, il ne faut même pas qu’elles puissent entendre le moindre souffle de la première syllabe d’un mot de critique ou d’opposition au régime. Voilà la réalité. Voilà la fatalité. Voilà comment César devait protéger sa famille. Mais cette vie-là, il a fini par ne plus pouvoir s’en accommoder. Il n’en voulait plus, pour lui et encore moins pour ses enfants. Il n’en pouvait plus. « Je devinais ses globes oculaires sous ses paupières gonflées. Je ne voulais pas savoir ce qu’ils avaient vu. J’ai regardé l’étiquette à son poignet droit, elle disait qu’il s’appelait Azzam Azzaz et qu’il avait seize ans. J’ai senti les larmes monter de ma gorge et je me suis réfugié derrière mon appareil. J’ai photographié Azzam. De haut en bas, centimètre par centimètre. Et puis encore de bas en haut. J’ai tout photographié. Chaque trace. Chaque coup. Chaque traînée de sang. Chaque os. J’ai fait pareil pour les autres. J’ai coincé mes larmes dans ma gorge et j’ai photographié. » (Trois) César n’était pas né pour être un héros, il ne l’aurait même pas voulu. César tremblait pour sa famille. A certains moments, l’angoisse devenait si forte que s’il avait pu, il se serait barré en courant… Mais non, il ne pouvait laisser ce monde-là, son pays abîmé « dans des flots de sang » ; il ne pouvait laisser le pays de ses ancêtres devenir ce théâtre de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité. Alors, il y est allé, César ; jusqu’au bout. Photos dupliquées sur une clé USB, clés USB exfiltrées et pour finir, lui-aussi exfiltré. Il a fait passer la frontière à des milliers de photos qui ont permis à tant de Syriens de connaître enfin le sort de leurs proches disparus. Ces cadavres torturés, énucléés, aux organes génitaux coupés, ces hommes, ces femmes torturées et violées jusqu’à de très jeunes êtres, presque encore des enfants, morts en portant leur tee-shirt Mickey préféré, il les a vus, César, de plus près que n’importe qui. Ces visages, ces corps brisés, il les a regardés en face, ces cadavres si nombreux, de plus en plus nombreux, ces cadavres qu’on ne savait plus où mettre et qui par terre, disposés n’importe comment dans la cour de la caserne, déclenchaient des rires salaces. Ce n’est pas humain cette indécence, ce manque de respect, cette barbarie. Cette injustice. @Gwénaëlle Lenoir nous transmet, avec infiniment de retenue et de délicatesse, l’état de César, de ses perpétuels doutes allant croissant, de ses questions sans autre réponse que celles du fait du prince, le climat autoritaire et arbitraire de son pays, cette permanence de terreur viscérale avec cette sueur qui poisse la peau, cette atmosphère irrespirable dans laquelle César vit de plus en plus mal. Les réseaux de résistance au régime lui évitent de devenir, à son tour, un cadavre parmi d’autres, photographié par un nouveau photographe légiste de la morgue militaire. @Gwenaëlle Lenoir a bâti son roman en retraçant l’histoire réelle de cet homme intranquille et son talent d’auteure est immense pour nous faire réaliser à quel point César est notre frère en humanité. Nous descendons avec lui au plus profond de son âme et de ses tripes. Avec des phrases concises, précises, directes et comme écrites au rythme des battements irréguliers de son cœur, nous le voyons, César. Notre vue n’a plus rien de flou et nous avons envie de lui tendre la main. « Je ne pouvais rien pour eux, seulement les photographier. Seulement refuser de participer à la danse macabre orchestré […] de ce pays […] » (Seize). Comme dans toutes les situations de résistance à l’oppression où les décisions se prennent très rapidement, in situ, @Gwénaëlle Lenoir va à l’essentiel. Elle ne s’encombre pas de l’inutile. Et elle réussit à nous projeter physiquement dans les sensations de César. Notre respiration se bloque, nous étouffons avec lui, nous sentons le poids de toutes ses questions et en particulier celles de mari et de père. Cela le taraude et nous taraude. Que va-t-il se passer ensuite ? Et les répercussions après ce séisme ? Quelles seront-elles ? La prose de @Gwénaëlle Lenoir est humble et pudique. Ses mots sont souvent durs à avaler ; ils ont un goût de limaille mais le texte reste beau. Presque un oxymore avec le thème de l’ouvrage. Avec @Camera obscura, @Gwénaëlle Lenoir rend un bouleversant hommage à cet homme remarquable qu’est César, à ce héros qui n’aurait peut-être jamais parié sur lui-même. Cet ouvrage est poignant et le lire à cet instant, alors que tant de pays sont dévastés par la guerre et que sont commis impunément des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des exactions tout le temps, nous fait réfléchir à nouveau sur la fraternité humaine et alors seulement une possible justice. Aucun être humain exilé de son pays ne l’a quitté dans la joie et la bonne humeur. S’en aller pour x ou x raison, le choisir ou y être contraint, c’est toujours une douleur. @Camera obscura est un roman magnifique qui contient l’humanité entière en peu de pages. Votre livre nous permet de nous décentrer. L’Europe n’est pas le monde. Merci, @Gwenaëlle Lenoir. Infiniment. @Camera obscura de @Gwenaëlle Lenoir est un livre d’une puissance phénoménale. Les hommes sont fous. Notre terre tourne avec des hommes fous, devenus fous, rendus fous ; des bourreaux, des victimes, des victimes, des bourreaux ; des gouvernements tout puissants qui massacrent, torturent, exterminent ; des pays où un soupir peut être interprété comme un acte terroriste. Terroriste ? Oui ? Non ? Selon sa place sur l’échiquier politique. Selon l’époque. Notre monde n’a-t-il pas toujours été fou ? En France, lors de la 2ème guerre mondiale, sous le régime totalitaire de Vichy, nous avions nous-aussi nos terroristes. Il s’agissait alors de Jean Moulin ou d’autres résistants. Un monde où la peur devient compagne. La peur stupéfie, sidère mais elle révèle. Toujours. Dans un pays du Moyen-Orient, un homme au long cou tétanise la population. Lire @Camera obscura de @Gwenaëlle Lenoir, c’est comme se prendre un coup de poing dans le ventre. Cette lecture coupe le souffle. @Camera obscura, c’est l’histoire d’un Syrien dans un contexte de cécité concertée. A l’international, les pays font mine de vouloir aider à trouver une solution politique mais les dictateurs d’ici ou là savent que les intérêts géopolitiques, économiques ou stratégiques des autres pays leur...
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  • monsieurpoivre 16/04/2024
    Oufff, par où commencer. J’ai longuement hésité à lire ce roman pour plusieurs raisons. Je craignais d’être trop « dérangé » par certains détails, d’être trop mal. À la lecture, on s’aperçoit que l’auteure relate l’histoire de César avec une incroyable précision. Ce, sur un autre plan que celui perceptible des yeux ou d’un objectif. Naturellement, ce n’est pas une lecture divertissante. C’est un roman poignant qui laisse un drôle de ressenti, qui je crois, est nécessaire. Woaw!
  • JeanOtto 11/04/2024
    Comment dire. Mes tripettes n'ayant baigné que dans les eaux douces de la démocratie, sorte d'alvéole ouatée au confort indécemment sécurisant, mes entrailles se sont rétractées à la lecture de Camera Obscura. Ça m'a remué tout partout, un témoignage venant charrier mon émotivité faite de privilèges et d'idéaux petit bourgeois. La lecture prend des allures d'intimidation au couteau, d'un vif ultimatum m'enjoignant à me répéter que ma sérénité est une faveur dont je n'ai même pas conscience. Au départ les signaux de répression sont faibles. Il y a cette insurrection spontanée portée par une lame de fond d'indignation, le mépris outrageant d'un despote hors sol qui incarcère les libertés. Le peuple en colère investit la rue, s'exalte, la foi naïve, s'électrise aux sons de chants et de danses univoques. La sédition s'organise ainsi, spontanément, ce dictateur, on le déteste, qu'il dégage. Égratigné dans son autorité, le pouvoir structure sa réplique. Il fomente une répression à la radicalité barbare exercée par une police politique versant dans le macabre. Contester devient fatal. À vrai dire le moindre petit dérapage devient fatal. Le livre documente cette plongée en enfer. Des vies peuplées d'angoisses, de paranoïas infinies s'entremêlant dans des routines devenues irrespirables. Et le narrateur risque 100 fois, 1000 fois sa vie, mouillé jusqu'au cou. Dévisager, c'est se condamner. Contrôler ses émotions, ses mots, ne pas ciller, exclure le rire, ne pas contester, jamais. Se méfier. Dissimuler. Dissimuler. Encore et toujours. La survie ou le trépas. On ne peut se sentir dessaisi d'un tel récit. L'écriture est habile, l'autrice parvient à s'écarter du pathos avec brio, la plume se teinte d'une hauteur digne avec ce quelque chose qui rend la lecture endurable. La dépression profonde creusée par ces vies de suppliciés m'a dûment retournée, ne manquant de me souligner la commodité de ma vie. Ne jamais cesser de s'instruire, s'informer, de rendre visible l'indicible. À lire. Comment dire. Mes tripettes n'ayant baigné que dans les eaux douces de la démocratie, sorte d'alvéole ouatée au confort indécemment sécurisant, mes entrailles se sont rétractées à la lecture de Camera Obscura. Ça m'a remué tout partout, un témoignage venant charrier mon émotivité faite de privilèges et d'idéaux petit bourgeois. La lecture prend des allures d'intimidation au couteau, d'un vif ultimatum m'enjoignant à me répéter que ma sérénité est une faveur dont je n'ai même pas conscience. Au départ les signaux de répression sont faibles. Il y a cette insurrection spontanée portée par une lame de fond d'indignation, le mépris outrageant d'un despote hors sol qui incarcère les libertés. Le peuple en colère investit la rue, s'exalte, la foi naïve, s'électrise aux sons de chants et de danses univoques. La sédition s'organise ainsi, spontanément, ce dictateur, on le déteste, qu'il dégage. Égratigné dans son autorité, le pouvoir structure sa réplique. Il fomente une répression à la radicalité barbare exercée par une police politique versant dans le macabre. Contester devient fatal. À vrai dire le moindre petit dérapage devient fatal. Le livre documente cette plongée en enfer. Des vies peuplées d'angoisses, de paranoïas infinies s'entremêlant dans des routines devenues irrespirables. Et le narrateur risque...
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