Ce que le jour doit à la nuit : Le livre de Yasmina Khadra

Grandir entre deux mondes c’est ouvrir la porte à la culture ou à la souffrance ? Younes ou Jonas ? Emilie ou l’Algérie ? Alors que l’Algérie française meurt à petits feux pour laisser place à l’Algérie algérienne, l’enfant arabe élevé comme un européen se cherche. A qui doit-il son allégeance ? A sa patrie ? A sa famille ? A ses amis ? Ou à l’amour ? Le talent de Yasmina Khadra c’est de planter devant nos yeux l’incertitude de cet enfant comme si c’était le notre, de faire valoir les différents points de vues en respectant chaque culture. De cette lecture, on sort grandit et respectueux.

Un livre incroyable qui remet en question la place de l'orgueil et de la fierté dans l'amour. J'ai adoré ! Voici 2 extraits que je trouve représente la beauté du livre : #1 "Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie n'aura que l'âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme " #2 "Il ne faut pas avoir honte de ses sentiments quand ils sont beaux, même quand ils nous semblent injustes"

Magnifique ouvrage qui déjoue toutes les attentes du lecteur ou de la lectrice pour l’amener en-dehors de sa zone de confort. Le texte nous happe, nous devenons des personnages du livre, qui nous pousse à prendre la place des protagonistes. Et finalement, nous comprenons, nous lisons, nous écoutons et nous apprenons. La révolte fait face, et se développe en parallèle de la sagesse. Yasmina Khadra nous offre une petite pépite de tendresse, d’humanisme, de brutalité, et de frustration qui s’achève sur une note douce qui ne nous laisse pas indemne.

Entre Oran et Rio Salado, l'enfance et la jeunesse de Younès, devenu Jonas, comme un symbole de sa double identité : arabe et européenne. Des années 1930 à 1962 c'est toute l'histoire de l'Algérie sous administration française qui irrigue cette histoire. La pauvreté, la dure vie dans les gourbis, puis l'école, les copains, les premiers émois ... et à l'adolescence tout un questionnement sur l'identité qui aura des répercussions sur la confiance en soi. Et ce déficit de confiance aura lui aussi des répercussions sur les décisions prises à des moments clés de la vie et des rencontres. L'auteur nous dresse un portrait frappant de cette société où les communautés s'ignorent au mieux, se méprisent souvent et se bagarrent enfin. Chacun est sommé de choisir son camp ! Très bien écrit, ce roman nous transporte dans ce monde à jamais disparu. Empreint d'une certaine nostalgie, voire de mélancolie, on s'attache bien volontiers à Younès, à son regard qui nous éclaire, qui nous illumine de sa tendresse. Une très bonne lecture à recommander.