A partir d’un travail d’archives à la fois minutieux et original, il reconstitue les chaînes migratoires que forment les Bretons, les Alsaciens et Mosellans, les Italiens et Espagnols qui cohabitent là, leurs professions et conditions d’habitation. […] Un ouvrage captivant de micro-histoire qui éclaire des mécanismes sociaux d’envergure.
Alternatives Économiques
Avec une grande habilité, Fabrice Langrognet s’attache aux cinq immeubles (de 5 étages chacun) et aux courées du 96-102, avenue de Paris, observe les rapports concrets des habitants aux administrations de la ville de Saint Denis, la police, les syndicats, l’école, le patronage de l’église, les entreprises. […] La profonde unité de l’ouvrage tient à la façon d’enquêter sur le mélange de ces vies minuscules, les sociabilités et les cohabitations batailleuses pour survivre au milieu des fumées du chauffage à bois, des émanations de la verrerie qui ne quittent jamais le sol. La méthode – laborieuse et appliquée- est très efficace. Car au-delà de la démarche pérecienne, Fabrice Langrognet s’engage dans une pratique de l’archive qui consiste à aller voir dans les fonds délaissés, ces annotations si modestes.
Jean-François Laé / La Vie des Idées
Se penchant sur une cité résidentielle au cœur de la Plaine-Saint-Denis, Fabrice Langrognet dévoile une histoire sociale et culturelle captivante des mouvements migratoires en France, s'étalant du début de la IIIe République jusqu'à la tumultueuse période des années 1930.
Hocine Bouhadjera / Actualitté
Combinant analyse statistique et approche sensible, le chercheur dresse un portrait passionnant de ce lieu croisant parcours migratoires, inscriptions professionnelles, situations familiales et vies quotidiennes très diverses. Et tord le cou à bien des idées reçues. […] C’est une peinture en mouvement que nous livre Voisins de passage : l’auteur n’impose pas une thèse mais, par un habile jeu de construction, il déconstruit en partie une historiographie à la fois anglo-américaine (le livre a d’abord été publié en anglais, aux éditions Routledge en 2022) et européenne qui a eu tendance à se focaliser sur des communautés plutôt que d’envisager la migration comme un processus qui peut être commun à des individus ayant des parcours migratoires différents et qui historiquement évoluent en fonction des contextes.
Philippe Artières / En attendant Nadeau
Fabrice Langrognet réussit un tour de force en intégrant sans en avoir l’air, dans une prose fluide, très littéraire, un travail herculéen de lecture des sciences sociales et d’analyse de milliers de documents. Dès l’entrée dans l’un des immeubles, au premier chapitre, on est saisi : le pavage des cours, les cris des enfants, le fumet des plats qui cuisent, tout est là, devant nous, autour de nous. On sort heureux d’une telle lecture, qui renouvelle la promesse propre à l’histoire sociale, rien de moins que ramener les morts à la vie et promettre aux vivants de durer au-delà d’eux-mêmes.
Pierre Karila-Cohen / Le Monde
Fort d'une bonne connaissance de la sociologie anglo-saxonne et de ses concepts (identification, agentivité, intersectionnalité), s’appuyant également sur une historiographie des migrations renouvelée depuis les années 1990, [Fabrice Langrognet] s’emploie à déconstruire ce récit bien commode de vagues nationales se succédant dans le temps. […] Le résultat permet de prendre au sérieux les ambitions de la micro-histoire : il ne s’agit ni d’une petite histoire, ni de l’exploitation d’une "pépite documentaire", mais bien d’une échelle d’analyse dont l’idéal d’exhaustivité n’est pas moins net qu’à l’échelle d’une ville, d’une région ou d’un État-nation. L’exposé, convaincant, permet de mener des comparaisons comme d’éprouver des hypothèses menées à d’autres échelles
Thibault Montbazet / Nonfiction
Le résultat ? D’abord une enquête vivante et très bien écrite, dont l’historien nous restitue le récit, à la hauteur de l’individu qu’il est et des individus qu’il étudie – ce qu’il appelle, dans un sens légèrement différent de celui des chercheurs italiens qui ont inventé le terme, une « microhistoire ». Ensuite, une puissante leçon de méthode. Contre une histoire des migrations qui privilégie trop souvent l’appartenance ethnique et l’affiliation nationale, Langrognet ramène ces deux paramètres « à une position plus raisonnable », refusant de naturaliser les différences socioculturelles.
Libération / Sylvain Venayre