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Madame Bovary
Mathilde Paris (préface de)
Date de parution : 23/05/2019
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Madame Bovary

Mathilde Paris (préface de)
Date de parution : 23/05/2019

LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE

Depuis cent cinquante ans, cette pauvre Emma Bovary souffre et pleure dans cent, dans mille villages et villes de France. Parce qu’elle ne sait pas...

LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE

Depuis cent cinquante ans, cette pauvre Emma Bovary souffre et pleure dans cent, dans mille villages et villes de France. Parce qu’elle ne sait pas vivre, ni aimer, elle rêve ses amours et sa vie. Et cependant elle est belle, sensuelle, audacieuse. Mais une imagination...

LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE

Depuis cent cinquante ans, cette pauvre Emma Bovary souffre et pleure dans cent, dans mille villages et villes de France. Parce qu’elle ne sait pas vivre, ni aimer, elle rêve ses amours et sa vie. Et cependant elle est belle, sensuelle, audacieuse. Mais une imagination déréglée, l’exaltation romanesque, un époux médiocre et obtus, l’absurde goût du luxe et des amants méprisables vont l’entraîner dans la ruine et une mort affreuse.
Pour diriger cet « orchestre des instincts et des sentiments féminins », qu’est selon lui Madame Bovary, Flaubert souffre mort et passion, à la fois grand prêtre et martyr de l’art, du style et de la beauté. Mais derrière la perfection du chef-d’œuvre apparaissent la crudité, la violence et l’érotisme, comme dans un roman d’aujourd’hui.

@ Disponible chez 12-21
L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE

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EAN : 9782266295512
Code sériel : 6033
Façonnage normé : POCHE
Nombre de pages : 448
Format : 108 x 177 mm
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Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • RChris 27/02/2024
    Au départ, il y eut la lecture d’un livre bien éloigné des romans : “L’homme augmenté”. L’essai d’un psychiatre qui aboutit de manière surprenante à l’apologie de la lecture. Il note accessoirement que Flaubert racontait que le plus sincèrement du monde il avait passé six semaines à chercher un mot, c’était le verbe “secouer”. Il cite également l’analyse que fait Proust à propos de son style : “ Les adverbes, locutions adverbiales, etc., sont toujours placés dans Flaubert de la façon la plus laide, la plus inattendue, la plus lourde, comme pour maçonner ces phrases compactes, boucher les moindres trous…”, tout en complétant son propos : “mais nous les aimons ces lourds matériaux que la phrase de Flaubert soulève et laisse tomber avec le bruit intermittent d’un excavateur. Car si, comme on l’a écrit, la lampe nocturne de Flaubert faisait aux mariniers l’effet d’un phare, on peut dire aussi que les phrases lancées par son “gueuloir” avaient le rythme régulier de ces machines qui servent à faire les déblais.” Flaubert criait son texte car “les phrases mal écrites ne résistent pas à cette épreuve.”. Alors, j’ai eu envie - et ce fut un enchantement - de lire ce ”Madame Bovary” dont il considéra l’écriture comme un pensum de cinq ans : “Depuis qu’on fait du style, je crois que personne ne s’est donné autant de mal que moi.” Flaubert avait la volonté de bâtir une œuvre qui devait tenir debout par son style : “ce qui me semble beau, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style…” Madame Bovary est une femme qui rêvait d’un destin comme on en voit dans les livres. A aucun moment je n’ai imaginé que ce que je lisais était répréhensible et condamnable à un an de prison pour outrage à la morale publique et la morale religieuse, rien que ça ! Mais faire d’une femme le personnage principal, qui plus est revendique ses désirs, ses fantasmes, était réellement outrageux ! Heureusement que la censure de son éditeur a amputé l’édition incriminée de 71 passages (restaurés dans nos éditions contemporaines). Heureusement que l’auto-censure a opéré car dans ses notes Flaubert a écrit à propos d’Emma que : “l’habitude de baiser la rend sensuelle.” Le texte du procès de “Madame Bovary” suit le roman proprement dit dans mon édition Folio. Le réquisitoire de l’avocat impérial Ernest Pinard s’interroge sur le rôle du ministère public et choisit de raconter “tout le roman sans en lire, sans en incriminer aucun passage” (et il fait un résumé tout ce qu’il y a d’objectif qui pourra vous remettre en selle si vous avez décroché !) . Puis il relève et incrimine certains passages en les lisant. Je vous ai mis des extraits en citation, qui selon Pinard font “la poésie de l’adultère”. Le juge attira l’attention de l’auteur sur les “limites que la littérature, même la plus légère, ne doit pas dépasser.” Il prononça un blâme sévère, premier niveau de peine “car la mission de la littérature doit être d’orner et de recréer l’esprit en élevant l’intelligence et en épurant les mœurs…” Il argua pour expliquer l’acquittement : “Mais attendu que l’ouvrage dont Flaubert est l’auteur est une oeuvre qui paraît avoir été longuement et sérieusement travaillée, au point de vue littéraire et de l’étude des caractères ; que les passages relevés par l'ordonnance de renvoi, quelque répréhensibles qu’ils soient, sont peu nombreux si on les compare à l’étendue de l’ouvrage…” Il n’en sera pas de même quelques mois plus tard avec “Les fleurs du mal “ de Baudelaire que Pinard fera censurer de six poèmes à cause d’expressions obscènes et immorales ! Il a fallu que je progresse dans la lecture pour m’apercevoir que j’avais déjà lu ce roman quand j’étais adolescent ! Arrivé à l'opération du pied-bot, me sont revenues quelques réminiscences, montrant en quoi la mémoire cinquantenaire est singulière ; car il ne me restait que vaguement le souvenir de la séduction de Rodolphe associé à ma masculinité en construction, mais de Mme Bovary, qui est pourtant l’essentiel, peu de choses. Si comme moi, et peut-être en lecture imposée au lycée, vous avez lu ce premier roman moderne de la déception de l’amour, vous pourrez peut-être considérer que “le style c’est la vie, le sang même de la pensée.” Ce style dont Théophile Gautier dira qu'il était “rythmé comme le vers, précis comme le langage des sciences, et avec des ondulations, des renflements de violoncelle, des aigrettes de feu…” Laissons le dernier mot simple à Victor Hugo. Il est extrait d’une lettre qu'il a adressée à Flaubert depuis son exil : “Madame Bovary est une œuvre…” Au départ, il y eut la lecture d’un livre bien éloigné des romans : “L’homme augmenté”. L’essai d’un psychiatre qui aboutit de manière surprenante à l’apologie de la lecture. Il note accessoirement que Flaubert racontait que le plus sincèrement du monde il avait passé six semaines à chercher un mot, c’était le verbe “secouer”. Il cite également l’analyse que fait Proust à propos de son style : “ Les adverbes, locutions adverbiales, etc., sont toujours placés dans Flaubert de la façon la plus laide, la plus inattendue, la plus lourde, comme pour maçonner ces phrases compactes, boucher les moindres trous…”, tout en complétant son propos : “mais nous les aimons ces lourds matériaux que la phrase de Flaubert soulève et laisse tomber avec le bruit intermittent d’un excavateur. Car si, comme on l’a écrit, la lampe nocturne de Flaubert faisait aux mariniers l’effet d’un phare, on peut dire aussi que les phrases lancées par son “gueuloir” avaient le rythme régulier de ces machines qui servent à faire les déblais.” Flaubert criait son texte car “les phrases mal écrites ne résistent pas à cette épreuve.”. Alors, j’ai eu envie - et ce fut un enchantement - de lire ce ”Madame Bovary” dont...
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  • Simplementfab 09/02/2024
    Monument de la littérature française et même de la littérature mondiale, l'histoire d'Emma Bovary est relativement simple en surface: Un femme mariée et insatisfaite sur de nombreux plans va avoir un amant. Il y a bien sûr beaucoup de profondeur dans cette histoire, mais d'une part je n'ai rien d'un critique littéraire averti et d'autre part je ne saurais rien dire qui n'a déjà été dit, je vais donc rester sur un basique ressenti au premier degré. Sans être transcendante ou passionnante, l'histoire m'a plu et ne m'a pas ennuyé comme je le craignais un peu en attaquant cette oeuvre. Certaines descriptions sont certes un peu longues, mais il y a en fait un certain rythme dans cette histoire et je l'ai lu avec un certain plaisir. J'ai en revanche eu un peu de mal à plaindre Emma Bovary, est-ce parce que je suis un homme? Possible, mais de fait je me sentais bien plus proche de Charles, son mari, homme bon et aimant mais également aveugle au mal-être de son épouse. L'hypocrisie d'Emma ainsi que sont envie de ''tout ce qui brille'' ne me l'ont pas rendu très sympathique, mais j'ai cependant beaucoup apprécie la réussite descriptive et analytique de ce personnage par Flaubert. Pour faire un rapide parallèle, j'ai ressenti bien plus de compassion pour le personnage de Mme Walter du roman ''Bel-Ami'' ou encore pour Bérénice du roman ''Aurélien'' qui présentent de nombreuse similitudes avec Emma que pour cette dernière. Je les ai trouvé plus dignes de pitié qu'Emma, mais le point de vue du lecteur est différent d'un personnage à l'autre. Ce ne sera pas mon roman préféré de Flaubert, ''Salammbô'' l'emportant d'assez loin, mais je suis content d'avoir lu cet immense classique. Monument de la littérature française et même de la littérature mondiale, l'histoire d'Emma Bovary est relativement simple en surface: Un femme mariée et insatisfaite sur de nombreux plans va avoir un amant. Il y a bien sûr beaucoup de profondeur dans cette histoire, mais d'une part je n'ai rien d'un critique littéraire averti et d'autre part je ne saurais rien dire qui n'a déjà été dit, je vais donc rester sur un basique ressenti au premier degré. Sans être transcendante ou passionnante, l'histoire m'a plu et ne m'a pas ennuyé comme je le craignais un peu en attaquant cette oeuvre. Certaines descriptions sont certes un peu longues, mais il y a en fait un certain rythme dans cette histoire et je l'ai lu avec un certain plaisir. J'ai en revanche eu un peu de mal à plaindre Emma Bovary, est-ce parce que je suis un homme? Possible, mais de fait je me sentais bien plus proche de Charles, son mari, homme bon et aimant mais également aveugle au mal-être de son épouse. L'hypocrisie d'Emma ainsi que sont envie de ''tout ce qui brille'' ne me l'ont pas rendu très sympathique, mais j'ai cependant beaucoup apprécie la réussite descriptive et analytique...
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  • Blok 08/02/2024
    Ah, ma pauvre Emma ! Je me suis résolu à écrire ce petit billet après avoir lu sur le site et ailleurs des critiques qui l'accablent : mauvaise mère, mauvaise épouse, frivole, peu intelligente, égoïste, dont certaines auraient pu être rédigées par le substitut Pinard. Et pourtant... Elle a lu de mauvais romans ? Mais quoi d'autre aurait-elle pu lire ? Une jeune fille appartenant à a petite bourgeoisie aurait-elle pu lire sans scandale, aurait-elle même été autorisée à lire autre chose sans scandale ? Aurait-elle pu lire Balzac, Hugo, Zola, Maupassant, ou Flaubert aussi d'ailleurs ? Et d'ailleurs une femme devrait-elle lire tout court ? Les soins du ménage, l'éducation des enfants, que sais-je, devraient suffire à l'occuper. Encore, à la rigueur, quelques bonnes lectures conseillées par Monsieur le Curé... Elle a sans doute eu tort d'épouser le pauvre Charles, de l'épouser par défaut et sans amour ; mais le mariage était la seule issue, le seul espoir d'évasion, pour une femme de son époque et de sa classe. N'est pas George Sand qui veut. Et Charles, après tout..un médecin, il a fait quelques études, il y avait de l'espoir, et d'ailleurs elle le connaissait à peine. Peut-être que...Hélas, Charles n'était que Charles. Un brave homme, un homme estimable d'ailleurs, qui aimait sa femme, il a fait ce qu'il a pu. C'est vrai qu'elle l'a bien mal traité, et il ne le méritait pas. Elle n'aurait certes pas du le tromper, c'est toujours un tort, et qui plus est avec des hommes indignes. Mais enfin n'aurait-il pu voir ce qui se passait, réagir, voir le milieu effrayant où il l'avait plongé. Oui, le milieu effrayant, parce qu'Yonville explique, excuse beaucoup de choses. Yonville, Mesdames qui la condamnez, j'aurais voulu vous y voir ! Qui y-a-t-elle trouvé ? On pense à Homais, bien sûr, mais Homais, malgré sa bêtise révoltante, n'est pas encore le pire. Il y a ce salaud de Rodolphe, qui n'a pensé qu'à profiter d'elle, de son romantisme niais (niais, bien sûr, la pauvre Emma n'est pas un parangon d'intelligence, et sur le romantisme il y aurait beaucoup à dire) qu'il a bien su utiliser pour parvenir à ses fins, et qui l'a abandonné avec une lâcheté sans nom. Il y a ce petit crétin de Léon, qui était peut-être sincère quand il lui parlait de son amour, mais pensait sûrement surtout à obtenir ce qu'il a obtenu, et qui, même s'il ne pouvait évidemment l'aider de la façon qu'elle demandait, n'a pas cherché à l'aider du tout. Il y a bien sûr l'usurier, qui l'a laissé sciemment s'endetter au-delà de ses possibilités, lui a proposé un moyen de remboursement ignoble, qu'elle a refusé non sans noblesse et dignité. Il y a le tapissier, qui la poussait à la dépense. Bon, encore, lui..c'était un commerçant, il a fait son métier de vendre, sans trop de scrupules certes, mais sans doute aurait-ce été trop lui demander d'en avoir. Il y a quelqu'un à qui on pense rarement, c'est le bon abbé Bournizien, aussi bête, plus peut-être, qu'Homais. Lorsqu'Emma essaie de lui faire part de son désespoir, qui va bien au-delà du matériel, il ne comprend pas, il ne comprend rien, il la laisse à sa dépression. Parce que,et c'est une des clefs du personnage, Emma est profondément déprimée, le mot n'existait pas encore, mais la chose existait déjà, on l'appelait mélancolie, et quel autre milieu qu'Yonville eût été plus propre à nourrir cette maladie ? C'est bien à cause de cette dépression d'ailleurs que Flaubert, qui souffrait de la même maladie, s'est exclamé « Madame Bovary,c'est moi ! ». Et comment peut-on ne pas avoir avoir au moins pitié d'elle dans les terribles jours qui précèdent son suicide, lorsqu'elle cherche partout un secours qui lui sera refusé ? On le lui reproche, d'ailleurs, son suicide. N'aurait-elle pas du vivre, pour son mari, au moins pour son enfant ? Evidemment, son enfant. Elle n'était pas faite pour être mère, elle n'est pas la seule, et beaucoup font bien pire à leur enfant que de l'abandonner en mourant. Alors, ayons au moins une pensée émue pour elle Ah, ma pauvre Emma ! Je me suis résolu à écrire ce petit billet après avoir lu sur le site et ailleurs des critiques qui l'accablent : mauvaise mère, mauvaise épouse, frivole, peu intelligente, égoïste, dont certaines auraient pu être rédigées par le substitut Pinard. Et pourtant... Elle a lu de mauvais romans ? Mais quoi d'autre aurait-elle pu lire ? Une jeune fille appartenant à a petite bourgeoisie aurait-elle pu lire sans scandale, aurait-elle même été autorisée à lire autre chose sans scandale ? Aurait-elle pu lire Balzac, Hugo, Zola, Maupassant, ou Flaubert aussi d'ailleurs ? Et d'ailleurs une femme devrait-elle lire tout court ? Les soins du ménage, l'éducation des enfants, que sais-je, devraient suffire à l'occuper. Encore, à la rigueur, quelques bonnes lectures conseillées par Monsieur le Curé... Elle a sans doute eu tort d'épouser le pauvre Charles, de l'épouser par défaut et sans amour ; mais le mariage était la seule issue, le seul espoir d'évasion, pour une femme de son époque et de sa classe. N'est pas George Sand qui veut. Et Charles, après tout..un médecin, il a fait quelques études, il y avait de l'espoir, et d'ailleurs elle le connaissait à peine. Peut-être que...Hélas, Charles n'était que Charles. Un brave homme, un homme estimable d'ailleurs, qui aimait sa femme,...
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  • lucasdinizcruz 05/02/2024
    Sans en avoir été sidéré comme ça a été le cas avec L'Éducation Sentimentale, cette lecture m'a beaucoup touché néanmoins, et je la considère comme une deuxième évidence de l'évident génie de Flaubert. Loin de trouver le style âpre comme certains lecteurs dans ce même site, il est cependant évident que le style de Madame Bovary est moins chargé de "beau" que celui de l'éducation, mais cela ne veut pas dire qu'il manque d'un certain sublime qu'on peut trouver en quelques passages précis. Peut-être précis, c'est le mot qui convient mieux à ce style, toutefois les hiatus narratifs de Flaubert - qui se font aussi présents dans l'éducation sentimentale - font qu'on soit parfois plaisamment surpris par une interruption dans l'histoire où l'auteur décide de faire une considération quelconque sur l'amour ou autre sujet. C'est à ces moments qu'on retrouve quelques uns des plus beaux passages dans le livre. Le désespoir d'Emma, dans son ennui à Yonville, fournit également des très belles descriptions, et tout en admettant ses actions villainesques de femme adultère et parfois mère absente, trompeuse et ruineuse, j'ai pas pour une seconde réussi à lâcher ma sympathie pour ce personnage si victimisé par cette condition d'être une femme au 19e siècle, dont malheureusement le Dr. Bovary n'a pas su trouver la cure. Et c'est ce même Charles Bovary qui, loin d'être sot (ou peut-être même par sa sottise), est le responsable à mon avis de la fatidique conclusion de ce roman. Bien sûr, on met toujours l'accent sur les expectatives irréalistes d'Emma sur la vie, sa naïveté nourrie pas des années des lectures romantiques au couvent, pourtant j'ai l'impression que le lecteur néglige trop facilement la partie de responsabilité de M. Bovary dans ce drame conjugal, par son aveuglement vis-à-vis les besoins de son épouse. Pour épauler cet argument, je citerai un passage à mon avis très marquant du roman, quand Charles rentre dans sa chambre et retrouve Emma et leur petite fille endormies. Le suivant s'ensuit : "Charles les regardait. Il croyait entendre l’haleine légère de son enfant. Elle allait grandir maintenant ; chaque saison, vite, amènerait un progrès. Il la voyait déjà revenant de l’école à la tombée du jour, toute rieuse, avec sa brassière tachée d’encre, et portant au bras son panier ; puis il faudrait la mettre en pension, cela coûterait beaucoup ; comment faire ? Alors il réfléchissait. Il pensait à louer une petite ferme aux environs, et qu’il surveillerait lui-même, tous les matins, en allant voir ses malades. Il en économiserait le revenu, il le placerait à la caisse d’épargne ; ensuite il achèterait des actions, quelque part, n’importe où ; d’ailleurs, la clientèle augmenterait ; il y comptait, car il voulait que Berthe fût bien élevée, qu’elle eût des talents, qu’elle apprît le piano. Ah ! qu’elle serait jolie, plus tard, à quinze ans, quand, ressemblant à sa mère, elle porterait comme elle, dans l’été, de grands chapeaux de paille ! on les prendrait de loin pour les deux sœurs. Il se la figurait travaillant le soir auprès d’eux, sous la lumière de la lampe ; elle lui broderait des pantoufles ; elle s’occuperait du ménage ; elle emplirait toute la maison de sa gentillesse et de sa gaieté. Enfin, ils songeraient à son établissement : on lui trouverait quelque brave garçon ayant un état solide ; il la rendrait heureuse ; cela durerait toujours." Cela durerait toujours. Après s'ensuit un passage dans lequel Emma rêve d'être emporté par un galant vers un pays nouveau, où ils habiteraient dans des châteaux et vivrait à la lueur de lune. Cette séquence de deux scènes, une dans laquelle Charles planifie entièrement la vie de leur fille jusqu'à lui trouver un mari, et puis le rêve romantique d'Emma, n'a rien d'accidentel à mon avis. Flaubert essaye peut-être de nous montrer par là la raison derrière la déchéance de son héroïne : être une femme trop naïve et rêveuse qui malheureusement tombe sous la tutelle d'un mari trop têtu et inflexible. Sans en avoir été sidéré comme ça a été le cas avec L'Éducation Sentimentale, cette lecture m'a beaucoup touché néanmoins, et je la considère comme une deuxième évidence de l'évident génie de Flaubert. Loin de trouver le style âpre comme certains lecteurs dans ce même site, il est cependant évident que le style de Madame Bovary est moins chargé de "beau" que celui de l'éducation, mais cela ne veut pas dire qu'il manque d'un certain sublime qu'on peut trouver en quelques passages précis. Peut-être précis, c'est le mot qui convient mieux à ce style, toutefois les hiatus narratifs de Flaubert - qui se font aussi présents dans l'éducation sentimentale - font qu'on soit parfois plaisamment surpris par une interruption dans l'histoire où l'auteur décide de faire une considération quelconque sur l'amour ou autre sujet. C'est à ces moments qu'on retrouve quelques uns des plus beaux passages dans le livre. Le désespoir d'Emma, dans son ennui à Yonville, fournit également des très belles descriptions, et tout en admettant ses actions villainesques de femme adultère et parfois mère absente, trompeuse et ruineuse, j'ai pas pour une seconde réussi à lâcher ma sympathie pour ce personnage si victimisé par cette condition d'être une...
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  • Loulouread 23/01/2024
    « … le chagrin s’engouffrait dans son âme avec des hurlements doux, comme fait le vent d’hiver dans les châteaux abandonnés. » Cette madame Bovary m’a vraiment fait vivre beaucoup d’émotions diversifiées. Elle m’a mis hors de moi plus souvent qu’autrement alors qu’elle prenait un malin plaisir à essayer de vivre. J’ai fini ma lecture chagrinée. Pour cette vie abîmée bien sûr mais aussi pour moi, pour ne pas avoir compris plus tôt qu’Emma n’aurait pas dû m’agacer autant, que j’aurais pu comprendre plus tôt et profiter de ce témoignage d’époque sans préjugé aucun. Oui, je l’avoue, j’ai jugé cette femme insatisfaite, inconsciente, inconstante. Elle a un mari qui l’aime, qui la vénère même, quoi de plus? Elle veut autre chose… Emma ne réussit pas à trouver le bonheur, du premier jour de son mariage jusqu’à la fin de celui-ci. Elle dévore les romans de Balzac et George Sand et désire une vie palpitante; elle rêve d’un amour romantique mais ne parvient pas à aimer. Son époux lui apparaît médiocre, ses amants sans envergure. Le romantisme selon Flaubert ne peut avoir une belle fin. Emma, mélancolique, n’a pas grand chance d’atteindre la félicité si ce n’est que par la foi et la religion. Flaubert a quand même la main lourde sur le clergé, sa vision est ironique à souhait avec le personnage impie de monsieur Homais. Celui-ci n’a pas de religion, sinon celle des Socrate, Franklin, Voltaire et Béranger! Personne n’est innocent dans ce roman. Que ce soit Charles l’époux, aveuglé par son amour, Rodolphe l’amant sanguin, qui déploie les passions d’Emma ou bien Léon, l’amant pleutre, qui abandonne. Chacun, à sa façon, prépare le drame et y contribue. Seule Berthe, martyre malgré elle, demeure pure dans cette maison. Emma voulait pourtant un garçon, pour qu’il soit libre, de vivre ses passions et de parcourir le monde. Une fille est continuellement empêchée, victime de ses faiblesses de chair et dépendante des lois. Les descriptions sont magnifiques. On fait des promenades à cheval, on valse; de Rouen à Yonville, on visite une province étroite et bigote. On va même au théâtre assister à Lucie de Lammermoor, l'opéra de Donizetti, quelle belle partie du roman. J’ai aimé toutes ces scènes de la vie, de l’apothicaire au médecin, du clerc au marchand. Emma Bovary est toujours mélancolique. Et la mélancolie ça empoisonne la vie! Fin… « … le chagrin s’engouffrait dans son âme avec des hurlements doux, comme fait le vent d’hiver dans les châteaux abandonnés. » Cette madame Bovary m’a vraiment fait vivre beaucoup d’émotions diversifiées. Elle m’a mis hors de moi plus souvent qu’autrement alors qu’elle prenait un malin plaisir à essayer de vivre. J’ai fini ma lecture chagrinée. Pour cette vie abîmée bien sûr mais aussi pour moi, pour ne pas avoir compris plus tôt qu’Emma n’aurait pas dû m’agacer autant, que j’aurais pu comprendre plus tôt et profiter de ce témoignage d’époque sans préjugé aucun. Oui, je l’avoue, j’ai jugé cette femme insatisfaite, inconsciente, inconstante. Elle a un mari qui l’aime, qui la vénère même, quoi de plus? Elle veut autre chose… Emma ne réussit pas à trouver le bonheur, du premier jour de son mariage jusqu’à la fin de celui-ci. Elle dévore les romans de Balzac et George Sand et désire une vie palpitante; elle rêve d’un amour romantique mais ne parvient pas à aimer. Son époux lui apparaît médiocre, ses amants sans envergure. Le romantisme selon Flaubert ne peut avoir une belle fin. Emma, mélancolique, n’a pas grand chance d’atteindre la félicité si ce n’est que par la foi et la religion. Flaubert...
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