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Ceci n'est pas qu'un tableau
Essai sur l'art, la domination, la magie et le sacré
Collection : SH / Laboratoire des sciences sociales
Date de parution : 15/01/2015
Éditeurs :
La Découverte

Ceci n'est pas qu'un tableau

Essai sur l'art, la domination, la magie et le sacré

Collection : SH / Laboratoire des sciences sociales
Date de parution : 15/01/2015
À partir d’une enquête sur la réapparition étrange, au début des années 1980, de plusieurs versions d’un célèbre tableau disparu de Nicolas Poussin, Bernard Lahire propose une ambitieuse réflexion théorique sur l’art et les métamorphoses du sacré dans les sociétés contemporaines.
 
En 1657, Nicolas Poussin peint une Fuite en Égypte au voyageur couché. La toile disparaît ensuite pendant plusieurs siècles. Dans les années 1980, plusieurs versions du tableau réapparaissent, de grands... En 1657, Nicolas Poussin peint une Fuite en Égypte au voyageur couché. La toile disparaît ensuite pendant plusieurs siècles. Dans les années 1980, plusieurs versions du tableau réapparaissent, de grands experts mondiaux s’opposent, des laboratoires d’analyse et des tribunaux s’en mêlent et nombreux sont ceux – galeristes, experts, directeurs de... En 1657, Nicolas Poussin peint une Fuite en Égypte au voyageur couché. La toile disparaît ensuite pendant plusieurs siècles. Dans les années 1980, plusieurs versions du tableau réapparaissent, de grands experts mondiaux s’opposent, des laboratoires d’analyse et des tribunaux s’en mêlent et nombreux sont ceux – galeristes, experts, directeurs de musée, conservateurs, etc. – à vouloir authentifier et s’approprier le chef-d’œuvre. L’une des versions sera finalement acquise pour 17 millions d’euros par le musée des Beaux-Arts de Lyon.
De quoi nous parle cette histoire aux allures d’intrigue policière ? Pourquoi une telle débauche d’énergie, de controverses et d’argent pendant autant d’années ? Qu’est-ce qui fait la valeur – économique, esthétique – d’une œuvre d’art ? Et d’où vient cette aura attachée aux créateurs et aux œuvres ?
Bernard Lahire montre que le sacré n’a jamais disparu de notre monde mais que nous ne savons pas le voir. La magie sociale est omniprésente dans le domaine de l’économie, de la politique, du droit, de la science ou de l’art autant que dans celui de la mythologie ou de la religion, car elle est l’effet d’enchantement produit par le pouvoir sur ceux qui en reconnaissent tacitement l’autorité. C’est cet enchantement qui transforme une sculpture d’animal en totem, un morceau de métal en monnaie, une eau banale en eau bénite ; et c’est cette même magie sociale qui fait passer un tableau du statut de simple copie à celui de chef-d’œuvre.
Puisant avec érudition dans les vastes domaines du savoir anthropologique, historique et sociologique, ce livre interroge, grâce à une série de régressions historiques, les socles de croyance sur lesquels nos institutions et nos perceptions reposent. Questionnant radicalement l’art et son ambition émancipatrice, il révèle les formes de domination qui se cachent derrière l’admiration des œuvres.
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EAN : 9782707185211
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 600
Format : 155 x 240 mm
EAN : 9782707185211
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 600
Format : 155 x 240 mm

Ils en parlent

Le 11 février 2008 fut accroché au Musée des beaux-arts de Lyon un tableau du peintre Nicolas Poussin intitulé La Fuite en Egypte (1657-1658). La toile représente Joseph, Marie et Jésus enfant guidés par un ange sur le chemin qui leur permettra d’échapper à la colère d’Hérode. Son déballage, sous les projecteurs, rappelait l’extraordinaire destin de ce tableau longtemps perdu qui refit surface dans le monde de l’art au milieu des années 1980. L’attribution du tableau à Poussin déclencha en effet d’intenses luttes d’influence, dont l’issue fut plus souvent tranchée par la justice et le marché que par la science ou le goût esthétique. Une « incroyable épopée scientifique et juridique », comme le rappelait alors le magazine Télérama ? Plutôt un intense et déroutant moment de « magie sociale », pour Bernard Lahire, qui observe, à distance, cette scène pour lui « aussi mystérieuse que les cérémonies rituelles de sociétés qui nous sont totalement étrangères ». Le sociologue, auteur de livres importants sur la lecture ou les pratiques culturelles, prend ici des airs d’anthropologue, intrigué par le culte voué à ce qui n’est après tout qu’un « objet-toile ». « Il faut de fortes croyances collectives en l’objet d’art, sacralisé, note Lahire, pour déclencher (…) autant d’effusions. » Son livre peut se lire de deux façons très différentes. La première – la plus facile – consiste à suivre la description minutieuse du chemin parcouru par cette toile. Ces toiles, devrait-on dire d'ailleurs, puisque ce sont en fait trois "versions" de La fuite en Egypte qui prétendirent, à partir des années 1980, au statut d'oeuvre autographe. [...] Ce livre peut aussi se lire comme un essai de sociologie de la domination. Car toute sa première partie est portée par un ambitieux projet scientifique: mesurer la puissance du sacré aujourd'hui.

 
Gilles Bastin / Le Monde des livres

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Dossier-de-l-Art 21/12/2015
    Gloire française de la peinture du XVIIe siècle, Nicolas Poussin acquit en 2007 une notoriété publique nouvelle lors de l’achat pour 17 millions d’euros de sa Fuite en Égypte par le musée de Lyon. Les débats sur l’authenticité de la toile, qui durèrent près de 20 ans, le battage médiatique qui permit de réunir la somme, le procès qui précéda l’acquisition : tous les ingrédients étaient réunis pour écrire un livre à sensation, couronné par une happy end. C’est pourtant une tout autre histoire que propose Bernard Lahire en exposant ces péripéties parfois rocambolesques. Le sociologue analyse en effet les us et coutumes des historiens de l’art, des juristes, des marchands, des vendeurs, interrogeant à la fois la valeur accordée à l’art dans la société contemporaine et les rapports de domination exercés à travers lui. Il révèle de cette manière les jalons d’une « consécration » qui n’a souvent rien de désintéressée. Les rivalités professionnelles, les affrontements pour la possession physique des oeuvres ou pour leur possession intellectuelle par l’attribution, sont décryptés sans aucune complaisance. Mais de manière plus large, l’ouvrage souligne les paradoxes de l’histoire de l’art. La discipline ne peut en effet se nourrir seulement de théories, d’idées philosophiques et esthétiques ; elle ne peut travailler uniquement à partir de textes ou même de concepts. Car elle dépend étroitement d’objets matériels qu’elle doit identifier, dater, et parfois attribuer. Sans ce travail préliminaire, elle perd en quelque sorte son existence même : comment parler du peintre Poussin si le déroulement de sa carrière reste imprécis ? Lorsque les sources d’archives sont inexistantes ou lorsqu’une oeuvre disparue depuis des siècles, comme la Fuite en Égypte, réapparaît brutalement en trois, voire en quatre versions, en collection privée, en salle des ventes et dans les réserves ignorées d’un obscur musée, comment reconnaître l’exemplaire original ? B. Lahire met ainsi au jour toute une chaîne de rites et de cérémonials étranges, qui permettent la légitimation sociale d’un objet artistique. Le livre est décapant, car il dévoile au fil des pages le regard « magique » que nous portons sur les oeuvres en général, la manière dont une société les « fabrique » et établit des croyances proches de convictions religieuses. Le cas Poussin pourrait d’ailleurs être facilement transposé à la situation de l’art contemporain, dont la valeur pécuniaire peut sembler tout aussi irrationnelle, ou même à celle de la Joconde, traquée quotidiennement par des milliers d’objectifs photographiques et jamais vraiment regardée pour ce qu’elle est : un portrait de la Renaissance parmi d’autres. Mais il faut aussi souligner que ce sont là des cas extrêmes, qui ne préjugent pas du quotidien laborieux de l’histoire de l’art : sans se soucier des aléas capricieux du marché de l’art, inventorier, étudier, sauver même de pauvres objets, dont la société entière se désintéresse souvent avec une bonne conscience parfaite. Par Christine Gouzi, critique parue dans L'Objet d'Art 513, juin 2015Gloire française de la peinture du XVIIe siècle, Nicolas Poussin acquit en 2007 une notoriété publique nouvelle lors de l’achat pour 17 millions d’euros de sa Fuite en Égypte par le musée de Lyon. Les débats sur l’authenticité de la toile, qui durèrent près de 20 ans, le battage médiatique qui permit de réunir la somme, le procès qui précéda l’acquisition : tous les ingrédients étaient réunis pour écrire un livre à sensation, couronné par une happy end. C’est pourtant une tout autre histoire que propose Bernard Lahire en exposant ces péripéties parfois rocambolesques. Le sociologue analyse en effet les us et coutumes des historiens de l’art, des juristes, des marchands, des vendeurs, interrogeant à la fois la valeur accordée à l’art dans la société contemporaine et les rapports de domination exercés à travers lui. Il révèle de cette manière les jalons d’une « consécration » qui n’a souvent rien de désintéressée. Les rivalités professionnelles, les affrontements pour la possession physique des oeuvres ou pour leur possession intellectuelle par l’attribution, sont décryptés sans aucune complaisance. Mais de manière plus large, l’ouvrage souligne les paradoxes de l’histoire de l’art. La discipline ne peut en effet se nourrir seulement de théories, d’idées...
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