« En 1979, en pleine ère punk, Hebdige écrit Sous-culture, le sens du style, un ouvrage essentiel, enfin traduit, qui se proposait de décrypter les cultures juvéniles britanniques (punk, teddy boy, skin, mod...) de l'après-guerre et de les envisager comme des systèmes de communication à part entière. Ce texte fondateur, au même titre que les travaux de Stuart Hall sur les "cultural studies", a changé la façon d'appréhender les cultures jeunes, souvent rejetées et jugées indignes, révoltantes ou stupides par le monde des "adultes" (souvenons-nous, l'an passé, de la réception de la tecktonik). [...] Mais si son livre est si passionnant, c'est qu'il poursuit l'hypothèse suivante: selon lui, l'histoire des jeunes sous-cultures britanniques peut se lire, dès les années 50, comme une série de réponses différenciées à la présence des immigrants noirs dans le pays. [...] Autre apport essentiel du livre d'Hebdige: l'inscription et la mise en lumière de la sous-culture dans une temporalité, dans un cycle de résistance et d'assimilation. »
LES INROCKUPTIBLES
« Imprégné de l'ambiance crépusculaire de l'Angleterre préthatchérienne, Sous-culture en restitue la morosité morale et économique par le prisme des modes musicales, un point de vue très particulier qui rappelle les descriptions qu'en faisait Jonathan Coe dans Bienvenue au Club: c'était un temps où, en matière de rock, les querelles esthétiques étaient des affaires sérieuses. Hebdige montre notamment comment le style skinhead, le reggae, mais aussi le glamrock peuvent être interprétés comme autant de réponses d'une jeunesse prolétaire confrontée à la dégradation de sa situation économique et sociale. »
LIBÉRATION
« Hebdige s'intéresse aux phénomènes mimétiques. Il retrace les origines antillaises du reggae, d'une part, les métamorphoses de la conscience ouvrière britannique, d'autre part, afin de souligner emprunts et convergences: argot, rythmes, pas de danse, répertoire vestimentaire, drogues consommées... Ainsi, tandis que certains groupes punk arborent les couleurs éthiopiennes, d'autres glissent dans leurs chansons des thèmes issus en droite ligne du phrasé jamaïcain. De même la fameuse crête punk peut-elle s'interpréter comme une "approximation métaphorique" des nattes rastas. Au coeur de ces chassés-croisés, Dick Hebdige repère "ce va et vient dialectique du Blanc au Noir et du Noir au Blanc", qu'on retrouve également, bien sûr, dans l'histoire du jazz ou du rock. [...] Il cite Gramsci, Stuart Hall et Julia Kristeva, convoque T. S. Eliot, Genet et Barthes, et s'inscrit explicitement dans une tradition postcoloniale où les termes-cléfs sont "dominants" et "dominés". [...] Cette fois encore, la formation d'une conscience commune était passée par l'exaspération d'une radicale altérité. »
LE MONDE DES LIVRES
« Ce livre pose les bases d'une compréhension complexe des phénomènes juvéniles sous l'oeil macro d'une perception de la culture populaire comme un lieu d'affrontement et de positionnement face aux codes dominants et de domination. »
BARRICATA
« Un sociologue anglais décrypte les cultures jeunes, via la force subversive des beatniks, Teddy Boys, mods, skinheads, etc. Quand les objets les plus triviaux, épingle de nourrice, boots pointus, tube de vaseline, moto se chargent de symbolique, avec l'idée de style comme forme de refus. Sujet déviant, le punk est au centre de l'analyse, reflet déformé de toutes les sous-cultures d'après-guerre. "Ses représentants mettaient en scène une parodie de l'aliénation et du vide existentiel de l'époque, dramatisant le déclin britannique avec un bruit qui faisait (non-)sens"... Bien entendu ! »
SUD OUEST DIMANCHE
«Revendiquant la nécessité de rendre la parole aux discours critiques, de créer un espace de résistance éditoriale, le label Zones édité par les éditions La Découverte propose des textes centrés sur les contre-cultures, la contestation et les mouvements alternatifs. C'est dans cette perspective qu'est enfin traduit cet ouvrage de Dick Hebdidge publié en anglais en 1979. Figure emblématique des "cultural studies", classique de la littérature sur ce thème et à ce titre déjà largement critiqué, cet ouvrage nous invite à (re)plonger au coeur de la jeunesse britannique d'après-guerre, à la compréhension de la construction de la construction d'identités et de styles souvent qualifiés de "déviants" ou de "marginaux". »
RÉSEAUX