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Se ressaisir
Enquête autobiographique d'une transfuge de classe féministe
Collection : SH / L'envers des faits
Date de parution : 11/02/2021
Éditeurs :
La Découverte

Se ressaisir

Enquête autobiographique d'une transfuge de classe féministe

Collection : SH / L'envers des faits
Date de parution : 11/02/2021
Du genre autobiographique, on connaissait les récits sans enquête et les ego-histoires de « grands hommes » ; dans les sciences sociales, les enquêtes sur des proches tenus à distance... Du genre autobiographique, on connaissait les récits sans enquête et les ego-histoires de « grands hommes » ; dans les sciences sociales, les enquêtes sur des proches tenus à distance par l’effacement de soi. Renouant avec l’ambition d’une sociologie sensible et réflexive, Rose-Marie Lagrave propose un nouveau type de socioanalyse... Du genre autobiographique, on connaissait les récits sans enquête et les ego-histoires de « grands hommes » ; dans les sciences sociales, les enquêtes sur des proches tenus à distance par l’effacement de soi. Renouant avec l’ambition d’une sociologie sensible et réflexive, Rose-Marie Lagrave propose un nouveau type de socioanalyse : l’enquête autobiographique.
Ressaisissant son parcours en sociologue et en féministe, elle remet en cause les récits dominants sur la méritocratie, les stéréotypes associés aux transfuges de classe, le mythe d’un « ascenseur social » décollant par la grâce de talents ou de dons exceptionnels. Cet ouvrage retrace une migration sociale faite de multiples aléas et bifurcations, où domination de classe et domination de genre s’entremêlent : le parcours d’une fille de famille nombreuse, enracinée en milieu rural, que rien ne prédestinait à s’asseoir sur les bancs de la Sorbonne puis à devenir directrice d’études à l’EHESS, où elle croise notamment les chemins de Michelle Perrot, Françoise Héritier, Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron.
Mobilisant un vaste corpus théorique et littéraire, Rose-Marie Lagrave ouvre sa malle à archives et la boîte à souvenirs. De ses expériences de boursière à ses engagements au MLF et sa pratique du métier de sociologue, elle exhume et interroge les traces des rencontres qui l’ont construite. Parvenue à l’heure des bilans, cette passeuse de frontières et de savoirs questionne avec la même ténacité la vieillesse et la mort.
Contre les injonctions de « réussir » et de « rester soi », ce livre invite à imaginer de nouvelles formes d’émancipation par la socioanalyse : se ressaisir, c’est acquérir un pouvoir d’agir, commun aux transfuges de classe et aux féministes, permettant de critiquer les hiérarchies sociales et de les transgresser.
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EAN : 9782348045035
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 438
Format : 135 x 220 mm
EAN : 9782348045035
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 438
Format : 135 x 220 mm

Ils en parlent

La lecture de cet ouvrage est de celles qui provoquent des déplacements de perspectives sur ce qui fait les cheminements de nos vies et les conditions de possibilité de s’écarter des sentiers tout tracés. […] l’ouvrage de Rose-Marie Lagrave offre un contre-discours à l’échelle d’une vie pour déjouer l’illusion méritocratique libérale et républicaine. Convaincue que le personnel est toujours politique, son introspection sociologique n’est nullement une fin en soi mais un outil de lucidité et de vigilance qui appelle au ressaisissement de nous-mêmes contre les fausses évidences des verdicts sociaux et une histoire longue des inégalités trop vite oubliée.
Clyde Marlo Plumauzille / Libération

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Jumo004 20/08/2022
    Retracer sa vie avec les outils et la rigueur du sociologue, voilà ce que propose l'autrice dans cet essai. Il y ait souvent fait référence à Annie Ernaux (comment faire autrement... ) mais le style est beaucoup plus académique, rien de romancé dans cette oeuvre qui s'adresse à des universitaires ou des amateurs avertis. Les deux grands thèmes abordés sont les transfuges de classes et le féminisme. La vie de Rose-Marie Lagrave est étudiée et décortiquée avec méthode, par exemple elle va fouiller les archives du rectorat pour retracer le parcours de ses instituteurs. D'une école de village de l'après guerre, jusqu'à la direction de thèses de nos jours, cet essai regorge de références et de clés pour mieux comprendre ce qu'implique la migration sociale mais aussi l'état de l'art dans la recherche dans les domaines de la sociologie et du féminisme. Je le recommande chaudement pour ceux et celles que ces thèmes passionnent et qui ont un peu de temps et de courage à consacrer à ces 400 pages.
  • itzamna 19/12/2021
    Dans cette enquête autobiographique qui met en œuvre les outils de la recherche en sciences sociales, Rose-Marie Lagrave revient sur son parcours entre la campagne normande de l'immédiat après seconde guerre mondiale et l'EHESS, institution parisienne des sciences sociales, qui réunit les sommités sur ces champs d'étude. Elle met en lumière les leviers sur lesquels elle s'est appuyée pour grimper les échelons, devenir directrice d'études et ainsi transfuge de classe... avec toutes les ambiguïtés et sentiments de malaise que cette situation peut engendrer. L'ambition sociale de ses parents, le fait qu'ils aient un temps côtoyé les classes supérieures, comme gouvernante pour la mère et au séminaire pour le père, le cadre rigoureux du catholicisme dans lequel la famille de onze enfants a évolué, la culture du travail, le goût de l'effort et la culture littéraire transmis par un père austère... tout ce cadre a offert à Rose-Marie Lagrave et à l'ensemble de sa fratrie un environnement propice aux apprentissages scolaires. Car c'est ce qui fait la particularité de cette famille, ce qui a permis à chaque enfant de bénéficié de l'ascenseur social et d'avoir un parcours professionnel qualifié. Et cette dynamique collective est assez rare pour mériter un ouvrage. Imaginez, au sortir de la seconde guerre mondiale, une famille rurale et très précaire, une famille assistée par l'Etat, composée presque uniquement de filles, et qui chacune deviendront autonome, indépendante et dépassant sa condition... enseignante, infirmière, aide-soignante, bibliothécaire, directrice d'école d'anglais, éducatrice, secrétaire de direction... et directrice d'études à l'EHESS. Un transfuge par famille c'est déjà exceptionnel, mais plusieurs... On perçoit bien dans ce livre combien la dynamique de la fratrie, ou plus particulièrement la sororité, a pu porter toutes ces filles dans leur parcours scolaire, par l'accès aux études supérieures à Paris particulièrement. J'ai beaucoup aimé cette première partie du récit, qui voit toutes ces filles quitter la misère familiale pour voler de leurs propres ailes, les plus grandes venant en soutien des plus jeunes, qui bénéficient pleinement à la fois de l'ascenseur social et de la main tendue. Rose-Marie Lagrave nous présente ensuite son parcours à l'université, son énergie pour porter des sujets de recherche d'actualité, même s'ils bousculent la hiérarchie établie par tous ces hommes bien installés. Parce qu'en plus de devoir faire sa place et trouver sa légitimité dans un milieu d'intellectuels, d'héritiers, qu'elle découvre, Rose-Marie Lagrave doit aussi s'affirmer comme femme dans un monde d'hommes. L'auteure décrit avec beaucoup de justesse ces incessants aller-retours entre un milieu d'origine et celui dans lequel elle vit désormais. Ce cheminement passe par beaucoup de frustration et de malaises, dans toutes ces circonstances où l'on ressent ne pas appartenir au même monde. A la lecture de ces lignes, il me revient que je me suis souvent posé la question de savoir si ce que Rose-Marie Lagrave interprétait comme une discrimination entre classes sociales n'était pas aussi, et surtout en fait, un mépris pour les femmes. Moi je l'ai plutôt ressenti comme une discrimination sexuelle car je pense que c'est ce que vivent les femmes aujourd'hui encore, et ce quel que soit leur milieu social. Son statut de transfuge n'a certainement fait qu'accentuer ce ressenti. Outre le récit biographie de l'auteure, j'ai également beaucoup aimé l'analyse sociologique qu'elle en tire, s'appuyant sur des références académiques rigoureuses. L'école par exemple, la notion de mérite et d'effort... prennent une place très importante dans ce récit, comme sans doute dans celui de nombreux transfuges, chez Didier Eribon ou Edouard Louis par exemple. Comme souvent avec ce type de récit, voici un témoignage édifiant qui devrait être lu par celles et ceux qui ne le liront pas et ne remettront jamais en question le monde tel qu'il va. Pour ma part, je vous invite à découvrir ce récit. Dans cette enquête autobiographique qui met en œuvre les outils de la recherche en sciences sociales, Rose-Marie Lagrave revient sur son parcours entre la campagne normande de l'immédiat après seconde guerre mondiale et l'EHESS, institution parisienne des sciences sociales, qui réunit les sommités sur ces champs d'étude. Elle met en lumière les leviers sur lesquels elle s'est appuyée pour grimper les échelons, devenir directrice d'études et ainsi transfuge de classe... avec toutes les ambiguïtés et sentiments de malaise que cette situation peut engendrer. L'ambition sociale de ses parents, le fait qu'ils aient un temps côtoyé les classes supérieures, comme gouvernante pour la mère et au séminaire pour le père, le cadre rigoureux du catholicisme dans lequel la famille de onze enfants a évolué, la culture du travail, le goût de l'effort et la culture littéraire transmis par un père austère... tout ce cadre a offert à Rose-Marie Lagrave et à l'ensemble de sa fratrie un environnement propice aux apprentissages scolaires. Car c'est ce qui fait la particularité de cette famille, ce qui a permis à chaque enfant de bénéficié de l'ascenseur social et d'avoir un parcours professionnel qualifié. Et cette dynamique collective est assez rare pour mériter un ouvrage. Imaginez, au...
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  • Lili0000 16/03/2021
    Dans cette autobiographie sociologique, Rose-Marie Lagrave retrace son parcours de transfuge féministe, de son enfance dans une famille nombreuse pauvre et catholique à sa retraite de directrice d’études à l’EHESS. Elle parle avec intelligence et simplicité de soumission de classe, de genre, de maternité et de vieillesse. Un très beau parcours et une réflexion enrichissante. A lire pour se ressaisir.
  • Flaubauski 14/03/2021
    Le titre parle de lui-même : désormais âgée de 76 ans, à la retraite, Rose-Marie Lagrave, sociologue et directrice d’études à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), raconte son existence selon plusieurs points de vue sociologiques, d’abord celui de transfuge de classe, finalement assez courant, de Pierre Bourdieu en passant par Didier Eribon ou Edouard Louis plus récemment, mais aussi, et ce qui est beaucoup moins commun, celui de transfuge de classe féministe – les femmes étant d’ailleurs bien moins nombreuses à avoir raconté leur expérience de transfuge, mais l’on peut tout de même citer Annie Ernaux -. Elle va ainsi, de son enfance jusqu’aux derniers temps d’avant publication, se raconter, et finalement raconter, comme le font bien souvent les sociologues, la société qui l’entoure en s’appuyant notamment sur son expérience, ici pour mieux déconstruire les stéréotypes existant sur les transfuges de classe, et plus généralement sur le concept de méritocratie devenu un peu trop prégnant dans notre société. Pour ce faire, elle va remonter dans les archives familiales disponibles, dans les souvenirs des membres de sa famille toujours en vie, dans ses propres souvenirs, dans ses connaissances diverses et variées également, pour faire de son autobiographie un véritable travail d’enquête et de recherches sociologiques. Issue d’une famille nombreuse, imprégnée de religion catholique, elle va, au même titre que la majorité de ses frères et sœurs, pouvoir se rendre au lycée, ce qui n’est pas donné à tous à l’époque, surtout pas lorsque l’on fait partie d’une famille sans le sou qui vit dans la Normandie rurale. La raison principale de cette réussite est l’accès aux bourses, qui va leur permettre de s’épanouir dans le milieu scolaire, et pour Rose-Marie de pouvoir étudier à la Sorbonne, jusqu’à ensuite, bien plus tard, en suivant un cheminement professionnel tortueux, devenir directrice d’études à l’EHESS. Selon ses analyses – que je schématise ici, difficile de résumer une enquête aussi riche -, qui essaiment la narration des évènements fondateurs de sa vie, c’est parce que l’Etat a finalement servi de levier à la majorité des enfants de la famille pour qu’ils puissent faire des études longues qu’ils ont réussi, plus qu’en rapport avec un quelconque mérite, ce qu’elle démontrera au fur et à mesure, dénonçant et démontant ainsi l’image que l’on se fait habituellement des transfuges de classe. De même, elle dénoncera les conditions faites aux femmes, notamment dans le milieu universitaire, mais aussi plus généralement dans la société française, qui font qu’elle s’est toujours sentie sous la coupe d’une domination de genre, qui ne fera qu’accentuer son sentiment d’imposture causé par le fait d’appartenir au départ à une classe sociale inattendue dans ce milieu. Autobiographie en somme, mais autobiographie critique, qui va plus loin qu’une simple introspection sur soi et sur son évolution, Se ressaisir est une passionnante enquête, à la lecture fluide et aisée, qui m’a fait découvrir avec beaucoup de plaisir la vie de Rose-Marie Lagrave, et plus encore l’acuité du regard qu’elle porte sur le monde qui l’entoure, encore actuellement. Le titre parle de lui-même : désormais âgée de 76 ans, à la retraite, Rose-Marie Lagrave, sociologue et directrice d’études à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), raconte son existence selon plusieurs points de vue sociologiques, d’abord celui de transfuge de classe, finalement assez courant, de Pierre Bourdieu en passant par Didier Eribon ou Edouard Louis plus récemment, mais aussi, et ce qui est beaucoup moins commun, celui de transfuge de classe féministe – les femmes étant d’ailleurs bien moins nombreuses à avoir raconté leur expérience de transfuge, mais l’on peut tout de même citer Annie Ernaux -. Elle va ainsi, de son enfance jusqu’aux derniers temps d’avant publication, se raconter, et finalement raconter, comme le font bien souvent les sociologues, la société qui l’entoure en s’appuyant notamment sur son expérience, ici pour mieux déconstruire les stéréotypes existant sur les transfuges de classe, et plus généralement sur le concept de méritocratie devenu un peu trop prégnant dans notre société. Pour ce faire, elle va remonter dans les archives familiales disponibles, dans les souvenirs des membres de sa famille toujours en vie, dans ses propres souvenirs, dans ses connaissances diverses et variées également, pour faire de son autobiographie un...
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